Chapitre 25 : Négociations

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Personne n'avait entendu la porte s'ouvrir et nul ne savait depuis combien de temps James nous épiait.

Il se tenait contre l'encadrement de la porte, bras croisés sur son torse. Cet air sérieux qu'il arborait jurait étrangement avec l'étrange lueur qui brillait dans ses yeux.

—James, parvins-je à dire encore surprise.

Il me prit de court en m'interrompant :

—Je sais...Je suis censé me reposer mais, que voulez-vous, ma curiosité a pris les devants, dit-il en s'avançant vers moi d'un air taquin.

Je n'eus pas de mal à comprendre qu'il faisait allusion à ma propre curiosité, aussi ne sus-je quoi répliquer et ne fis-je que bredouiller des mots inintelligibles.

Ben, qui semblait plus nerveux encore qu'auparavant (ce qui était très inquiétant car je craignais qu'il ne fît une crise cardiaque à tout instant), s'avança vers James, l'air nerveux :

—Capitaine...Je sais que nous ne devions pas révéler certaines choses à Rosélia...Mais il fallait qu'elle comprenne qu'il nous est impossible de nous rendre en Nouvelle-France...

—Ben..., le coupa James en le prenant par les épaules, ne t'inquiète pas, vous avez tous bien fait de tout raconter à Rosélia. Elle fait partie de notre équipage à présent et je suis certain qu'elle nous pardonnera nos erreurs...

Il m'interrogea du regard. Un regard si empli d'espoir et de quelque chose d'autre, que je ne parvenais pas à déchiffrer, mais que mon cœur semblait bien comprendre. Mais je détournai le regard pour rester concentrer sur la situation et, avec une voix que j'espérais confiante, je répondis à tous :

—Vous pouvez tout me dire. Je ne vous jugerai pas, je vous le promets. Si j'ai pu vous laisser croire le contraire, sachez qu'à aucun moment cela n'a été le cas. Je ne supporterai pas que vous puissiez penser cela de moi...

Je jetai un regard furtif vers James en poursuivant :

—Je tiens trop à vous pour cela... Et puis, hésitai-je en mettant la main de la poche de ma redingote, je pense avoir une solution pour nous éviter de voler quoique ce soit et de nous rendre à Québec sans que James ne soit en danger.

Ma proposition avait eu au moins le mérite d'attirer toute l'attention sur moi. Seulement, si la plupart des regards se firent curieux, voire soulagés, celui de Ben ne perdit en rien son inquiétude et celui de James semblait vouloir m'empêcher d'aller au bout de ma pensée. Je lui souris avec désinvolture et relevai la tête pour le défier :

—Alors voilà. Il se trouve que j'ai en ma possession un coffret, comme vous le savez sans doute déjà. Ce coffret contient un trésor, qui je suis certaine pourra nous être très utile...

—Non Rosélia. Je refuse que vous sacrifiiez votre trésor pour nous, trancha James sur un ton qui ne permettait aucune riposte.

Cependant, en tant que tête de mule de première classe, je lui répliquai sur le même ton :

—Eh bien, comme vous l'avez dit, c'est mon trésor, et je l'utilise comme bon me semble.

—Très bien, s'irrita-t-il. Mais personne n'acceptera vos émeraudes ou vos diamants, de peur que ce ne soit des pierres volées, ou même de fausses pierres.

—Vraiment ? En êtes-vous certain, capitaine ? Personne, à Québec (j'insistai sur le nom) ne voudra marchander ces petits cailloux contre de la monnaie et des marchandises ? badinai-je d'un air sournois.

James blêmit et s'empressa de me ramener à la raison :

—Il est hors de question de marchander avec eux !

Le Temps d'un Souhait - Première PartieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant