43. ce genre d'adieux
(By Victor Carmin)Je me suis assis sur le lit de mon ex‑plan cul et l'ai regardé faire tout le rituel de la dernière fois, monter le son, vérifier la respiration pour être bien sûr que Kiwi était seul. Puis Driss m'a tendu la radio en me disant où appuyer.
— Tu peux y aller. Fais attention à ne pas parler trop fort. Écoute les bruits. Le micro n'est pas à son oreille comme c'était le cas pour toi, mais dans le port de son bras. N'importe qui dans la même pièce que lui pourrait t'entendre.
J'ai appuyé sur la machine, angoissé à mort. Diak a déguerpi sans demander son reste. Une fois seul, j'ai chuchoté :
— Kiwi ?
Un silence.
— FdB ? m'a finalement répondu une voix froide et inamicale.
Allez. Quand faut y aller. Bon qu'est‑ce que je lui dis, moi ? Merde, j'aurais dû prévoir mon petit post‑it, je suis con.
Le premier truc qui m'est venu à l'esprit ça a été de lui dire à quel point tu me manques, putain t'imagines pas ! À quel point je t'aime. Mais je me suis débiné au dernier moment et je me suis rabattu sur l'humour, ce domaine dans lequel j'excelle :
— Qu'est‑ce que t'as fait à Diak, tu me l'as cassé ? Même moi j'ai jamais réussi à le mettre dans cet état !
Petit flashback de Driss qui me pousse hors de son bureau en hurlant. Ouais bon c'était pas pareil. Kiwi m'a répondu un laconique :
— Ah.
Puis :
— Désolé.
Mais qu'est‑ce qui te prends ? T'as oublié ce que Diak t'a fait ? Baisser son gun et me laisser te faire arrêter ? Et t'es désolé ? Mais c'est complètement normal que tu lui pourrisses la vie, t'excuse pas ! Je me suis bien gardé de dire tout ça à voix haute, par crainte des retombées sur ma personne. Il s'agirait pas que je me fasse engueuler, je rappelle que j'ai une mission, qui est de faire en sorte que le leader de Sartrouville Ninja approuve notre plan et accepte de participer.
— Comment ça se passe dans ta cellule ? ai‑je demandé un peu intimidé. Tu te fais pas trop chier ?
À chaque fois, il mettait une plombe à me répondre, j'avais l'impression que c'était du lag dû au matos, mais j'avais été de l'autre côté de cette boucle d'oreille pendant des mois, et elle marchait très bien. Kiwi mettait juste du temps. Il devait réfléchir.
— ...Ça va.
Et ben putain j'espère qu'il a pas trop surchauffé son cerveau pour me sortir une réponse comme ça. On peut pas dire qu'il m'aide à faire la conversation. J'osais pas entrer dans le vif du sujet, aborder des trucs qui peuvent toucher à l'émotion. Alors j'ai continué bêtement :
— Tu manges bien ? Ils te nourrissent comme il faut ?
Il m'a répondu d'un rire froid et sinistre, puis plus rien. Bon...
Bon bon bon...
J'avais plus tellement envie de parler avec lui, moi. Je devrais aller chercher Chibi et lui faire faire le sale boulot à ma place. Maintenant que j'y pense, parler du copier/coller allait peut‑être éveiller l'intérêt de Kiwi. Grenade l'avait déjà prévenu qu'il logeait chez moi, donc ça m'a paru plutôt safe.
— Au fait, Chibi te passe le bonjour.
Raté : Kiwi est encore resté silencieux. Je me suis demandé si j'avais fait une connerie ou pas.
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Kiwi ex machina - seconde partie
Science FictionVictor Carmin a pris une décision. Il doit maintenant faire face aux conséquences. (suite de Kiwi ex machina - première partie)