Juin (5)

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TW : mutilation explicite

ARRACHÉE AUX AILES D'UN ANGE

MOI

Une enfant traumatisée dans le coin de sa chambre. Ses genoux repliés qui étaient entourés par ses bras où les cicatrices démarrant juste au-dessus du poignet demeuraient visibles. Les autres se devinaient au travers du tissu fin et blanc qu'elle portait en guise de robe. Je m'étais retrouvée dans cette position depuis le moment où la lettre que j'avais rédigée et gardée précieusement dans mon sac avait disparu. Sans savoir son emplacement, sans connaître l'explication, mon corps s'était effondré au sol. Plusieurs bleus s'étaient formés sur mes jambes, habituées à cette couleur. J'avais été totalement incapable de bouger.

Morte.

Cette hypothèse que la faucheuse était venue me chercher pour me permettre de trouver la paix m'était apparue. Pourtant, ma respiration plus que saccadée me prouva le contraire.

Les flashs de ces mois avaient défilé devant moi, tous m'étaient revenus. J'avais ressenti les coups de mes camarades mêmes des semaines plus tard. Les insultes avaient continué à m'écorcher à vif et faire couler le sang qui avait trop souvent taché ma peau ou les mouchoirs pour masquer le crime.

Je devais me relever. Être encore en vie ne figurait pas dans mes projets. Le sang, ce rouge qui je regardai sans remord, il devait réapparaitre devant ma rétine. Mon corps appela mon outil à le marquer. Poussée par cet appel résonnant sur mon échine, je rampai jusqu'à mon tiroir, ma dernière cachette. Elle changeait tous les mois.

Collé contre la bibliothèque, le tiroir se referma et mon outil nettoyé s'apprêta à me punir jusqu'à la dernière goutte. Les frissons apparurent lorsque la pointe glissa sur mon bras. Le premier coup donnait.

La douleur fut présente.

Le soulagement ne fut que trop grand pour s'arrêter.

Un deuxième plus intense se marqua.

J'y mis de l'énergie et de la force pour que la plaie s'ouvre. Le troisième créa un trait léger blanc visible pendant quelques instants avant d'être rejoint par des dizaines d'autres. Le onzième laissa glisser la première goutte rouge qui s'échoua sur le blanc de ma robe.

L'ange venait d'être déchu.

Partir, aller être douloureux. Je ne méritais pas un voyage paisible.

La robe immaculée à plusieurs endroits, je regardai cette scène. Spectatrice de ma mort. Pourtant, je commettais mon crime.

Concentrée sur la douleur, la ressentir une dernière fois, mes oreilles et mes paupières s'étaient fermées. Ce n'était qu'en sentant deux bras m'agripper fortement et mon corps se faire secouer que le visage de ma mère où ses iris traduisirent la panique apparue devant moi. Mon outil glissa à l'autre bout de la pièce pendant que des larmes s'échouèrent sur ma robe. Cette eau salée se mélangea à la couleur vermillon des tâches.

Le visage défiguré de ma figure maternelle. De la première personne vers qui mes yeux s'étaient déposés. Abattu, ses genoux rencontrèrent mon parquet, sa bouche s'était entrouverte.

Les mots n'en sortirent pas.

Plusieurs étreintes m'embarquèrent. Je ne voulais que le câlin de la faucheuse. Ses mains comblèrent mes joues, moquées par leur rondeur. Ma vision sur le côté, je la voyais sans la voir.

La mort m'attendait, pourquoi mon cœur continuait-il à battre ?

— Parle-moi Rose, dis-moi ce qu'il se passe ? murmura-t-elle en sanglotants à bout de souffle.

SCOLIO'MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant