Septembre (2)

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MANQUE D'ÉDUCATION

Mercredi 6 septembre

Une grande rue passante devant moi, je marchai sur son trottoir, l'esprit encore embrouillé de mes confessions de la veille. Seule face à mes souvenirs. Ma mère s'était garée à quelques mètres, il me suffirait de tourner la tête pour constater la voiture et elle à l'intérieur me surveillant.

Le crépuscule naissant m'indiqua par ses derniers rayons le chemin à emprunter. Mes pas se familiariseraient assez vite avec le circuit que je devrais emprunter deux fois par semaine pour une durée de huit mois.

Rapidement à ma droite, mon corps s'arrêta, lisant attentivement la plaque de mon futur kinésithérapeute. Intriguée par cette porte différente des autres, j'empoignai la poignée jaune et entrai. Un long couloir m'accueillit aux allures de films d'horreur. Les murs souhaitèrent se rejoindre, ou tout du moins, c'était ce que l'orange de la tapisserie reflétait. Au fond, une pièce se trouvait, la salle d'attente. 

Nous n'étions que trois à l'occuper, chacun assis au minimum d'une chaise de l'autre. Un trentenaire, la mallette de son travail à ses pieds, une vieille dame ne pouvant se déplacer qu'à l'aide de sa cane et moi, une adolescente portant une armure dissimulée sous sa blouse noire.

Au regard de ma montre, 17h30, mon rendez-vous allait débuter. L'instant d'après, un homme en blouse orange clair se positionna au chambranle de la porte,

— Bonsoir à tous, clama-t-il à l'égard de nous trois. Son regard se posa sur moi, Rose, c'est bien ça ? J'acquiesçai d'un léger sourire crispé. Super, tu viens avec moi.

Je le rejoignis sans tarder.

La salle d'attente quittée, nous retournions au couloir où il ouvrit une des quatre portes et m'invita à le suivre. Une pièce toujours décorée dans des tons orangés, donnant l'impression que les murs allaient se refermer sur nous. Si cela arrivait, je ne donnerais pas cher de mon corps au vu du nombre de machines complétant l'espace. Tout le nécessaire pour muscler le dos.

Avec beaucoup de volonté, j'oubliai partiellement cette boule qui grandissait et me concentrai sur les premières indications qu'il me délivra.

— Comme il s'agit de ta première séance, je vais te montrer les exercices que j'attends de toi. Quand tu les maitriseras mieux, je te laisserai en autonomie, m'expliqua-t-il avant de tirer un tapis au sol et d'y prendre place.

Debout à sa gauche, mon regard se concentra sur la démonstration qu'il effectua du premier exercice. Mes bras croisés sur l'orthèse, je restai attentive au deuxième.

Sans m'en rendre compte, il s'était relevé, m'invitant à retirer mon corset pour reproduire les exercices. Il me conseilla les toilettes pour me changer, m'informant qu'il attendrait ici.

Enlever cette armure était l'équivalent de retirer un soutien-gorge à la fin d'une longue journée.

Le dernier laçage défait, le tissu pendait, rejoignant les deux autres avant que, d'un geste devenu habituel, je retirai mon arme de torture. Ma blouse noire se rebaissa. Le maillot de corps qui empêchait ma peau de s'abîmer demeurait trempé de sueur.

Le corset dans ma main droite, je ressentis la liberté des mouvements de mon corps.

Ce sentiment laissa rapidement place à la première interrogation.

Comment allais-je sortir sans que quelqu'un aperçoive mon compagnon ? Les toilettes n'étaient pas loin de la salle d'attente, si on le voyait ?

Encore enfermait dans la petite pièce, je cherchai une solution, en vain. L'heure tournait et mon rendez-vous se poursuivait malgré mon absence.

Dans un effort ultime, je poussai délicatement la porte des toilettes, passant seulement ma tête, vérification, droite et gauche, rien à signaler. Rapidement, je parcourus l'écart entre les toilettes et la salle. La porte refermait, je déposai mon ami dans un coin de la pièce avant de prendre place sur le tapis mis à ma disposition.

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