37. Le plan cul qui va changer l'histoire
(By Victor Carmin)J'aurais pu laisser Diak dans le Uber et remonter m'occuper de Grenade, mais je n'avais aucune idée de quoi lui dire, que faire de lui, alors j'ai reporté le problème en accompagnant Diak à l'hosto, parce que je suis un ex‑plan cul en or. C'était assez loin, pas mal d'hôpitaux avaient fermé à cause de la politique du gouvernement, le plus proche de Cergy était l'hôpital de Sartrouville, celui dans lequel tout avait commencé pour S‑Nin.
Alors que Diak se faisait rafistoler, je poireautais à l'accueil en imaginant Litchi et Grenade traverser la salle avec un clone enfermé dans une valise. Mal organisés comme ils étaient, leur combat avait quand même réussi à durer dix ans, c'était pas si mal. Il fallait bien que ça s'arrête un jour. Qu'est‑ce que je vais faire de Grenade putain ? Si on le relâche il nous tue. Si on le livre à la police... je veux pas faire ça. J'espère que Diak a une idée, il a l'air déterminé à faire la paix ou je sais pas quoi, je pense franchement pas que ce soit possible. Quel genre d'excuse il faudrait qu'on déballe pour que Grenade nous pardonne d'avoir trahi Kiwi et Sartrouville Ninja ? Il nous tuerait à l'instant où on le relâcherait.
Un infirmier est venu me chercher et m'a emmené dans une salle de consultation. Driss était assis sur la table d'auscultation, les jambes dans le vide, torse nu. Par réflexe, je me suis imaginé un petit scénar érotique vite fait. Toi... moi... une table d'auscultation... pendant que dehors, ce serait la guerre, dehors ce serait le chaos. Diak avait un bandage autour du ventre, un autre autour d'une épaule et de la clavicule, où il s'était aussi fait planter, et tout le long des avant‑bras. Il avait des coupures dues aux éclats de verre et des marques de coups au visage, ainsi que de strangulation. Si je m'étais pas pointé, ça aurait été pire. Je me suis avancé vers lui, étrangement intimidé :
— Ça va ?
— Tu peux m'aider à remettre mon pull s'il te plait ?
Il avait du mal à lever son épaule bandée. Je me suis exécuté sans même un petit commentaire, de peur que le doc me désapprouve. Déjà que j'étais sûr que tout le personnel hospitalier soupçonnait que c'était moi qui avais tabassé l'adorable Drissou‑Lapin.
— Pas de mouvements brusques, nous disait le doc pendant qu'on bataillait avec la manche du sweat. Évidemment pas de sport, limitez au maximum les efforts physiques. Hydratez vous beaucoup. Évitez le sexe.
Après coup, je pense qu'il disait ça comme ça, et seulement à l'intention de Diak. Mais puisque je suis qu'une raclure égocentrique, je l'avais pris pour moi (l'idée que Diak puisse coucher avec quelqu'un d'autre était encore en process). Aussi, j'ai répondu à sa place :
— Vous inquiétez pas, doc, on a rompu.
— Rompu ? m'a contredit Diak avec un regard dédaigneux. On n'a jamais été en couple, que je sache.
Le doc nous a virés avant qu'on ait eu le temps de faire une scène de ménage dans son cabinet. Diak marchait, mais doucement, comme un papy. Il s'appuyait sur moi, ce qui l'empêchait pas de me snober. Est‑ce qu'il tient tant que ça à rester fâché ? J'aurais bien besoin d'un allié, pour affronter le terrible Grenade.
— Tu vas me faire la gueule encore longtemps ? Je suis venu te sauver, bordel ! Ça te tuerai pas un merci. C'est quand même pas ma faute si t'es tombé amoureux de moi, c'est pas faute de t'avoir montré mes pires côtés dès le début. En plus ça t'a pas empêché de te servir de moi dès que t'en avais besoin, alors franchement si y en a un de nous deux qui devrait faire la gueule c'est plutôt...
Je me suis interrompu dans ma tirade. Qu'est‑ce que... est‑ce que j'étais en train de sous‑entendre que je n'étais plus fâché ? Ben merde. J'avais pas prévu.
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Kiwi ex machina - seconde partie
Science FictionVictor Carmin a pris une décision. Il doit maintenant faire face aux conséquences. (suite de Kiwi ex machina - première partie)