Janvier (1)

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UNE NOUVELLE AMIE

7 janvier

23h46

Le bruit de mon corps se tournant, s'enroulant pour se défaire de ma couette, était audible dans l'ensemble de ma chambre, plongée dans cette demie obscurité tout aussi apaisante qu'angoissante. Je ne voulus pas constater l'heure qui s'affichait sur mon radio réveil, sûrement trop tard pour ne pas considérer cette nuit comme une sieste.

Mon corset, au sol.

Depuis combien de temps l'était-il ?

La sueur perlait sur mon front et l'air manquait dans cette pièce. Mon cerveau ordonna à mon corps de partir ouvrir la fenêtre. Celui-ci n'obéit pas. Bloqué dans une sorte de transe, les ordres de mon cerveau se firent plus importants, or rien ne se produisit. Les yeux parfaitement ouverts, des maux se mélangèrent à ceux qui refaisaient surface dans mon esprit.

Demain, le calendrier afficherait, le 8 janvier.

Une date, un chiffre, un mois et pourtant. Elle ne représentait que plus pour mon passé.

Un an en arrière, le cauchemar prenait vie, passant la barrière de l'imaginaire, même Morphée n'avait pas pu le retenir.

Il durera plusieurs mois avant que le destin ou un ange gardien ne vienne par la parade d'un oubli le stopper. Pourtant, l'impression qu'il était là, échoué sur mon épaule tel un démon, nourrissait cette amie, l'anxiété. À chaque nouveau moment de souvenir, ses symptômes étaient différents. En cette nuit, c'était l'impossibilité de bouger qui se manifesta parmi les habitués.

Lundi 8 janvier

Dring dring dring !!!!

C'est avec la tête lourde, où je plaçai instinctivement ma main pour calmer la migraine qui se développa, que je me réveillai. Le bruit strident de ce radio réveil n'arrangea pas la douleur qui se propagea.
L'objectif de ce maudit objet avait été atteint, j'étais réveillée.

Il devait sûrement travailler pour une entreprise qui n'avait pour unique tâche: énerver les gens, le matin. Si c'était le cas, il aurait dû être élu employé du mois vu le travail de qualité qu'il fournissait !

À peine ma couette enlevée de mon corps, mon autre réveil se révéla au chambranle de ma porte.

— Rose, debout, aller, lève-toi.
Contrairement à moi, ma mère était toujours levée de bonne heure.
Cliente fidèle.

Ne voulant pas la mettre de mauvaise humeur, je me résignai à extirper le haut de mon corps du matelas. Les jambes croisées, le dos courbé, j'exerçai mes yeux à la lumière artificielle qui provenait du couloir que ma mère avait volontairement laissé allumé. La fatigue m'accablait fortement. À peine posai-je un pied sur le parquet que le poids de mon corps m'en fit presque perdre l'équilibre, trébuchant sur mon corset. Je l'injuriai, déversant mon manque de sommeil, alors qu'il n'en était aucunement le responsable.

De mauvaise humeur, je traînai mon corps endolori jusqu'au dressing pour en choisir une tenue autre que ma grenouillère. Le mois de janvier s'étant fraîchement installé et les températures ne dépassaient pas les 10 degrés. L'occasion de ressortir mes vêtements chauds et amples et surtout une solution parfaite pour cacher mon compagnon.

En descendant jusqu'à la cuisine, je trouvai mon père installé à sa place habituelle, se préparant sa traditionnelle tartine à la confiture d'abricot.

SCOLIO'MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant