40. Réunion des cerveaux
(Accrochez‑vous le génie va fuser)
(By FdB)L'odeur de bonne bouffe qui émanait de l'appart de Diak était suspecte, j'espérais que ça n'allait pas attirer les soupçons des voisins. Est‑ce que les médias avaient révélé au public que Rahim Ozkan le terroriste était un cuisinier hors‑pair ? Si oui, on était foutus.
Diak nous a ouvert et j'ai poussé Chibi Kiwi dans l'entrée.
— Qui est‑ce ? m'a demandé le hacker méfiant.
J'ai fait un signe et Chibi a enlevé son masque à gaz. J'avoue que j'étais curieux de voir la réaction de Diak. Celui‑ci est resté muet. Il a fixé le clone un moment, et s'est avancé d'un pas comme hypnotisé.
— Kiwi ? a‑t‑il fait dans un murmure. Comment...
Il s'est alors tourné vers moi, incrédule, les yeux remplis d'adoration. J'aurais bien aimé le garder dans cet état encore un peu, mais ça n'a pas plu à Chibi :
— Je ne suis pas Kiwi, a‑t‑il expliqué gentiment en sortant ses mains de son manteau pour les montrer et serrer celle de Driss. Je ne suis que son clone, Chibi Kiwi. Euh... enchanté.
Diak lui a serré la main en nous fixant, Chibi et moi, médusé. Je n'ai rien dit, j'aimais trop le voir buguer. Mal à l'aise, le copier/coller à repris :
— Pardon pour le dérangement... je suis venu pour voir Grenade.
Le cerveau de mon ex‑collègue s'est enfin remis en route et il a murmuré d'un air perplexe :
— Le clone de Kiwi qui s'était fait kidnapper à Sartrouville avant la greffe... C'était... merde.
Le vol de Chibi n'avait jamais été attribué à Sartrouville Ninja, qui n'avait vu le jour officiellement que trois ans plus tard, après une attaque dans le même hôpital. Apparemment Diak l'ignorait aussi. L'existence de Chibi signifiait que Kiwi avait renoncé volontairement à ses bras et ses jambes, et c'était une info qui prenait un peu de temps à se digérer.
— Grenadine ! ai‑je appelé alors que Diak reculait pour nous laisser entrer. Viens voir.
Diak s'est assis sur le canapé en tenant sa blessure alors que Grenade sortait de la cuisine. À son tour, il s'est figé, stupéfait :
— Chibi ?
J'imagine qu'on ne pouvait pas tromper Grenade si facilement. Le clone s'est avancé vers lui avec un « yo Grenade » intimidé. Il avait bien senti qu'il était sur le point de se faire engueuler.
— Qu'est‑ce que tu fous ici ? s'est écrié Grenade en l'attrapant par les épaules. Où sont Litchi et Noisette ? Est‑ce qu'ils vont bien ?
— Ouais ouais, t'inquiètes. Ils sont toujours en Hongrie normalement. Je suis revenu ici parce que, euuh, j'étais inquiet pour toi.
Il a essayé un sourire charmeur, mais son numéro n'a pas marché sur Grenade qui a commencé à lui crier dessus comme quoi il avait pas été prudent, qu'il aurait dû rester en Hongrie. Chibi a haussé le ton à son tour, disant qu'il en avait ras le bol d'être tenu à l'écart, qu'il était pas un gosse, qu'il avait tout autant le droit que n'importe qui de se faire Budapest‑Paris en road trip s'il le voulait.
Je me suis posé sur le canapé à côté de Diak.
— Ça va ?
— Hmm. D'où tu sors ce clone ? Qu'est‑ce que tu faisais avec ?
— Jaloux ?
J'ai pas pu m'en empêcher. Diak m'a fait le regard le plus dégoûté et méprisant que je lui avais jamais vu, et pourtant je pensais avoir eu droit à toute la gamme.
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Kiwi ex machina - seconde partie
Science FictionVictor Carmin a pris une décision. Il doit maintenant faire face aux conséquences. (suite de Kiwi ex machina - première partie)