51. Grenade ex machina

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51. Grenade ex machina
(by FdB)

J'ai téléphoné à Diak dès que j'en ai eu la faculté mentale. J'en peux plus d'apporter que les mauvaises nouvelles, j'aimerais pouvoir annoncer un truc chouette de temps en temps, comme lui quand il nous a sorti la radio pour communiquer avec Kiwi. Ça c'était ouf ! Moi j'annonce que des choses atroces.

— On fait quoi maintenant ? ai‑je pleurniché après lui avoir tout raconté.

— Faut qu'on y aille, a dit mon ex plan‑cul. Attends‑nous à l'angle de la rue, on vient te chercher.

J'ai quitté Santorga sans prendre la peine de prévenir ou de demander l'autorisation. Avec un peu de chance personne le remarquerait. J'ai un bureau à moi maintenant, c'est normal qu'on me voie plus trainer dans les couloirs. Dix minutes plus tard, je sautais dans la voiture de Diak, et on démarrait à toute vitesse. Grenade était au volant, Driss à l'arrière entouré de terminaux. Mon masque à gaz, mes gants et un flingue m'attendaient dans la boite à gants. Du vrai travail de pro.

— C'est quoi le plan ? ai‑je demandé en enfilant le masque.

— Je m'occupe des alarmes, des portes verrouillées et des caméras, a fait Diak. Vous improvisez.

Ça tombe bien, je suis le roi de l'impro. J'ai quelques moments de gloire à mon actif, dont on se rappelle tous.

Grenade a grogné :

— On sort Kiwi et Chibi Kiwi de là. Par n'importe quel moyen.

Y a pas, on est vraiment des génies. Vu comment il conduisait ce serait déjà miraculeux qu'on se fasse pas choper pour excès de vitesse avant même d'arriver à l'hosto.

— Carmin, a fait Diak en me tapant l'épaule alors que je me cramponnais pour pas être éjecté dans les virages. Prends ça.

Il me tendait une boucle d'oreille. J'ai eu l'impression une seconde qu'on était remontés dans le temps. Je partais infiltrer S‑Nin pour mon patron chéri, épaulé par mon fidèle plan‑cul. Tout allait bien, rien n'était encore parti en couilles. J'ai pris le bijou sans rien dire, même pas une petite blague ou la tentative de firt qui va bien. Nada. J'avais la gorge trop nouée.

— Ce putain de Chibi, a soudain gueulé Grenade. Il en avait rien à foutre qu'on fasse évader Kiwi, tout ce qu'il voulait c'était lui refiler ses membres, quitte à ce qu'il retourne en prison ensuite.

Persone a réagi. Il y avait quoi à dire ? Chibi nous avait niqués. On s'est garés sur le parking. Grenade et moi on est descendus, et Diak a sauté derrière le volant avec tous ses terminaux pour le cas où il faudrait nous récupérer d'urgence.

— Soyez prudents.

— Toi aussi.

On pouvait penser qu'il l'avait belle, à l'abri dans la caisse avec le chauffage et tout son matos pour jouer au démineur en ligne pendant que Grenade et moi on cavale sous les balles, pourtant ça me faisait chier qu'il soit là. Normalement, il devait rester chez lui, la distance a pas d'importance pour son trafic avec la cybersécu. Mais à cause de l'urgence, il avait fallu qu'il vienne, qu'on se dégotte une parodie de plan sur le trajet, qu'il soit prêt à nous rattraper au vol. Ça me plaisait pas. Il s'est pris deux coups de couteaux il y a pas si longtemps, okay il est guéri mais quand même. Diak est un agent de l'ombre, pas un mec qu'on met sur le terrain.

On s'est rués dans l'hôpital, Grenade et moi, puis on a hésité bêtement à nous présenter à l'accueil. Improviser, ils sont marrants. On sait même pas à quel endroit les Kiwis sont, ni à quelle heure ils vont se faire opérer, si c'est pas déjà fait.

Kiwi ex machina - seconde partieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant