Mai

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IL Y A SEPT JOURS DANS UNE SEMAINE

Quelques semaines s'étaient écoulées depuis ma première radio et la découverte de ma scoliose.

Alexianne, en vain, avait essayé de relancer cette conversation. Cette tentative se dévoilait une fois que nous étions seules, sans la présence de Victoria.

Mon amie de longue date ignorait encore tout.

Mon cœur avait préféré se confier à une personne de quelques mois plus tôt qu'à cette fille de plusieurs années. Je ressentais la boule dans mon ventre qui se manifestait dès que les yeux en amandes de mon amie tombaient sur mon visage.

Je culpabilisais presque honteuse d'avoir offert ma confiance à Alexianne plutôt qu'à Victoria.

Je devais lui parler.

Jeudi 11 mai

Alexianne en face de moi, participait au brouhaha de la cantine collégienne en se plaignant de son interminable cours de physique chimie avec son professeur qui, selon ses dires, la détestait. Victoria à sa droite n'écoutait qu'à demi les plaintes de notre amie, absorbée par ses révisions. Réviser était son mot d'ordre. Elle en était la définition même. Les bancs de l'école l'avaient à peine frôlée que des centaines de pages offrant du savoir s'étaient adressées à sa curiosité. Toujours en soif d'apprendre, elle travaillait tout le temps et partout.

Un petit livre de mathématiques posé, ouvert à une page d'exercice sur son plateau, sous les remarques désabusées de notre amie Alexianne. Elle ne comprenait pas comment il était possible d'étudier autant. Victoria restait un mystère pour elle.

— Vi', faudra un jour que tu m'expliques comment tu fais pour trouver aussi passionnant de compléter des problèmes de maths ?

La concernée releva la tête et la tourna vers sa voisine.

— J'aime juste ça, ça stimule mon cerveau, je suppose, répondit la brunette en haussant les épaules. Faussement abasourdie, la rousse se retourna vers moi.

— Rose, dis-moi que toi aussi tu trouves ça étrange ?

Je suis une mauvaise amie.

La phrase apparut et tourna en boucle dans mon esprit. Alexianne racontait ses histoires avec entrain, Victoria l'écoutait d'une oreille, elle faisait tout de même l'effort. Alors que je n'avais pas été capable de lui évoquer ma scoliose.

— Rose ?

Comment lui dire ?

L'interrogation était revenue et je n'avais aucune solution. Avec Alexianne tout avait été simple, mes lèvres s'étaient ouvertes toutes seules.

En regardant ma montre, les aiguilles avancèrent, les minutes s'écoulèrent. Les portes de l'enfer m'attendaient, d'ici une heure, je serais à nouveau assise dans une salle de classe. Cette pensée rajouta ce poids qui s'ajouta au reste. Le vide était rempli, il prenait place dans mon cœur qui se comprimait par manque d'espace.

— Rose, tout va bien ?

La voix soucieuse de Victoria atteignit mes oreilles. Son cahier ne se trouvait plus sur son plateau.

Depuis combien de temps m'observait-elle ?

Avait-elle entendu mes pensées ?

Avais-je parlé tout haut ?

Je tournai ma tête vers Alexianne qui se concentrait sur son portable un instant. Lui avait-elle dit ? La boule appuya dans mon ventre, mes mains tremblèrent sous la table. Une voix hurla dans mon esprit le fait que je n'étais qu'une mauvaise amie.

SCOLIO'MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant