Interlude II

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Maya

MARS

Des épines se logèrent dans ma gorge, cela n'assurait rien de bon, mon médecin généraliste face à nous tapait sur son clavier. Ses yeux fixèrent de manière concentrée l'ordinateur. Ma génitrice à côté de moi, son fauteuil à peine collé au mien, elle l'attendait. Son impatience commença à se faire ressentir lorsque son pied droit épousa à plusieurs reprises et de manière successive le bois du sol.

— Bien, il releva la tête face à nous. Maya, tes douleurs au dos ne sont pas anodines. Au vu de la danse que tu pratiques, cela ne m'étonne pas. Mais, je voudrais quand même m'assurer que cela n'est pas dû à une scoliose, c'est assez fréquent dans ta tranche d'âge.

Le sang quitta mon visage, une scoliose ? Comme avait Rose ? L'espèce de S dans le dos ?

— Pour ce faire, je t'ai prescrit une ordonnance pour que tu puisses passer une radio, au cas où. Pour être sûr.

Mes yeux écarquillés, le regardèrent avant de prendre l'ordonnance pour la ranger dans mon sac à main jaune. Je me risquai à la suite, à regarder ma génitrice, pensive.

— Nous ferons les examens nécessaires pour Maya, ne vous inquiétez pas, la rassura-t-il d'un sourire dont elle seule connaissait le secret.

Celui-ci nous invita par la suite à rejoindre la sortie, nous accompagnant jusqu'à sa porte avant de nous souhaiter une bonne fin de journée.

Une fois dans la voiture, le sourire de ma génitrice s'effaça, laissant place à cette expression que je connaissais par coeur.

— Hôte moi d'un doute Maya, tu exécutes correctement les mouvements de Sophie lors de tes cours ?
Sa voix était froide, il était rare que son aura glaciale ne me refroidisse pas.

J'acquiesçai, n'ayant aucune envie de parler.

Elle me zieuta pendant quelques instants, sûrement à se conforter dans l'idée que je mentais, avant de lâcher mon visage pour se concentrer sur le parking que nous allions quitter.

Pendant le trajet, je voulus t'envoyer un message pour avoir de tes conseils, mais ayant vu mon écran allumé, elle profita d'un feu rouge pour en regarder le contenu et me l'arracher des mains.

— Je t'interdis d'envoyer un message à Rose. Surtout que ça se trouve, tu n'as rien, se scandalisa-t- elle avant de ranger mon portable dans le repose-coude.

Déçue, mais habituée, je focalisai mon esprit sur le paysage qui défila jusqu'à la fin du trajet. Arrivée à la maison, mon géniteur n'était pas présent. Encore sur un de ses grands chantiers, il ne rentrerait pas avant de nombreuses heures. Ma génitrice quant à elle m'avait laissé une fois la porte d'entrée franchie. Elle était partie se réfugier dans son atelier parce que je l'avais énervé et qu'elle avait besoin de décompresser. Alors comme de nombreux soirs, je dinai seule, devant une série. « Modern Family ». Cette sitcom que j'avais découverte par hasard était devenue mon échappatoire. À chaque nouvel épisode, je faisais le souhait de vivre dans une famille comme celle des Dunphy.

🌻

Le rendez-vous pour la radio avait révélé la vérité, j'avais une scoliose de 20 degrés. Comme la tienne, elle était idiopathique. J'avais fait mes recherches. Il n'y avait pas de cause particulière à son apparition. Et cela n'avait absolument pas enchanté ma génitrice, m'accusant de ne pas être assez prudente dans mes positions pendant mes cours de danse, quand je m'asseyais dans le canapé ou même à l'école. Selon elle, ma scoliose était due à mon imprudence.

SCOLIO'MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant