Octobre (5)

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FLEURIR AVANT D'ÊTRE RECUEILLIT

Samedi 27 octobre

Les messages défilèrent dans le reflet de mes lunettes qui ne cessèrent de glisser sur mon nez rougi par le froid. En tant que personne frileuse, le corset était un avantage pour résoudre ce problème : sa matière créait une couche supplémentaire avec le maillot de corps obligatoire.

Les avatars des invités apparaissaient et disparaissaient de la conversation que Victoria avait créée pour célébrer une nouvelle bougie sur son gâteau.

J'avais moi-même été surprise en découvrant ce groupe.

J'étais heureuse qu'elle organise une soirée. Or, cela ne lui ressemblait pas.

À aucun moment, je ne pris part à la conversation qui se jouait. La boule dans mon ventre s'amplifiait à chaque fois que mes doigts en train de cicatriser commençaient à taper un message.

Le banc sur lequel je m'étais installée il y a de cela plusieurs minutes accueilli quelqu'un d'autre.

Son jogging noir ample, un sweat jaune à capuche, son sac à dos de marque de la même couleur posée à même le sol.
En tournant la tête, mon soleil était apparu dans cette journée. Mon portable rangeait dans mon sac à main, collé à moi.

Elle m'enlaça la première, profitant de son dos vierge de toute résine, je la serrai plus fort.

Elle s'installa par la suite confortablement sur le banc du parc qui avait vu grandir nos confidences. Jouer au bac à sable enfant et se retrouver pour se parler
adolescente.

Cet endroit, à 10 minutes de chez moi, quinze pour Maya, elle venait à vélo sauf ce jour-là. Samedi matin, sa tenue de sport encore sur le dos, elle revenait du studio de danse. Bien que nous partagions les cours de classique, elle se perfectionnait dans d'autres styles comme le contemporain.

Son carré n'était pas aussi lisse, certaines mèches s'ondulèrent. Contrairement à son habitude, des restes de peinture ne coloraient pas ses cheveux.
Ne me demandez pas moi-même, je n'ai jamais compris comment elle arrivait à se mettre de la peinture dans ses cheveux courts.

Je l'avais appelé la veille ; la crise ; Ethan, j'avais eu besoin d'une épaule.

Maya m'avait toujours soutenu, peu importe la situation, elle était là.

— Tu as l'air plus en forme, remarqua-t-elle, son pouce caressant délicatement ma joue droite.

— J'ai dormi, répondis-je simplement.

Elle acquiesça, se penchant pour reprendre son sac à dos posé sur le goudron. Où elle sortit un petit sachet qu'elle déposa dans mes mains. Intriguée, je regardai le chausson aux pommes, encore chaud caché à l'intérieur.

— C'est pour toi, tu mérites un petit réconfort après tout ce qu'il s'est passé.

Les attentions de Maya réussissaient toujours à créer ces petits crépitements agréables dans mon corps, loin des incendies dévastateurs qui naissaient.
Je dégustai avec gourmandise ce présent avant de me repositionner, la résine me rentrait dans la cuisse. Ça me faisait mal.

Je commençai mon récit à Maya dans la foulée, lui racontant la remarque de mon professeur, les rires de mes camarades, de l'anxiété qui était montée avant d'exploser en crise. À chaque étape de mon récit, elle écouta attentivement, prenant mes mains dans les siennes pour les chouchouter. Une façon indirecte d'éviter que je ne m'arrache la peau.

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