3 heures que je fixe le plafond de la chambre.
3 heures que la peur me prend aux tripes.
3 heures que je l'entends hurler.
Je presse mes paupières entre elles et essaye de me concentrer sur la balade à la plage avec Brandon. La sensation du vent dans le visage, le bruit des vagues qui s'écrasent contre le sol, l'odeur de l'écume...
Mais même avec ces souvenirs, je ne peux empêcher mon cœur de battre à tout rompre, ramenant à la vie des souvenirs bien enfouis au fin fond de mon crâne.
Je me souviens de sa voix qui cri sur ma mère, et ma mère qui lui cri dessus en retour. C'était comme ça presque tous les soirs, à part ceux où il était ivre et qu'il passait ses soirées ou alors ses nuits selon les jours dans le bar à côté. Je sais que ce n'est pas bien, mais je préférais quand il était ivre. Il était plus... gentil.
Il avait quelque chose dans son regard, de la tristesse en me regardant. Mais il ne l'avait pas quand il regardait Léna. Peut être que c'est moi la source du problème, et que c'était à cause de moi qu'ils se disputaient souvent.
Je me rappelle de ce jour là comme si c'était hier. Je rentrais du collège, et je l'ai vu allongé dans le canapé, complètement bourré, une bouteille à la main. Je lui ai dit bonjour, mais c'est à peine s'il m'avait remarqué, trop absorbé par la contemplation de sa bouteille. Il m'avait dit cette phrase qui est restée gravée dans ma mémoire : « J'attends le jour de tes 18 ans pour avoir ta réaction, je ne voudrai en aucun cas rater ça. Pauvre fille, je te plains. »
Je n'ai pas compris de quoi il parlait, et je ne vois toujours pas de quoi il parle. Il était bourré, il a dû raconter n'importe quoi...
Je me souviens du moment où la porte d'entrée s'est ouverte sur ma mère, elle ne m'a pas vu tout de suite, les yeux sur son téléphone en criant presque de joie. Elle s'est avancée vers mon père et a crié : « On les a retrouvé, on va enfin être débarrassés ! »
Je me souviens aussi de la réaction de mon père, il a d'abord parut étonné, puis un sourire presque soulagé s'est dessiné sur ses lèvres. Et quand ma mère a prit conscience de ma présence, toute trace de joie a disparu.
Je ne sais pas pourquoi les mauvais souvenirs resurgissent d'un coup, mais ce n'est pas bon signe pour ma santé mentale.
Je me lève et me frotte les yeux. La fatigue est présente, il doit être aux alentours de vingt-trois heures trente ou minuit. Brandon est arrivé dans la soirée, sous l'ordre d'Azra, parce que je cite : « c'est trop risqué elle peut sortir d'un moment à un autre sans qu'on s'en aperçoive ».
Je me rapproche de la porte en m'étirant et toque deux fois contre celle-ci.
Plusieurs minutes passent, sans une réponse. Je tente encore, cette fois en tapant plus fort et plus lentement.
Au bout d'une dizaine de seconde, la voix de Brandon me fait sursauter.
- Qu'est ce que tu veux, Ambre ?
C'est vrai ça qu'est ce que je veux ? Sortir peut être, n'est ce pas aussi évident que ça ? Je lève les yeux au ciel, exaspéré de devoir être enfermée dans une aussi petite pièce alors que la maison est gigantesque, puis réponds :
- A boire. Et pisser.
Il souffle d'exaspération, et réplique :
- Chérie ça fait au moins dix fois que tu me demande d'aller aux chiottes en moins d'une heure, ne me prends pas pour une cruche. T'as une infection urinaire ou quoi ?
VOUS LISEZ
Play with the devil Tome 1
RomanceIl a fallut un soir Un regard Une parole Pour que sa vie bascule et se retrouve dans un monde sans pitié, violent et cruel. Arza, un homme que Ambre a croisé une fois cette fameuse soirée, a tout pour plaire. Cheveux noirs, yeux verts, sourire chari...