SCOLIO'ME

Septembre (1)

LE COMMENCEMENT ENTRAÎNE TOUJOURS
LE CHANGEMENT

Lundi 4 septembre

Veille de rentrée, les vacances se terminaient. La routine allait reprendre.

Mes angoisses avaient rarement été aussi impliquées dans ma vie qu'en cette soirée. L'anxiété, cette nouvelle amie qui m'accompagnait. La solitude lui avait laissé le flambeau.

Allongée dans mon lit, dans le noir, avec pour seule source de lumière, mon radio réveil qui indiqua déjà 23h.

Les flashs de ces nuits à pleurer me revinrent. Ce moment n'était pas si différent, à la place des larmes, c'est le poids du corset qui m'habitait.

Avais-je guéri de cette année merdique ?

J'aspirai à y croire, pourtant chaque pensée s'échouant dans mon esprit me prouvait le contraire.

Le souffle coupé par ces serrages, beaucoup trop excessif selon moi pour enlacer Morphée. Les mains tremblantes, au moindre contact de ses bras, je la ferai fuir. Mon visage meurtri par ces nouvelles sensations, elle prendrait peur en m'accueillant au pays des rêves.

Résignée, je pleurai, évoquant en privé toutes les conséquences de cette journée en public.

Mardi 5 septembre

Le réveil, autrefois m'éclairant dans l'obscurité, m'assourdit les oreilles de sa sonnerie stridente, me forçant à contrecœur à me lever. Un premier coup d'œil à la gauche de mon lit sur le parquet, mon corset y reposait. Il me fut impossible de dormir avec, alors je l'avais quitté.

Après tout, cela ne faisait que peu de temps que je l'avais adopté.

Aujourd'hui, jour de rentrée.

Un nouveau chapitre.

Peut-être arriverais-je à clôturer le livre ?

De nombreux changements s'opéraient pour cette journée. Cette armure que j'avais dû adopter allait m'accompagner. Elle était prête à me soutenir pendant de nombreuses heures. Première fois qu'elle serait avec moi aussi longtemps.

Je m'y habituais par obligation petit à petit.

9h00

L'imposante façade en pierre du collège se dressa devant moi. Cette grande infrastructure, où il y a encore quelques mois, représentait le sanctuaire de mes démons.

Ma salive ravalée, les lanières de mon sac à dos empoignées avec force dans mes petites mains, je soufflai dans l'espoir de me donner suffisamment de courage.

Le bureau de la secrétaire à l'entrée du collège se dessina au travers de mes lunettes, ma professeure d'anglais, cette héroïne m'y attendait patiemment.

En effet, depuis nos nombreuses entrevues, nous avions continué à échanger au travers d'e-mails. Elle m'avait promis qu'elle serait là, le jour de ma rentrée, et qu'elle s'assurerait que mes camarades encore présents dans l'établissement seraient loin, très loin de moi.

— Bonjour Rose, sa mine joyeuse s'offrit à moi, encore stressée, je lui répondis dans un murmure.

— Tu es prête ?

La bienveillance résonna dans sa question.

Étais-je réellement prête ? Finalement, le serais-je un jour ?

Sans réfléchir, ma tête acquiesça et mon corps la suivit jusqu'à la cour principale où sur les vitres de notre vie scolaire figurèrent affichées les listes des classes. Un attroupement s'était formé autour de ces bouts de papier si importants à nos yeux en ce jour de rentrée. Comme une mère, elle me laissa avancer seule. Le sourire aux lèvres, elle savait pertinemment que mon cauchemar prenait fin.