Octobre (1)

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ENTRE VAGUES ET CONFESSIONS

Lundi 1 octobre

6h25

Le réveil fut difficile. Sans motivation, le confort de mon lit me quitta, laissant la froideur de cette matinée cajoler mon corps endolori.
D'un soupir, je réalisai que j'allais réellement partir faire ce voyage d'intégration. De toutes les possibilités pour y échapper, aucune n'avait su aboutir. La boule dans mon ventre s'imposa. Le fait de partir n'était pas la source même du problème, eux, l'étaient. Une minorité de mes camarades de classe. Malgré les paroles de ma psychologue qui résonnèrent, les scénarios se rejouaient en boucle dans mon esprit.

— Rose !

Mon prénom cingla à mes oreilles, bourdonnant déjà.

La voix hurlante de ma mère traduisait d'un premier appel. Le corset laissé sur moi, les marches de l'escalier que je ne connaissais que trop bien soutinrent mon corps avant que je retrouve la cuisine plongée dans l'obscurité de la nuit.

6h46

La voiture garée face à la porte d'entrée, je déglutis.
Le coffre ouvert, ma valise à côté, personne autour. D'un geste nécessitant trop d'effort pour mon corps épuisé, je la déposai à l'intérieur. Les pensées m'envahissant à nouveau, je fermai le coffre sans faire attention.

— Aïe !

La plainte provint de ma mère se tenant fortement à l'endroit où le coffre avait frappé son crâne. Mes mains trouvèrent ma bouche qu'elles cachèrent à l'instar où mes yeux constatèrent l'accident non intentionnel que je venais de provoquer. Déjà parti en trombe pour soigner la bosse naissante à la gauche de son front, je m'excusai silencieusement.

La ceinture bouclée, la boule s'étira au-delà de mon ventre, encombrant ma cage thoracique. Mes doigts se trouvèrent pour s'arracher mutuellement. Le poids de la culpabilité que je ressentis traduisait la précipitation de mes mouvements pour déshabiller le contour de mes doigts de leur peau.

Les minutes passèrent au rythme des secondes. L'heure du rendez-vous se dessina à chaque changement de chiffres sur le tableau de bord. Mes jambes tremblèrent, entraînant le reste de mon corps.
La portière s'ouvrit, dix minutes plus tard, ma mère prit place, le clic de la ceinture et la résonance du moteur couvrirent le silence de l'habitacle.

Les lampadaires défilèrent à la vitesse des cercles qu'effectuaient les roues de la voiture. Chaque lumière m'aveugla un peu plus, mettant en avant le stress qui montait graduellement.

7h13

L'odeur du pot d'échappement parfumait l'air, accompagnée par le bruit sourd des deux bus stationnés en parallèle, m'étouffa.

J'enlaçai ma mère qui par un baiser sur le front me pardonna face à mon inattention.

Les roues de ma valise roulèrent sur le goudron avant que je la stoppe face au premier bus. Dans l'encadrement du bus, le chauffeur à la barbe de trois jours m'observa avec mépris.

— Quelle classe, me demanda-t-il nonchalamment, son bras tenant plusieurs listes où le nom d'élèves figurait.

— 204.

Ses yeux toisèrent ces fiches, les soulevant une à une.

— C'est pas avec moi. Circulez !

Je sursautai face à son cri, et avant qu'il ne me réprimande à nouveau, je me dirigeai vers le second chauffeur, beaucoup plus accueillant. Il m'invita à laisser ma valise dans la soute et de monter prendre place dans le bus.

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