Chapitre 37

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Si l'éternité s'est abattue brusquement sur mon sommeil, je n'en serais pas étonnée. J'ai comme le sentiment d'avoir dormi durant des années, telle une personne se réveillant d'un profond coma.
Le jour a pointé le bout de son nez, les oiseaux matinaux chantonnent fièrement tandis que le soleil s'infiltre par les embrasures de mes rideaux encore fermés. Durant un temps, je me sens sereine, rien ne vient perturber mon esprit qui ne s'est pas encore remémoré la dureté de la réalité. Soudain, comme un coup porté sur l'estomac, les images me reviennent en tête, peut-être trop brusquement puisque mon souffle se coupe. C'est le visage de cet abominable homme que je perçois en premier, je me rappelle ce sourire sinistre qu'il abordait en brandissant la tête de Jaehaerys comme on le ferait avec un trophée quelconque. Le cri profondément douloureux d'Helaena me frappe encore, je n'avais jamais entendu un tel cri de désespoir. Le cri d'une mère qui tient le corps de son fils contre elle alors que son sang se déverse sur sa robe.

Mes pensées se dirigent sur sa jumelle, Jaehaera, nulle ne peut mieux comprendre que moi la souffrance qu'elle éprouvera tout au long de sa vie. Brisée, elle ne sourira jamais plus comme elle souriait quand son frère avait encore sa tête, sa vie n'aura jamais plus la même saveur qu'autrefois, tout ça, parce qu'une missive a été donnée à Mysaria. Je n'ai pas écrit les directives, mais j'ai été la messagère, je suis complice et cela me hante déjà. Je ne suis pas mieux que ceux qui ont assassiné mon jumeau, je leur ressemble plus que je n'aurais jamais pu le croire.

Ma gorge est sèche au point où je ne suis pas certaine de pouvoir parler correctement. Je soupire en me redressant dans la quête de boire pour soulager ma gorge, mes yeux trouvent naturellement ceux de mon père qui me scrute dans un silence des plus complets. Il doit sans aucun doute chercher le meilleur châtiment à m'infliger pour ma désobéissance d'hier soir. Je n'ai pas l'intention de me laisser abattre, il est temps pour moi d'arrêter de subir la vie et de me battre pour en être la seule décisionnaire. Premièrement, je décide de le laisser se complaire dans l'idée qu'il va encore avoir le dessus, puis, quand il jettera sa première carte, je lui balancerai mon jeu.

— Bonjour, dis-je la voix enrouée.

En réponse, j'obtiens un regard noir.

— Tu dois travailler ton impulsivité.

Je ricane, c'est plus fort que moi. Le culot en personne, je suis outrée. Lorsque l'on pense à l'impulsivité c'est Daemon Targaryen qui nous vient en tête en premier, pas moi.

— Donne-moi une bonne raison pour avoir enfreint mes règles Maelya ?

J'ose à peine le regarder.

— J'avais des choses à lui dire, il fallait qu'il sache que je ne lui ferais plus de cadeaux.

Les yeux fuyants tels des lâches, je me lève pour attraper un verre d'eau ou pour tenter de trouver une échappatoire.
Intrigué, il s'adosse au mur en croisant les bras, il me sonde comme si me regarder suffisait à percer mes secrets. Le regarder ainsi me fait penser à ma discussion avec Mysaria. Partager entre le regret de connaître la vérité et le sentiment de trahison qui me fracasse le cœur, je sens que je lui en veux terriblement. Je lui en veux de m'avoir fait croire toute ma misérable vie que j'étais une enfant illégitime. La confiance était notre point fort, la clé de notre complicité, aujourd'hui je ne suis plus certaine d'avoir totalement confiance en lui.

𝐅𝐢𝐫𝐞 | 𝐴𝑒𝑚𝑜𝑛𝑑 𝑇𝑎𝑟𝑔𝑎𝑟𝑦𝑒𝑛 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant