Chapitre 14 - Défi

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Les guerriers s'écartaient respectueusement alors qu'Ulrik dirigeait Hakon autour du cercle. S'arrêtant quelques instants devant chaque espace entre les pierres. Et chaque fois que le cheval se plaçait, le paysage autour d'eux changeait du tout au tout. Un coup ils se retrouvèrent au milieu d'une forêt dense et humide, l'odeur d'humus assaillit ses narines alors qu'elle entendait au loin le cri d'un aigle. Hakon fit quelques pas et la forêt laissa place à un désert, la chaleur intense lui tomba dessus alors que les rayons des deux soleils lui brûlèrent la peau des joues. Mais déjà Ulrik conduisait Hakon vers l'espace suivant et la nuit tomba d'un coup. Perché en haut d'une falaise face à la mer, le vent salé s'engouffrant dans sa capuche, elle pouvait voir les reflets de la lune sur la mer agitée.

Elle ne comprenait pas par quel prodige le monde changeait autour d'elle, la seule constante étant le cercle de pierre et les guerriers qui patientaient à l'intérieur. Visiblement ils attendaient qu'Ulrik leur ouvre le chemin. Celui-ci fit avancer Hakon vers une nouvelle route et Ishta sut que c'était la bonne.

Le cercle de pierre se trouvait désormais sur un petit plateau à flanc de montagne, offrant une vue dégagée sur le paysage en contrebas. Le bras d'un lac s'enfonçait entre les hauteurs enneigées. Sur la rive d'en face, une plaine s'étalait au pied des montagnes, recouverte en partie par la forêt qui s'engouffrait dans la vallée qui partait au loin.

Il fallut quelques instants à ses yeux pour s'habituer à la lumière, les rayons de Pahala se reflétant sur le lac et sur la neige omniprésente aux alentours. Mais elle finit par apercevoir ce que la lumière lui avait caché. Sur la pleine, au bord du lac, se trouvait un village. Elle pouvait voir de la fumée s'échapper de constructions en bois, apercevoir l'activité sur les pontons du port s'avançant sur le l'eau, plusieurs voiles carrées et colorées voguaient au loin.

« Jorundarholt. », murmura Ulrik avant de s'engager sur le chemin.

Des rires et des cris d'allégresse se faisaient entendre tout autour d'elle. Les Íbúa étaient heureux de rentrer et ils le faisaient savoir. Elle aurait aimé se réjouir avec eux, heureuse d'enfin revenir dans un lieu où elle se sentirait bienvenue et chez elle. Mais à la vue du village son cœur se serra. Elle contempla les quelques kilomètres de neige qui la séparait encore de son futur époux. Tous les questionnements qu'elle avait réussi tant bien que mal à mettre de côté se bousculaient désormais dans sa tête. Comment les femmes allaient-elles l'accueillir ? Le chef qu'elle devait épouser était-il déjà marié ? Ne serait-elle qu'une concubine ? L'épouse essayerait-elle de la tuer comme l'avait fait l'Impératrice avec sa propre mère ?

Quant à son époux capable de faire trembler les huit guerriers les plus terrifiants qu'elle n'ait jamais vu ? Et bien elle préférait ne pas y penser du tout. Elle se devait de limiter sa panique et de garder la tête froide. Elle serait d'abord présentée aux femmes. Il serait toujours temps de s'occuper du reste plus tard.

Ils avaient entamé la descente de la montagne et le chemin étroit était balayé par les vents. Ishta avait l'habitude de la lumière intense des deux soleils mais la luminosité froide et blanche renvoyée par la neige était d'un tout autre niveau. Bientôt ses yeux ne purent en supporter davantage et elle se retrancha à l'intérieur de la cape d'Ulrik. Confortablement installée, elle posa sa tête contre la poitrine du guerrier. Sa respiration calme apaisa la jeune fille, à l'abri du froid et de la lumière, elle se laissa bercer et sombra dans un sommeil léger et agité, se réveillant à moitié à chaque éclat de voix.

Après un trajet qui lui parut interminable elle entendit au loin le son de conversations animées alors que tout autour d'eux s'élevaient des bêlements et des rires d'enfants. La curiosité prit le dessus et elle sorti la tête de la cape. Ils traversaient un troupeau de moutons d'un pas lent et une dizaine d'enfants de tout âge vêtus de laine couraient en tout sens sur le chemin autour des chevaux, interpellant les guerriers en riant. Ishta dut y regarder à deux fois pour s'assurer de ce qu'elle avait vu, mais oui, filles et garçons jouaient et riaient de concert. Celle-ci portait-elle réellement un pantalon ? Non, ce n'était pas une fille...

La bête de la Terre des RoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant