47. Rien de nouveau sous le nuage de pollution
(By Kiwi)J'ai eu droit à une série d'interrogatoires à cause de l'histoire de la boucle d'oreille micro, mais je n'ai rien dit et ils ont fini par laisser tomber. J'étais déjà démembré et alimenté contre ma volonté, ils n'avaient pas tellement de moyen de pression contre moi.
J'ai donc été renvoyé dans ma cellule où j'ai végété pendant des siècles. Qu'est‑ce que je peux raconter maintenant ? À travers sa boucle d'oreille, Champignon m'avait donné un peu de vie. Maintenant que j'étais réellement seul... J'espèrais au moins qu'eux ils étaient plus heureux comme ça, sans que je leur plombe l'ambiance. Qu'ils avaient arrêté de se prendre la tête. Que Chibs s'était pas trop méchamment fait engueuler.
Du temps a passé et je me suis frappé la tête dans le mur suffisament de fois pour être envoyé à l'infirmerie. C'était chouette, je voyais un peu de gens, on me parlait. J'ai pas été mis à côté de la fenêtre, c'est dommage, j'aurais bien aimé voir un bout du nuage de pollution.
Quand on m'a ramené dans ma cellule, j'ai eu une surprise : Ils avaient capitonné les murs. C'était pas grave, je trouverai bien un autre moyen, je la veux cette place sous la putain de fenêtre de l'infirmerie, et j'ai la vie devant moi pour y arriver.
La porte de ma cellule s'est ouverte à un moment où je m'y attendais pas. Pas que ça ait de l'importance, j'étais en train de fixer le plafond comme je fais toute la journée. Belasco et un autre avaient amené un fauteuil roulant, et ils m'ont mis dedans. Tiens, c'était pas comme d'habitude ça. Où est‑ce qu'on allait ? J'ai essayé de poser la question mais c'est un genre de gargouillis informe qui est sorti à la place de ma voix, ça faisait longtemps que j'avais pas parlé. Belasco m'a donné une claque derrière la tête :
— Commence pas à faire le malin.
Je n'ai rien répliqué, trop content de voir autre chose que mes quatre murs. On a pris l'ascenseur, longé des couloirs, passé plusieurs grilles de sécurité, et puis on a traversé une cour. L'air de l'extérieur m'a claqué sur le visage, il faisait hyper froid. Il y avait du monde dans la cour, d'autres prisonniers. Certains venaient me tourner autour, mais ils se faisaient dégager par Belasco et son collègue. J'avais envie de leur parler, de... de les appeler au secours, mais pourquoi déjà ? J'étais super heureux ! J'avais pas vu le ciel depuis tellement longtemps ! La dernière fois c'était en novembre, pour me rendre à mon procès. Mes yeux avaient perdu l'habitude de voir au‑delà de quelques mètres, je dévorais tout. C'était trop beau. J'essayais de prendre un max d'images pour quand je retournerai dans mon petit carré d'enfer. Même le froid qui me faisait claquer des dents, je l'adorais. Deux secondes à l'air libre et j'avais déjà plus envie de mourir.
On est entrés dans une autre aile de la prison, mais c'était pas grave parce que s'ils voulaient me ramener dans ma cellule, il faudrait qu'on retraverse cette cour magique, j'étais presque impatient. En attendant, on m'a conduit à un parloir. Quoi j'ai une visite ? J'ai pourtant donné aucun nom pour la liste des personnes que j'autorisais. Mes proches sont soit en prison, soit en cavale, soit trop déçus par mon comportement. Pourtant Belasco m'a poussé devant une table, et il s'est reculé dans un angle de la pièce sans me quitter des yeux. En face de moi, il y avait une femme au chignon serré. C'était Maitre Achard, mon avocate. J'avais un peu eu affaire à elle avant mon procès, mais qu'est‑ce qu'elle me voulait maintenant que tout ça était fini ?
— Bonjour Liam, m'a‑t‑elle fait.
J'ai dû couiner et tousser un bon moment avant de lui croasser un bonjour potable. Comme je n'avais pas de bras pour tenir le téléphone, on avait été dispensés du parloir à vitre. À la place, Belasco veillait.
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Kiwi ex machina - seconde partie
Science FictionVictor Carmin a pris une décision. Il doit maintenant faire face aux conséquences. (suite de Kiwi ex machina - première partie)