Chapitre 51

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Jeonghan ne savait pas vraiment quoi penser du baiser. Ophélie s'était lancée comme sa famille le faisait pour une bise sur la joue. Mais ensuite elle l'embrassa sur la bouche, devint aussitôt rouge et alla se coucher. Il était confus, pourtant il ne s'en inquiétait pas tant que ça. Ophélie était une adulte, elle s'excuserait, s'expliquerait ou quoique ce soit quand elle le voudrait. De son côté, ça ne le dérangeait pas, mais il savait que les bisous de bouches lui étaient plus intimes.

Alors cette nuit-là, Jeonghan se brossa les dents et s'endormit sur le canapé du salon. Seungkwan le regarda du coin de l'œil mais ne remit pas en question sa position, il partit simplement avec Soonyoung jusqu'à leurs chambres. Vernon était pareil lorsqu'il alla boire de l'eau plus tard ce matin-là. Mais Jeonghan laissa l'espace nécessaire à Ophélie pour qu'elle repense à son action. Il dormit donc une nuit sur le canapé.

Et le lendemain. Ils n'en parlèrent pas. Ils ont simplement ignoré ce qu'elle avait fait. Eh bien, Jeonghan attendit qu'elle en parle et Ophélie choisit de ne pas commenter ses actions. Honte? Regret? Fatigue? Insécurité ? Plus elle y réfléchissait, moins elle avait d'avis. Sauf à ne pas en parler. Il allait être soigneusement conservé dans la boîte des choses tacites, ignoré et jamais évoqué.


Ils n'en parlèrent pas. Ophélie ne prononça pas un mot et Jeonghan ne posa pas de questions. Un jour, samedi. Deux jours, dimanche. Lundi 21, rien. Ils ne parlèrent pas beaucoup non plus, sauf pour l'organisation des entraînements des garçons, des interviews, des préparatifs et tout ce bordel. Rien la concernant.

Jeonghan observa l'adolescente alors qu'elle se déplaçait dans les lieux, alors qu'elle travaillait plus assidûment maintenant qu'elle n'avait plus d'école à craindre. Elle discutait avec ses amis, discutait avec certains membres, discutait avec sa famille, et leur manager aimait beaucoup les histoires sur la France qu'elle partageait. Mais entre eux, Jeonghan savait qu'il y avait quelque chose. Et Ophélie aussi. Elle s'assura de ne pas toucher à cette tension, de ne pas la ressentir, de la regarder, de la reconnaître. C'était gênant. Pas comme lors de leur première rencontre. Mais parler n'était pas facile. Pas aussi facile qu'avant.


Quatrième jour, mardi. Le vingt-deux février. Deux mille dix-neuf. Et Ophélie avait dix-neuf ans. Vingt et un ans en âge coréen. Juste pour ajouter à la confusion.

Jeonghan la regarda parler avec Wonwoo dans la cuisine, préparant du curry, qui était la première chose qu'elle avait jamais cuisinée pour les garçons. On aurait dit qu'elle ne comprenait pas pourquoi tout le monde allait manger dans leur appartement ces jours-ci. C'était souvent aléatoire, qui venait et à quelle heure. Mais elle cuisinait toujours avec enthousiasme, accompagnée de ses deux camarades de cuisine. Wonwoo et Mingyu coupaient les choses pour elle, remuaient les autres, nettoyaient les choses et mettaient la table. Jeonghan l'observa depuis le salon pendant qu'elle faisait ce qu'elle avait fait ces derniers jours. Ignoré sa présence.

Ça faisait mal. Parce qu'il ne savait pas ce qu'elle ressentait.

Pour cette année qui venait de passer (et un peu plus), il avait su ce qu'elle ressentait, comment elle réagirait aux choses, c'était toujours prévu, il le savait simplement. Maintenant, cette connexion était fébrile. Elle n'était qu'une autre employée de l'entreprise, vivant simplement avec eux et qui entretenait une grande amitié avec de nombreux garçons. Et il était un outsider.

Jeonghan soupira.


Peut-être qu'il aurait dû avoir plus de courage et lui demander. Aujourd'hui ne devrait pas être le jour, c'était son anniversaire. C'était son jour, un jour de repos et de bonheur.

La Raison? - Yoon Jeonghan  [✔]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant