C'est une chaude journée d'été comme on en a connue peu dans mon village natal. Un jour ordinaire, ennuyeux à mourir, où j'ai décidé de me promener un peu. Le soleil était à son zénith et ma mère m'a fortement déconseillée de sortir. Mais lui désobéir fait partie de mes passetemps favoris, alors je m'en donne à cœur joie. Et me voilà, un chapeau de paille vissé sur le haut du crâne, je déambule joyeusement dans les rues pavées, les rayons du soleil dévorant ma peau pâle.
Les vacances scolaires ont commencé il y a deux semaines et depuis, je sors le plus souvent possible pour être loin de ma mère. L'année prochaine, j'entrerai au collège et elle ne me lâche plus avec ça.
« C'est une grande étape, dit-elle tout le temps. Il faut que tu me rendes fière ! Ne fait pas honte à notre famille. Rend-moi fière Annabelle ! »
Pour être franche, toute cette pression commence à peser sur mes fines épaules, même si j'essaye de le cacher. Je ne vois pas ce qu'elle attend de moi, ni pourquoi elle place autant d'espoirs en moi. Après tout, c'est simplement une année scolaire de plus à s'ennuyer sur les bancs de l'école. Je n'aime pas l'école, au grand damne de ma mère qui s'en désole. Elle dit qu'une jeune fille de bonne famille se doit de recevoir une éducation exemplaire, et que je suis égoïste de m'en plaindre.
J'essaye d'oublier mes soucis et ferme les yeux pour écouter le gazouillement des oiseaux au loin. Dehors, c'est comme si le temps s'est figé. Les trottoirs déserts, les volets fermés, tout le monde se confine chez soi, cherchant à se garder de la chaleur. C'est donc sans surprise que je flâne tranquillement seule parmi les boutiques du centre-ville, alors que la brise fraiche des ventilateurs me parvient de l'intérieur.
La façade claire de l'hôtel de ville scintille sous le soleil, me faisant me sentir minuscule face à la devanture imposante du bâtiment. Mais ce qui m'intéresse le plus, c'est la petite fontaine en contre-bas. J'ai pris l'habitude de venir ici pour me rafraichir, l'eau lipide coule entre mes doigts et rayonne comme un diamant. J'aime bien observer les angelots en haut de la fontaine. Ils indiquent chacun une direction différente. L'un le sud, l'autre l'ouest, le troisième l'est et enfin, le dernier, le plus dodu, le nord. Comme une boussole.
J'aime me dire qu'en venant ici, je ne serai plus jamais perdu, que peu importe le chemin que je choisirai d'emprunter, il y en aurait toujours un pour me reconduire auprès des personnes qui me sont chères. Grâce à ces petits angelots, je ne pourrais jamais me perdre.
Les dalles fument sous mes sandales en cuir alors que je me penche au-dessus de l'eau luisante et me rafraichis le visage. Des pièces jaunes gisent au fond, porteuse des souhaits de ceux qui les ont déposées là.
« Es-tu un ange ? »
Une fillette, assise sur le muret, les pieds dans l'eau, me détaille avec de grands yeux attentifs. Mon air surpris creuse ses joues en un sourire. Elle a l'air un peu plus jeune que moi. Les verres roses de ses lunettes miroitent le soleil et illuminent son visage bronzé constellé de tâches de rousseurs. Sa question ne trouve pas de réponses.
« Hein ?
- Tu ressembles à un ange. Les vœux dans la fontaine, tu es venue les exhausser ? »
Je ne sais pas vraiment quoi répondre à ça. Cette fille est bien étrange. Elle observe son reflet un instant, puis sort de l'eau dans un bouquet d'éclaboussures, ses boucles brunes dansant gracieusement dans son dos.
« Non, je ne suis pas un ange.
- Qui es-tu alors, si tu n'es pas un ange ? Une déesse ?
VOUS LISEZ
The Price of Freedom
Science Fiction- liberté ; état de quelqu'un qui n'est pas soumis à un maître La guerre, les explosions, la mort. C'est ce qui compose la vie d'Annabelle, une jeune fille qui tente désespérément de se libérer des chaines du passé. Tout autour d'elle ne cesse de...
