Chapitre 6

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L'ombre d'elle-même, c'est ce que pensera Joanna en rentrant dans la pièce et en me voyant assise sur le lit, les genoux repliés contre ma poitrine et les yeux dans le vide comme si le néant saccageait mes émotions positives. Une partie de mon cœur est à Accalmie auprès de mon frère, contraint de faire la cour à la jeune femme qui deviendra sa femme si Borros Baratheon en décide ainsi. L'autre partie de mon cœur est à Peyredragon, auprès de ma famille.

Je maudis la nuit affreuse que je viens de passer, je me suis retourné encore et encore dans les draps comme si aucune position ne pouvait être confortable.

Ils sont pourtant si agréables ces draps.

Que les Dieux m'en punissent, j'ai été irrévocablement incapable de passer une nuit loin d'Aeron. Lorsque les couloirs du château furent dépourvus de présences humaines et que les fantômes du passé de la dynastie Targaryen étaient libres de se balader dedans, j'ai pleuré. J'ai pleuré une bonne partie de cette nuit catastrophique. C'est pitoyable, certes, mais c'est ainsi, soumise à ce lien inexplicable a toujours été une fatalité pour moi.

Un jour Viserys, lors de ces nombreuses balades qu'il m'offrait autrefois dans les jardins du château, m'a expliqué que le sang Targaryen était étroitement lié à la magie. Il m'a confié, dans l'intimité des oreilles curieuses, qu'il nous considérait, Aeron et moi, comme des dragons. Les dragons ont un lien fort avec la magie, leur présence l'amplifie. Viserys n'en démordait pas, Aeron et moi nous étions des dragons et la magie de notre sang constituait ce lien fort qui nous unissait inlassablement.
Personnellement je pense que nous étions une seule et même âme qui a été coupée en deux à notre conception, cela expliquait cette connexion psychique. Je sais quand il respire, je sais quand il est blessé et je sens lorsqu'il est loin.

— Bonjour princesse, s'exclame une voix grave.

Je tourne la tête lentement. Soit Joanna a mué durant notre voyage en bateau de la veille, soit Aegon a décidé de se déguiser en servante pour me tourmenter ou soit il s'agit d'une personne que je ne connais pas, du moins son visage ne m'ait pas familier.

— La nuit semble avoir été courte, souhaitez-vous voir un Mestre ?

— Qui êtes-vous ? Je demande en ignorant ces mots.

Cela la surprend, elle gratte son poignet nerveusement.

— Je suis votre servante princesse et...

— J'ai déjà une servante, je la coupe.

Elle détourne le regard, mal à l'aise.

𝐅𝐢𝐫𝐞 | 𝐴𝑒𝑚𝑜𝑛𝑑 𝑇𝑎𝑟𝑔𝑎𝑟𝑦𝑒𝑛 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant