De six ans son aîné, Um Dakshi était de loin le plus intelligent, le plus calme et le plus réfléchi de tous ses frères. Il était aussi le plus cruel et le plus impitoyable.
Autant de qualités qui avaient poussé le Roi des rois à le nommer à la tête de ses armées. Sa capacité impressionnante à manipuler son image le rendait aimé du peuple et tous le voyait comme le prince le plus apte à succéder l'Empereur. Quand bien même n'était-il que le fils d'une ortie et ne faisait initialement pas partie de la liste des héritiers. Tous oubliaient bien volontiers que sa place de cinquième prince le vouait initialement à prendre la tête des eunuques.
Écartant de son passage quiconque pouvait le freiner, il avait réussi à tenir la Rose en respect, déjouant toutes ses tentatives pour le faire disparaître et éliminer la concurrence pour son propre fils. Mais Dakshi était tenace, plein de ressources et, surtout, possédait l'appui du Roi des rois.
Et il avait une dent contre Ishta. Elle ne comprenait toujours pas ce qu'elle avait bien pu lui faire, mais de tous ses frères, il était celui qui l'avait le plus tourmentée. Chaque fois qu'elle se retrouvait dans les ennuis, il était là et prenait un malin plaisir à s'occuper de sa punition lui-même, débordant d'imagination pour trouver la plus cruelle ou la plus stupide.
Ishta fut parcourue d'un long frisson alors que les bannières ondulant au vent s'approchaient toujours plus, emmenant avec elles un de ses pires cauchemars.
Ulrik resserra son étreinte autour de ses épaules, bientôt il devrait la lâcher, elle le savait, et elle serait privée de son affection jusqu'au jour de leur mariage, tout du moins en public.
« Sjel, chuchota Ulrik juste pour elle. Tu sais qu'ils ne peuvent plus t'atteindre, tu as tout un peuple derrière toi, ils ne sont que quelques pauvres soldats... »
Étrangement réconfortée par ces paroles, elle profita du peu de temps qu'il leur restait pour leur expliquer qui était son frère.
A peine quelques instants plus tard, la longue colonne de cavaliers, de charrettes et d'esclaves s'arrêta quelques dizaines de mètres devant eux. Cinq des premiers hommes mirent pied à terre. Elle n'eut pas besoin d'attendre qu'ils retirent leurs casques pour reconnaître le prince, tenant de leur père, il dépassait d'une tête tous ses soldats. Et, contrairement à la plupart des nobles de sa suite, affublés d'armure d'apparat plus ridicules les une que les autres, Dakshi ne portait qu'une cuirasse de soldat simple et fonctionnelle. Elle était juste assez rehaussée de quelques dorures pour être reconnu en société mais pas assez extravagante pour être ciblée sur un champ de bataille.
À pieds et leur casque sous le bras, ils parcoururent la distance les séparant de l'entrée du village, rejoint en chemin par un petit bonhomme rondouillard à la moustache impressionnante et en tenue officielle, le souffle court d'avoir remonté toute la colonne en courant.
Le prince salua Ulrik d'un geste de la tête, la main sur le cœur, à le mode de l'Empire et ignora tout bonnement Ishta et Toumet. Prévisible.
« Majesté Um Dakshi, prince en trois de la mer verte d'Or, émergé bébé depuis la Ortie, générale en dessus du les armées, bien-en-amour du le mon Peuple, salutation à vous. » dit le petit bonhomme dans un Íbúa bâclé et à l'accent grossier.
Comme il avait été convenu, Toumet et Ulrik se tournèrent vers Ishta, attendant une traduction. Mais la pauvre faillie éclater de rire devant leur regard sincèrement confus et, pour être franche, Ishta les comprenait. Si elle n'avait pas connu les formules de politesse que l'interprète avait essayer de traduire, elle se serait retrouvée tout aussi perdue qu'eux.
« Sa majesté Um Dakshi, annonça-t-elle à Toumet d'une voix forte et claire. Troisième prince des jardins d'Or, descendant d'une Ortie, général des armées, Bien-Aimé du Peuple, vous salue. »
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La bête de la Terre des Rois
RomanceÉlevée dans une culture où les femmes n'ont d'autres rôles que celui de décoration ou d'esclave, Ishta est battue par son père dans le cadre d'un rituel matrimonial particulièrement cruel. Les barbares du nord ont envahi l'Empire et, pour sauver ce...