48. Mon patron aussi pique les idées des copains

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48. Mon patron aussi pique les idées des copains
(By Victor Carmin)

Je me suis effondré dans le fauteuil du patron, trop déprimé pour jouer la comédie. Après la mise en capsule de Chibi, j'avais suivi Prigent jusqu'à son bureau sans qu'il m'ait rien demandé. J'étais tellement malheureux, je voulais pas m'éloigner de lui.

— Qu'est‑ce qui vous arrive, Carmin, vous avez l'air bouleversé. Ça vous pose un problème qu'on ait réendormi ce clone ?

— C'est pas ça... ai‑je menti. C'est juste que... il ressemble tellement au vrai Kiwi, ça m'a fait bizarre. C'était pas facile de le trahir, vous savez.

— Je sais, Carmin, je sais. Et je vous suis reconnaissant de votre implication. Même si j'aurais préféré que vous le piégiez un peu plus tôt, avant qu'il ne réveille tous nos clones.

— Désolé.

Ça avait pas été de la tarte d'expliquer au patron pourquoi j'avais libéré les clones de mon étage et mis le virus dans la machine. Je lui avais fait croire que j'avais été mis au courant du plan à la dernière seconde car Kiwi doutait de moi, et que dans la panique j'avais joué le jeu. C'était passé.

— On était vraiment obligés de réendormir ce pauvre gars ?

— Il est venu à nous de lui‑même, a fait mon patron sévèrement. Qu'est‑ce que vous vouliez qu'on fasse ? Je reconnais que c'était... dérangeant... de réendormir cette créature. Mais le laisser partir, c'était reconnaitre que les clones sont des humains. Ce serait la fin du clonage. Un désastre pour la médecine. Nous n'aurions plus qu'à mettre la clé sous la porte.

J'ai décidé de tenter, parce que j'aime bien mon patron :

— Vous croyez pas que c'est vrai ? Que les clones sont humains ?

— Carmin, m'a‑t‑il répondu avec un regard fatigué. Vous êtes resté trop longtemps avec Sartrouville Ninja ou quoi ? Que les clones soient humains ou non, ça n'a aucune espèce d'importance. Chez Santorga nous avons un but, un idéal : la science. Le progrès. Une humanité plus stable et plus paisible. Préserver la vie. Que ce « Chibi Kiwi» et tous les autres soient humains ou pas, ce n'est pas la question. La question c'est leur fonction, qui est de fournir des organes à leur souche. Ha. Même le clone de notre ennemi a compris ça. Si Raleigh l'apprend, il verra comme il avait tort, comme tout ce qu'il a entrepris était vain. On ne change pas l'ordre des choses comme ça.

— Et alors est‑ce qu'on va faire la transplantation ? On va greffer les membres de Chibi à Kiwi ?

— J'aimerais éviter. Si Raleigh en fait la demande, refuser serait contraire à notre politique, ça entacherait notre image de fiabilité. Mais si nous acceptons, on va encore avoir toutes les associations sur le dos. L'idéal serait que le grand public n'apprenne jamais cette histoire. Si ça peut se régler avec quelques chèques...

Il s'est interrompu, pensif. Il devait regretter d'avoir viré Diak, parce que c'est pas moi qui risquait de l'aider là‑dessus. À propos de Diak, fallait que je lui dise ce qui se passait, qu'on change le plan, qu'il trouve une solution ou me dise que c'était une bonne chose que Chibi se soit rendu. Il fallait qu'il me rassure.

— Dites patron... C'est okay si je rentre plus tôt ? Ça m'a fait trop bizarre de voir le clone de Kiwi, j'ai un peu l'impression d'avoir vu un fantôme et je me sens pas bien.

— Ma foi.

Prigent a sorti une bouteille de vin de son mini frigo. Un seul verre. J'ai pris ça pour un oui. J'ai dit merci et alors que j'allais sortir, Prigent m'a déclaré :

Kiwi ex machina - seconde partieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant