Chapitre 4

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C'était génant.


Le trajet avec le père d'Ophélie était gênant, il conduisait calmement malgré les regards récurrents et répétitifs qu'il lui lançait. Des questions restaient en suspens dans l'air, aucune n'étant prononcée, aucune ne recevant de réponse. Jeonghan finit par rester seul pendant tout le trajet, il observa le paysage qui défilait et apprécia la campagne inhabitée dans laquelle la jeune fille semblait vivre.

Durant les vingt premières minutes du trajet, un paysage très plat rempli de vignobles était ce qu'il pouvait voir. Jeonghan n'était pas préparé pour la demi-heure qui a suivi, non pas que l'endroit était moche, juste nauséeuse. La zone dans laquelle ils étaient entrés était montagneuse et la route suivait les courbes des vallées. Des terres sèches rocailleuses avec quelques parties escarpées et voraces étaient cachées derrière le ciel qui s'assombrissait, colorées de couleurs chaudes et vives. Jeonghan garda son regard sur la route, espérant que cela aiderait son estomac tout chamboulé.


La nuit fut calme, pas d'animaux sauvages ne croisant rapidement le goudron, mais ce n'était pas la fin d'après-midi pour Jeonghan, sa tête n'avait pas changé de pays aussi vite qu'il le souhaitait, il somnolait encore n'ayant dormi que trois heures maximum la veille, ou la nuit qui arrivait, la Corée étant de l'autre côté de la planète. Il laissa tomber sa tête contre la fenêtre. Personne ne dit un mot pendant le trajet d'une heure.

Jeonghan se posait des questions sur la vie de la fille dont il possédait actuellement le corps. Qui était-elle? Ce fut la première à laquelle il pensa. Et bien, il ne connaissait pas la réponse à cette question. Quel était son style de vie ? Une autre, et toujours pas de réponse. Il soupira. Tout ce qu'il savait c'était qu'elle était lycéenne avec des amies très inquiètes. Laissant tomber ses paupières, il souhaita que tout cela n'ait été qu'un mauvais rêve.


Mais ce n'était pas le cas car, peu de temps après s'être endormi, il fut réveillé par une main secouant doucement son épaule.

"We 'ave arrived." L'homme dit, son accent français clair et les mots marmonnés dans sa barbe. Jeonghan se leva, toujours pas habitué au corps de la fille, et prit son sac entre ses jambes sur le sol avant de le balancer sur son dos en sortant de la voiture. ("Nous sommes arrivés.")


Le ciel était sombre et un doux crépitement de pluie tombait du ciel noir sans fin. Autour de lui, Jeonghan distinguait des buissons de plantes sèches et quelques autres véhicules, trop sombres pour qu'il ne puisse les identifier. L'homme, le père d'Ophélie, avait sorti son téléphone de sa poche et allumé la torche, éclairant un chemin sur le sol sale et mal pavé menant à un escalier extérieur. Ce n'était pas comme si Jeonghan n'aimait pas l'obscurité, mais il n'aimait pas cet endroit qu'il ne connaissait pas, il n'avait rien pour le guider.

Pour accéder à la maison de la jeune fille, Jeonghan a dû monter les escaliers à l'extérieur, dont la moitié se trouvait dans un buisson, traverser la terrasse et la porte principale était là. Le vieil homme ouvrit la porte vitrée et entra.

Jeonghan resta un moment debout devant la porte d'entrée, contemplant la situation. Il poussa

un soupir, la légère chaleur le transformant en brume à cause du froid, et se rapprocha de la porte, l'intérieur pouvait être vu à travers. Il avait l'impression de s'immiscer dans la famille. Il ne faisait pas partie de cette famille, il fut introduit à l'intérieur du corps d'un des membres. Il repensa à sa famille, il se sentait comme un intrus. La seule chose qu'il pouvait souhaiter pour lui-même, et pour la fille dont il occupait le corps, était que leurs familles acceptent ce phénomène.

La Raison? - Yoon Jeonghan  [✔]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant