45. Pour une fois que c'est pas moi qui ai fait la connerie
(By FdB)J'étais à ça de récupérer Diak. À ça ! Jugez plutôt :
Déjà, il m'avait invité pour le Nouvel An. Enfin, il nous avait invités Chibi et moi, mais c'était moi qu'il avait regardé en proposant !
Ensuite, il n'avait jamais enlevé la photo de ma tête de son placard. Il m'avait dit une fois : « Hep Carmin, t'as vraiment cru que foutre une photo de ta sale tronche sur mon placard allait te dispenser de m'en acheter un autre, de payer la livraison, de le monter et d'emmener celui que t'as défoncé aux encombrants, tout ça avant que mes parents et mes sœurs viennent pour Noël ? »
J'ai eu beau protester, chercher des moyens d'y échapper, rejeter la faute sur Chibi et faire une tonne de jeux de mots suggestifs sur le fait que dans la chambre de Drissou‑Lapinou, je démonterai bien autre chose que le placard, rien n'y a fait, j'ai dû me taper la menuiserie.
Diak s'était choisi un placard sur internet, que j'avais été forcé de payer, mais il y a eu des retards de livraison, le truc à mis trois semaines à arriver. Quand enfin on l'a reçu, après les fêtes, j'avais trop la flemme de m'y mettre, j'ai jamais rien pigé aux plans, c'est pas la première fois que je le dis. Que ce soit un plan pour monter un meuble ou un pour sauver des clones, ça fait pas une grande différence. J'ai déballé toutes les planches et les petites vis, et puis j'en ai eu marre, pourquoi je suis en train de faire ça au juste ?
Diak est finalement venu m'aider. Il allait mieux, Chibi l'avait emmené chez le médecin entre les fêtes et il s'était fait enlever ses points de suture. On avait là un Diak tout neuf, prêt à monter un placard et éventuellement Victor Carmin. Ben quoi ? Je sais d'expérience que quand Diak et moi on se retrouve entre quatre murs, tout peut arriver.
— Passe‑moi un tirefond.
— Un tire quoi ?
— Putain tu veux pas faire un effort ? S'est énervé mon ex‑collègue. Je devrais même pas t'aider, tu t'en es super bien sorti pour défoncer mon placard tout seul.
— En parlant de défoncer...
— Oh pitié, pas encore ta blague de merde.
J'avoue, j'avais peut‑être un peu forcé sur le comique de répétition. J'ai ricané. C'était pas désagréable comme taf, finalement. Chibi Kiwi faisait ses cours en ligne avec un casque sur les oreilles, Grenade était sorti faire les courses, c'était comme si on était seuls, Diak et moi, assis par terre au milieu des vis et des planches, en train de s'engueuler juste ce qu'il fallait pour que ce soit caliente. Je me suis fait la réflexion que la vie de couple, ça devait ressembler à ça. Monter des meubles avec Driss Diak. Je me suis senti tout bizarre, soudain.
— Bon ce tirefond, ça vient ?
Bordel, il est quand même hyper relou. Je lui ai passé son tire‑couilles de mes deux. Nos mains se sont touchées quand il l'a pris, et je me suis dit, frappé d'un éclair de lucidité, que c'était qu'une question de temps avant qu'on re‑baise. On allait pas tenir, en nous côtoyant tous les jours comme ça. Et puis qu'est‑ce qui nous en empêche, sérieux ? J'ai sauvé la vie de Diak quand il était étendu par terre au milieu des éclats de verre avec un Grenade enragé assis sur lui. C'était méga sexy. Si je tentais le coup, est‑ce qu'il aurait vraiment le courage de me repousser alors qu'on est là, tout seuls, crevant la dalle, avec un grand lit juste en face de nous ?
— C'est mort, m'a‑t‑il asséné.
— Quoi ? Mais j'ai encore rien dit !
— Pas besoin. Je ne serai plus ton plan cul, Carmin. Jamais. Si tu veux qu'on re‑baise, il va falloir que tu m'invites à diner ou au cinéma, que tu me présentes à ta mère, que tu sois fidèle. Que tu fasses en sorte que je m'énerve pas chaque fois que tu l'ouvres.
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Kiwi ex machina - seconde partie
Science FictionVictor Carmin a pris une décision. Il doit maintenant faire face aux conséquences. (suite de Kiwi ex machina - première partie)