Août

32 4 9
                                    



JE NE SUIS PLUS QU'UNE VICTIME

Lundi 20 août

Les saveurs de monoï s'évaporèrent délicatement au travers de l'odeur du plastique du cabinet. Assise sur la table d'auscultation, je sentis la rampe de corset me narguer derrière moi. Mon nouveau compagnon se retrouvait bientôt dans mes bras. Cette simple pensée ramena mes doigts à arracher la peau déjà abîmée par le stress de cette rencontre.

Un an.

Presque une année me séparait de mes premiers moments avec ma première orthèse.
En relevant mon regard, mes parents patientèrent à leur tour, assis sur les chaises rouges, en accord avec la grande porte qui allait s'ouvrir sur mon orthoprothésiste d'une minute à l'autre.

— Rose, laisse tes mains tranquilles, m'avertit ma mère en zieutant mes doigts.

Je retirai cette mauvaise habitude, au même moment que l'orthoprothésiste apparut plus souriante que jamais, accompagnée de sa blouse blanche et de mon nouveau compagnon dans ses bras.

Elle le déposa à son bureau et récupéra dans un sac aux pieds de sa chaise roulante une dizaine de pochettes où mes maillots de corps se trouvaient.

À la différence de la première série, ils abordaient un décolleté peu prononcé en V. Le corset à nouveau blanc, sur le bureau, me rappelait mon ancienne orthèse. Une barrette métallique marquait la différence entre les deux.
se positionnait juste au-dessus de ma poitrine.

— Comment te sens-tu ?

Cette même voix rauque, que j'entendais, impatiente de ma réponse.

— Encombrée, répondis-je en le fixant, la tête baissait dessus.

Même si j'avais été habitué à porter une orthèse depuis plusieurs mois, la remettre restait toujours difficile. En particulier avec l'ajout de cette barrette qui servait à renforcer le redressement de ma colonne en plus des points d'appui toujours très présents.

—C'est normal que tu aies cette sensation, les points d'appui ont été renforcés sous les recommandations de ton nouveau chirurgien.

Je hochai la tête non sans ressentir cette oppression de mon corps dans l'orthèse.

Ça allait être long.

— Ce nouveau corset n'est pas si différent de ton ancien, m'expliqua-t-elle. Tu as l'ajout de la barrette que tu pourras resserrer à différents niveaux. Elle la mit au deuxième cran et je ressentis la différence de liberté de mouvement entre les deux orthèses. Autant avec mon premier compagnon, ma cage thoracique ne se retrouvait pas enfermée comme cela devenait le cas avec ce second. Concernant la longueur, je ne l'ai pas modifié. Je regardai dans le miroir face à moi.

Il m'arrivait au milieu des fesses et entrait toujours dans ma cuisse lorsque je me trouvais assise.

— Pour plus de confort, tu as toujours les coussins au niveau des aisselles.

Je les sentis appuyer dessus lorsque mes bras se trouvèrent le long de mon corps.

Ce n'était pas non plus agréable.

Elle finissa son explication par plusieurs
recommandations que je connaissais déjà, comme tirer sur le maillot de corps avant de positionner l'orthèse pour éviter les plis sur les points d'appui par exemple.

— Je pense avoir fait le tour, tu es prête, Rose ?

Je hochai la tête sans savoir à quoi.

Premier laçage.

SCOLIO'MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant