La Raison? - Yoon Jeonghan [✔]

Chapitre 30

« Comment tu tiens?" Ophélie interrogea le garçon allongé dans le lit voisin, allongé sur le dos et levant les yeux vers le plafond sombre. Elle entendit les mouvements de l'homme alors qu'il s'installait confortablement dans son propre lit.

« Tiens face à quoi ? »

« Tout ça. » dit Ophélie en tournant la tête vers l'homme s'endormant. « Tu prends soin de moi, car je ne connais ni le pays ni ses habitudes, mais tu prends également soin de tes membres et écoute leurs inquiétudes. Tu dois aussi avoir des soucis, des pensées qui te rongent la tête. Non? » Il resta silencieux pendant un moment entre les deux. Ophélie savait que soit Jeonghan se tairait ou lui dirait d'aller dormir, soit il prenait son temps pour savoir quoi lui dire. Elle espérait que c'était la deuxième solution et qu'il allait s'ouvrir à elle comme elle s'était ouverte à lui.

« Il y a beaucoup de choses qui m'inquiètent. » Il prit finalement la parole. Se faufilant plus au fond du lit pour qu'il soit plus au chaud et que seule sa tête dépasse de la couette. « Concernant les garçons, concernant toi concernant moi. »

« Il faudra les sortir à un moment donné. »

« Je sais » Il répondit doucement. « Mais c'est difficile de trouver les mots. Que tu pourrais comprendre aussi. »

La pièce était sombre, donc même si elle voulait regarder Jeonghan, elle ne verrait rien. Les rideaux étaient tirés et presque aucune lumière ne les traversait. Mais elle se tourna vers lui même si sa vision était remplie d'obscurité. « Je veux vraiment que cette situation se termine. » Il conclut avec. « Non pas parce que je ne t'aime pas, j'apprécie en fait bien ta compagnie, mais parce qu'il n'est pas facile de vivre sa vie quand on peut se retrouver soudainement ailleurs parce que toi, ou moi, étions stressés. Les garçons ne sont plus à l'aise à l'idée de me parler parce qu'ils savent que cela signifie probablement aussi te parler en même temps. Soit avec toi à proximité pour ne pas échanger avec toi, soit avec toi juste en échange avec moi. En ce moment, la plupart de leurs soucis te concernent. Ils ne veulent pas que tu sois triste, tu sais. » Il se tourna pour faire face à Ophélie dans son propre lit, sa voix étant beaucoup plus facile à entendre maintenant. « Ils craignent que pendant que je vais mieux, tu sombres plus bas à cause de tout ce qui s'est accumulé sur toi. Donc je veux que ça finisse. Ou du moins, nous pourrions être plus indépendants et passer plus de temps loin les uns des autres. Je dis cela sans ressentiment. »

« Ne t'en fais pas, je comprends. »

« Parce que tu dois bientôt aller à l'école aussi, » Il leva la tête de son oreiller pendant une seconde, « Attends, l'année scolaire a déjà commencé. Je suis désolé... » C'était une autre préoccupation qui venait de s'ajouter à sa liste croissante, comment Ophélie s'intégrerait-elle au reste des étudiants en tant qu'étrangère et personne suivant deux programmes en même temps. Elle n'aurait pas le même temps libre que ses pairs, ce qui pourrait nuire aux amitiés probables. Cela pourrait même déclencher du harcèlement.

« Ne t'inquiète pas pour ça, je vais me débrouiller. »

« Mais tu n'as que dix-sept ans, ce n'est pas facile à gérer. »

« Dix-huit maintenant. »

Jeonghan s'assit dans son lit, choqué par les paroles de la jeune fille. « Tu as dix-huit ans ? C'était quand ton anniversaire? »

« En février. » Jeonghan haleta, il se sentit soudainement si mal de ne pas avoir au moins célébré son dix-huitième anniversaire, c'était un gros événement dans son pays d'origine, tellement de choses qu'elle pouvait faire maintenant. Idem en Corée lorsqu'un jeune atteint l'âge de vingt ans (en âge coréen). « Le deux, vous avez eu un concert ce jour-là. Je n'allais pas vous ennuyer avec ça. Ce n'était pas une journée triste ou solitaire. » Dit-elle avec un petit sourire, essayant d'apaiser l'homme plus âgé, qui, elle le savait, se sentait mal, puisqu'il lui avait offert un cadeau le jour de Noël. « Je ne voulais pas que tu t'inquiètes à ce sujet lors d'un jour aussi important, il se passait tellement de choses à ce moment-là. »