Chapitre 16 - Questions

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*** NOTE ***

Plusieurs personnes m'ont demandé de fournir une traduction aux dialogues des Íbúa. Après une longue réflexion, je ne vais pas le faire.

Comme vous allez le voir maintenant, les discussions qu'Ishta ne comprend pas ne sont pas nombreuses et la barrière de la langue disparaît rapidement.

Mais donner la traduction réduirait de trop la tension pour le lecteur et les dialogues ne sont pas nécessaires pour une bonne compréhension.

Ceci étant dit, j'ai « créé » la langue Íbúa avec des bases d'italien et d'occitan. Peut-être certains lecteurs ont une idée de traduction qu'ils voudraient partager... :)

***

Les jours suivants se révélèrent être des plus compliqués pour Ishta. S'acclimater à cet environnement, sans connaissance de la langue s'avéra encore plus difficile que ce qu'elle aurait cru. Elle était dépassée par les événements et ignorait ce que l'on attendait d'elle.

On lui fournit une chambre à l'arrière de la grande salle. Avec une porte, à son grand soulagement. Elle avait une fenêtre donnant sur le lac, le mur extérieur était en pierres épaisses recouvertes de tapisseries et les autres murs étaient d'un beau bois foncé. Il y avait un lit, une table, une fosse à feu au centre et plusieurs coffres remplis de vêtements et objets du quotidien qu'elle n'osa tout d'abord pas toucher. Einar dût lui confirmer par deux fois que tout leur contenu était bien pour elle et qu'elle pouvait en faire ce qu'elle souhaitait. La pièce n'était pas bien grande mais tout ce qu'elle contenait appartenait exclusivement à Ishta. Elle n'avait jamais été aussi riche.

Elle se retrouva également seule pour la première fois de sa vie.

Pas de nourrice ou de chaperon, pas de sœur ou de servante. Le silence de la première nuit fut d'abord oppressant, elle pleura doucement de ne pas entendre la respiration régulière d'un autre être vivant. Encore une fois elle pleurait. Ce constat la désola. Comment pouvait-elle regretter cette période ? Au moins il n'y avait personne ici pour épier ses faits et gestes. Mieux, il n'y avait personne à qui rapporter ses faits et gestes ! Elle vit alors le silence pour ce qu'il était : sa liberté.

Dès le lendemain, Toumet l'emmena pour ses activités quotidiennes. Accompagnées d'Astrid et d'Ingunn, deuxième fille de Toumet, la plupart des journées était consacrée à suivre l'évolution des préparations en vu du Storkan. Einar lui expliqua plus tard qu'une grande tempête de plusieurs semaines allait s'abattre sur la Terre des Rois, empêchant quiconque de se déplacer. Il leur faudrait alors assez de provisions et de fournitures pour survivre sans avoir besoin de sortir de sa maison.

À son grand étonnement, les trois femmes n'hésitaient pas à user de leurs mains pour aider aux différentes tâches. Un jour, elles vidèrent les poissons fraîchement pêchés en vue du salage, un autre elles déplacèrent elles-mêmes plusieurs piles de bûches pour alimenter les différents feux de la forge alors que le lendemain elles entreprirent de filer plusieurs bacs de laine avec les autres femmes.

La différence avec l'Empire ne pouvait être plus saisissante. Certes les femmes étaient des citoyens à part entière mais la distinction allait au-delà, jusque dans leur vision des interactions sociales même. D'après ce qu'elle avait observé, le statut n'avait de valeur que s'il était soutenu par la connaissance. Elle avait cru que Leif était le chef de leur peuple et Toumet, étant sa femme, dominait sur toutes les autres femmes.

Elle ne pouvait pas être plus loin de la réalité. Ishta en resta muette de stupéfaction quand Einar lui expliqua que Leif ne contrôlait que la guerre. Oui, cette position faisait de lui l'homme le plus puissant actuellement au sein des clans, mais en dehors de la guerre il ne dirigeait rien du tout. Toumet était l'Ensatt de leur clan, elle s'occupait de la politique interne. Mais cela ne faisait pas d'elle quelqu'un à qui il fallait obéir aveuglément. Elle était là pour coordonner et aider au dialogue entre les différents corps de métier mais à aucun moment elle ne donnait d'ordre en attendant d'être obéie sans discuter.

La bête de la Terre des RoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant