UN COMPAGNON DE HUIT MOISDeux semaines plus tard
Deux semaines, quatorze jours.
Pour beaucoup, c'est peu.
Certains vous affirmeront le contraire.
Encore d'autres les verront passer comme deux semaines totalement normales.
Ma perception en fut différente. Je ne comptais plus le nombre de pensées qui avait pu me traverser pendant cette période. Une utopie pour cette nouvelle amie que je devais nommer anxiété. Apparemment, elle torturait mon esprit. J'étais sous son contrôle, me laissant croire à des scénarios plus horribles les uns que les autres. Elle m'avait offert la possibilité de connaître toutes les hypothèses que ce corset aurait à m'apporter et toutes les conséquences qu'il engendrerait.
Comment allait être ma vie durant huit mois ?
Comment vais-je vivre avec le corset en plus de ça nuit et jour ?
Allais-je pouvoir dormir avec ?
Les autres vont-ils me juger ?
Mes nouveaux camarades vont-ils me harceler parce que je ne serai pas comme eux ?
Les gens voudront-ils m'approcher ?
Auront-ils peur de moi ?
Est-ce que j'arriverai à être jolie même avec ce corset ?
À nouveau dans la salle 1, nous étions là tous les trois à attendre mon compagnon de huit mois.
Cette scène se rejoua encore devant moi.
L'orthoprothésiste arrivant les bras portant mon corset. Une simple orthèse qui allait changer mon quotidien. Parmi le catalogue rempli de nombreuses options pour en choisir son motif, la simplicité m'avait attiré. Ma couleur favorite m'accompagna à nouveau et c'était de cette façon que mon armure se rapprochant de moi fut blanche. Il me paraissait judicieux de faire ce choix.
De cette façon, personne ne le verrait.
Cela serait mentir de dire que je n'en avais pas honte, un sentiment ressentit par le regard et l'avis des autres. J'avais pris l'habitude de me faire toute petite, l'étant déjà en taille. Mon objectif pour cette nouvelle année était de continuer à me faire oublier. Seulement, le corset n'allait malheureusement pas m'aider pour cela. Moulé sur mon corps, il me serait impossible de le cacher complètement, malgré sa simplicité.
— Et voilà, ton nouveau cadeau, Rose.
Tu parles d'un cadeau...
— Merci. répondis-je d'une voix crispée en le prenant dans mes bras.
Sous la pulpe de mes doigts légèrement abimée par ma nouvelle routine, la matière du corset se faisait ressentir. Les bras tendus, il m'était aisément facile de le tenir de cette manière. Son poids ne pesait pas, il était assez léger. En le rapprochant, je pue plus facilement en détailler le devant. Deux appuis en dessous des épaules et sous les aisselles, des sortes de petits coussins à scratch. À ma question sur cet ajout, l'orthoprothésiste m'expliqua qu'il s'agissait d'accessoire pour mon confort afin que le corset ne rentre pas dans ma peau. Au niveau du ventre, une plaque en plastique flexible y figurait. Autour d'elle étaient posées à trois endroits différents trois lacées cousues à trois attaches. Deux en dessous de la poitrine, se croisant, et le troisième en bas du ventre. Sa prise était simple, mes mains s'appuyèrent sur ma taille qui était représentée sur le corset. Un côté se voulait plus marqué que l'autre, montrant indirectement le décalage et les premières conséquences de ma scoliose. En le retournant, mes sourcils se froncèrent, deux trous figurèrent, j'y passai ma main, vérifiant.
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SCOLIO'ME
RandomOn le sait tous dans l'obscurité se cache toujours un faisceau de lumière. À 13 ans, Rose Sorena ne se doutait pas que sa vie, déjà assombrie par les brimades et les insultes qu'elle subissait quotidiennement, allait basculer dans les ténèbres à cau...