57. Kiwi qui mate le foot en se grattant les couilles
(By Victor Carmin)Quand on est au chômage comme moi, on perd vite la notion du temps. Mais je vais faire un effort pour vous : alors voilà, maintenant on était en juin. Les cheveux de Kiwi avaient poussé, il avait maintenant une mèche blonde qui lui tombait devant les yeux. Ça le gênait, mais Grenade disait que c'était bien : ça le forçait à utiliser ses bras toutes les trois secondes pour essayer de l'écarter. Et moi je trouvais ça so sexy, alors aucun de nous n'a soulevé l'idée de la lui couper.
D'après les actus, Santorga avait enfin réendormi tous ses clones. La situation du côté des facs n'avait pas évolué d'un pouce et le gouvernement avait plus ou moins lâché l'affaire : on approchait des vacances d'été, et ils comptaient sur le fait qu'entre les convictions et les vacances à la plage, les étudiants feraient vite leur choix. Litchi et Noisette seraient dans la merde, à ce moment-là.
De mon côté, ces trois derniers mois avaient été riches en rebondissements :
J'avais évité ma mère, que mon chômage faisait paniquer. Elle était certaine que plus personne me réembaucherait jamais et que j'allais revenir m'installer chez elle. Je t'aime aussi, maman.
J'avais supplié Diak de me hacker l'inscription au Pôle Emploi pour pas avoir à m'y pointer mais ce bâtard a refusé sans aucune raison, j'ai dû retourner dans cet horrible endroit qui n'avait pas changé d'un pot de fleur depuis la dernière fois il y a cinq‑six ans. J'avais refait mollement un CV... Grenade m'a aidé, c'est pas mignon ? C'était bien pour lui faire plaisir, parce que j'avais pas vraiment l'intention de me remettre à chercher du taf maintenant, ma dernière expérience professionnelle avait été plus que traumatisante, cf mon coloc amputé et séquestré dans un tube d'amnio. Il me fallait un peu de temps pour me remettre. En plus, je vois pas pourquoi je me remettrai à bosser alors que Diak non. Pour faire plaisir à ma mère, et à Grenade qui avait l'air d'y tenir, j'ai envoyé une candidature, juste une, chez Sephora. Comme j'avais passé plusieurs mois à faire semblant de bosser chez eux, j'avais un peu l'impression que j'étais des leurs, ça avait créé un lien. En tout cas c'est ce que j'ai écrit dans ma lettre de motivation, mais bizarrement ils ne m'ont jamais recontacté. Bonjour l'esprit d'équipe.
Ça devenait un peu ric‑rac au niveau des sous par contre, Diak et moi tous les deux au chômage et avec deux terroristes à charge dont un qui nous coûtait cher en médocs achetés sur le deep web et l'autre en ingrédients pour la cuisine. Pour déconner j'ai dit à Diak que j'allais résilier mon bail et venir m'installer chez lui pour faire des économies, il m'a envoyé chier. À quoi je m'attendais, haha, cette histoire de relation sérieuse je pige tellement pas comment ça marche, je devrais même pas essayer.
Ce soir là, quand j'allais rentrer chez moi, Diak m'a suivi sur le palier.
— Qu'est‑ce qui t'a pris avec ton histoire de rendre ton appart ? T'étais sérieux ?
Ben... euh...
— Mais non c'était pour déconner patate ! T'as cru que je supporterais de voir ta gueule tous les matins ?
— Ah.
Il a fait un pas vers moi et j'ai pas reculé. Ça sentait la pelle vénère, croyez‑en mon instinct affuté.
— Parce que je t'aurais pas dit non, a‑t‑il dit en m'attrapant par un pan de mon blouson, s'il y avait pas eu Chibi Kiwi. Où est‑ce qu'on le mettra quand on l'aura délivré ? Je peux pas accueillir quatre personnes qui sortent jamais. J'en peux déjà plus de vous tous. Avant j'habitais seul et ça m'allait très bien. En plus on a besoin de ton appart pour baiser.
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Kiwi ex machina - seconde partie
Science FictionVictor Carmin a pris une décision. Il doit maintenant faire face aux conséquences. (suite de Kiwi ex machina - première partie)