UN SECRET EST UN SECRETDes amies, je n'en avais que très peu. Victoria et Alexianne étaient les principales au collège. Jusqu'au jour où Charline était entrée dans ma vie.
Elle était différente d'une certaine manière. Elle n'avait que faire de beaucoup de choses et particulièrement de ce que les autres élèves, adultes, pouvaient penser d'elle.
Une heure d'étude m'était imposée à cause de l'absence de ma professeure de français. Comme de nombreuses fois, je m'étais rendu au CDI pour travailler. J'avais été surprise de le voir se remplir aussi vite. Une jeune fille de mon âge que je n'avais jamais vu auparavant avait été contrainte d'errer à la recherche d'une place disponible. Je ne faisais pas vraiment attention aux élèves de quatrième. Une fois à ma hauteur, elle avait pris place à mes côtés, assez loin pour me laisser mon espace. Ses cheveux châtain clair avaient été ramenés dans un chignon décoiffé et sa tête s'était avachie dans sa main pendant qu'elle sortait ses affaires.
Très vite, j'avais compris qu'elle butait sur un exercice d'anglais qui me paraissait simple. J'avais refusé de l'aider, prétextant que j'avais du travail. Surtout, je ne voulais pas être dérangée par qui que ce soit.
Sans pouvoir me concentrer, j'avais finalement cédé et lui avait apporté mon aide.
Au fil des traductions, j'en avais appris plus sur cette fille, comme le fait qu'elle et Victoria se connaissaient.
Naturellement, elle s'était jointe à nous le jeudi midi. Un trio qui s'était transformé en quatuor, même si un des membres manquait à l'appel.
Jeudi 1 juin
Le trio était assis par terre, dans la deuxième cour de récré, un arbre se trouvait face à nous, le terrain de basket en second plan. Sous le chahut que produisaient les élèves, le rire de Charline résonna à une anecdote que Victoria venait de raconter. L'odeur de vernis s'incrusta dans mes narines, malgré mon visage dans mes genoux. Notre nouvelle amie avait une fâcheuse habitude de colorer ses ongles pendant les pauses. Elle avait bien essayé de mettre en application ses talents de nail artist en classe, mais les professeurs n'avaient pas été aussi sensibles à son art.
Malgré le fait que les pauses du jeudi me permettaient de m'exprimer sans trop de craintes, le silence restait toujours à mes côtés. Rare, les fois où je participais aux échanges des filles. Leurs conversations restaient intéressantes, mon avis sur ces sujets ne l'était pas assez.
La vie paraissait plus facile depuis que cette routine avait pris place dans mon quotidien. Je me couchais chaque soir et me levais chaque matin dans le seul objectif de vivre, le jeudi, ma journée de l'espoir. Deux petites heures où un sourire pouvait prendre place sur mon visage.
— Tout va bien, Rosinini ?
Cette voix à l'accent argentin arriva dans mes oreilles et coupa mes pensées. Victoria, sa tête posée sur mon épaule, ses cheveux se mélangeant aux miens, avait l'habitude de me trouver des surnoms selon elle « originaux ».
— Oui, oui, tout va bien. répondis-je sans grand intérêt avant de bouger mon corps, ce qui obligea mon amie à se redresser. Cette action me valut une petite moue de sa part qui ornait sa peau miel.
— Allons, Rosinini, mes yeux croisèrent le ciel bleu à l'entente de ce surnom. Tu peux nous parler, c'est par rapport à ton truc à la colonne ? Je restai muette en la fixant. C'est ça ? insista-t-elle.
— Tu sais qu'on appelle ça une scoliose et pas « un truc à la colonne ». Me moquai-je gentiment.
— On s'en fiche, n'essaye pas de changer de sujet. Je te connais suffisamment pour savoir que tu essayes d'éviter la question.
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SCOLIO'ME
RandomOn le sait tous dans l'obscurité se cache toujours un faisceau de lumière. À 13 ans, Rose Sorena ne se doutait pas que sa vie, déjà assombrie par les brimades et les insultes qu'elle subissait quotidiennement, allait basculer dans les ténèbres à cau...