Mai (2)

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PRENDS MA MAIN

Il m'en aura fallu du temps pour découvrir le sens de l'amitié, le vrai. Bien que Victoria était l'une de mes amies, nous nous étions légèrement éloignées lorsque j'avais quitté sa classe en cinquième. À ce moment-là, j'avais rencontré de nouvelles personnes qui étaient à leur tour devenues de nouvelles amitiés. Les mêmes qui m'avaient fait perdre l'envie de m'en faire d'autres.

Le château de cartes s'était effondré à la suite de l'annonce de ce spécialiste du dos.

En 2017, j'aurais déchiré les cartes une à une avant de les noyer dans mes larmes.

En 2018, j'avais grandi et je commençai à guérir, alors je cherchai une nouvelle façon de construire mon château de cartes.

Un autre château s'était effondré, le temps avait balayé mes années collèges. En fermant à double tour ces souvenirs de ces quatre années. Parfois, je retournais parmi ces rangées où je revivais ces moments animés.

Un long chemin parcouru pour cette petite Rose âgée de onze ans, portant avec fierté son sac à dos fleuri. Au fil du temps, le sac avait vu ses fleurs se faner. Mais je souhaitai les arroser à nouveau.

Mercredi 30 mai

La sonnerie avait annoncé le début des cours de ce mercredi matin.
L'ambiance n'était pas aussi détendue, l'atmosphère se voulait pesante.
Un sentiment familier lorsque nous avions cours avec notre professeur d'histoire géographie.
Elle avait un certain goût pour l'exigence en matière de réussite scolaire. Avec l'approche des examens, son niveau d'attente avait augmenté, faisant accroître mon stress.
Son index manucuré en rouge bougea traduisant son impatience, appuyée sur son bureau, elle balada son regard la pièce.
Le silence s'installa trois minutes plus tard, changement qu'elle nota d'un léger rictus.

— Nous allons pouvoir commencer maintenant que cette salle est à nouveau une salle de classe et non un cirque. Elle se redressa de son bureau et se mit face à nous. J'espère que vous avez bien révisé pour l'épreuve d'histoire géographie.
Ses yeux toisèrent certains élèves.

Un nœud serra ma gorge. Mes mains retrouvèrent leurs jeunes habitudes, faisant se rencontrer mes doigts. Tirant à m'en faire mal, seul moyen de ne pas penser à ce nœud.

— Madame, ce n'est que le brevet, pas une épreuve de bac non plus, lança celui qui était considéré comme « le clown de service ». Sans nez rouge ou tenue bariolée, son humour le protégeait de tout ce qui s'abattait dans mon esprit.

Certains rires furent audibles sous la mine sérieuse de notre professeure.

— Rigolez autant que vous le souhaitez. Mais je te signale, mon cher, que ce sont vos premiers examens. Il faut vous préparer, en plus, vous avez beaucoup plus de matières qu'avant.

Le nœud m'étouffa, bloquant ma respiration.

Sans m'en rendre compte, le bruit strident du marqueur sur le tableau blanc venait d'annoncer la suite du programme, où un nouveau chapitre d'histoire s'illustra.

Il fallait que je fasse abstraction de ce nœud et que je me concentre pour éviter ce chapitre dans mes révisions prioritaires. À chaque note prise, cette impression que le brevet s'échappait me revenait. Cette convoitise depuis plusieurs mois que je n'arrivais jamais à atteindre.

15h46 – salon d'Ella

Ella face à moi, ses genoux repliés, avec ouvert entre ses mains un livre de révision de maths.
On aurait pu penser qu'elle étudiait de manière sérieuse. Cela devait faire dix minutes qu'elle restait bloquée à la page trois, préférant se laisser distraire par tout ce qui l'entourait. Comme ses lunettes qui ne faisaient que glisser de son nez fin, l'obligeant à les repositionner. Ce qui, par conséquent, la contraignait à déposer son manuel sur le sol du salon et le reprendre et répéter ses gestes, je ne sais combien de fois.

SCOLIO'MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant