Chapitre 33 : Le combat

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Lorsque je revins à moi, j'étais attachée au mat du navire de Revenger. Le pont était désormais vide et je me retrouvais seule, la tête horriblement étourdie. Encore légèrement inconsciente, je ne fis pas toute suite attention à la silhouette qui percée la brume devant moi. Mais reconnaissant le navire de James, je repris brusquement tous mes esprits et hurlai à plein poumons.

—Allez-vous en ! Repartez vite ! James !

Cela ne servit à rire, juste à m'affaiblir encore plus. Et tout à coup, ayant crié trop fort, je me mis à vomir sur le plancher du navire. La boisson que j'avais absorbée voulait apparemment sortir de mon organisme de façon intempestive.

—Quel spectacle merveilleux tu donnes à ton cher James ! Il doit sûrement enrager en te voyant avec sa longue-vue, s'exclama Revenger depuis l'entrée de sa cabine, sans doute alerté par mes hurlements.

Je le regardai avec rage, ce qui accentua son euphorie. Alors que le navire arrivait bientôt à notre hauteur, il vint me détacher, coupant court à mon espoir de voir James le faire, et m'emmena avec lui vers le gouvernail.

—Que le spectacle commence ! déclara-t-il en sifflant entre ses doigts.

Aussitôt, ces hommes rejoignirent le pont supérieur, sans les esclaves, sans doute pas assez exercer pour le combat. Je voulus leur hurler de nouveau de partir mais Revenger me tenait trop fermement contre lui, presque à m'en étouffer.

Impuissante, je vis mes amis attaquer la frégate en poussant de grands cris de guerre. Revenger les contemplait, satisfait, et ricanait en me forçant à regarder. Je les vis sauter à l'aide de cordages sur le navire. Les monstres armés de simples poignards ne leur laissèrent aucune chance. A peine arrivés à bord, ils furent attaqués par ces brutes sanguinaires qui leur tranchèrent la gorge. D'un seul coup de poignard, d'un seul geste, net et impitoyable, le sang jaillit de mes amis. Les uns après les autres, je les vis tomber, le regard éteint. Je vis leurs yeux pleins d'espoir me sourirent une dernière fois, en criant justice. Tous ces hommes que j'avais appris à connaître, à aimer et à comprendre n'étaient plus. Je commençais à étouffer, ma rage et mon désespoir se mêlaient sans pouvoir exploser. Alors, retentit un puissant cri de rage et de fureur dans les airs, tel un coup de tonnerre. Et je le vis.

Le regard enflammé et la bouche tordue par le désespoir, James bondit sur le vaisseau. Il se jeta sur les meurtriers avec une telle férocité que j'eus du mal à le reconnaître. Mais son acte ranima l'espoir des derniers compagnons qui poussèrent de nouveaux cris de guerre en s'élançant aux côtés de James.

—Tu vois, finalement, il n'est pas si différent de moi, ricana Revenger.

Je n'en fus pas si sûre que lui. Je connaissais mieux James que lui. Il ne pouvait plus me troubler par ses propos, au contraire, cela ravivait ma confiance en lui, puisque je savais que le monstre mentait.

Alors, je plongeai dans ma rage pour y déceler assez d'énergie, et jetai ma tête en arrière dans un geste sec. Mon crâne frappa Revenger qui, surpris, me lâcha pour se plaquer les mains sur son nez. Je ne perdis pas un seul instant et courus vers l'escalier où je trouvais James. Le visage tendu, il me défit les liens qui retenaient mes mains derrière le dos et me prit quelques instants dans ses bras.

—N'y vas pas James..., le suppliai-je. Sauvons-nous avant que tous nos amis périssent.

—Je ne partirai pas Rosélia ! Ecoute, des hommes sont morts, nos amis sont morts. Mais ils ne sont pas morts en vain. Regarde-les se battre. Ils ne vivent plus que pour la justice.

Je secouai la tête, voulant le retenir.

—Fais-moi confiance, il ne m'aura pas.

Sur ce, il m'embrassa brièvement le front et franchit les dernières marches qui le séparaient de Revenger.

Le Temps d'un Souhait - Première PartieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant