|22| Bas les masques !

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S'amuser ? Profiter de la fête ? Honnêtement, je ne vois pas comment je pourrais m'amuser dans ces conditions, alors que je lutte pour ne pas cracher toute ma rage aux invités qui se prélassent autour de moi. Tout est faux dans leur comportement, et pourtant ils se plaisent à jouer leur petite comédie qui me donne envie de vomir. Une chose parvient néanmoins à me calmer : l'odeur alléchante s'émanant du buffet.

Nous concluons de nous séparer, à la recherche de notre informateur. Je glisse entre les gens, adressant des sourires hypocrites à ceux qui daigne m'échanger un regard. En attendant qu'Elliot Calvin sorte de l'ombre, rien ne m'empêche de goûter au buffet, car je ne mettrai pas un pied sur la piste de danse avec mes piètres talents.

Même si cela me coûte de l'admettre, je ne le regrette pas. Des plats des plus audacieux ont été mis à disposition sur une longue table pleine à craquer, recouverte d'une nappe scintillante. Je goûte aux toasts au fromage et me ressers une mini-brochette de tomates cuites enrobées de miel. Je lèche mes doigts collants en veillant que personne ne m'ait vue.

J'entends les gens rirent à gorge déployée en se resservant dans des flutes en cristal. Ils touchent à peine au buffet, si bien que je me demande comment ils tiennent debout avec seulement de l'alcool dans le sang.

Plus je regarde autour de moi, et plus je regrette l'ambiance de la Taverne, la sono crachant la musique à plein volume, les corps qui se déhanchaient en rythme avec leur battement de cœur. Au moins, ceux qui venaient là-bas donnaient vraiment l'air de s'amuser.

Les bals organisés par le Président Smith paraissent bien ternes en comparaison. Mais je ne m'en formalise pas. Si tout se passe comme prévu, je serais partie d'ici d'en moins d'une heure. Mais il y a toujours un hic...

« Vous devriez essayer les roulés à la cannelle. Ils sont délicieux. »

Cette voix ! Impossible ! Je ne l'avais pas entendue...depuis cinq ans ! Ma gorge se serre tandis que j'avale une dernière bouchée qui me paraît écœurante. Heureusement que mon masque cache partiellement mon visage, sinon il aurait vu à quel point je suis pâle.

« Vous allez bien ? M'interroge le Comte DeValois par-dessus son verre. »

C'est lui ! C'est vraiment lui ! Plus grisonnant et le visage plus creusé que la dernière fois que je l'ai vu, mais je reconnaîtrai cet homme entre mille. J'ai tout perdu à cause de cet homme.

Lui par-contre, ne semble pas m'avoir reconnu. C'est une chance. Sinon, je serais déjà morte à l'heure qu'il est. Je ravale donc ma peur et déteste que ma voix ne soit pas plus claire quand je lui réponds :

« Oui. Tout va bien. »

Il faut que je parte d'ici, que je m'éloigne de lui pendant que j'en ai encore le temps. Je balaye la foule du regard à la recherche de Galen ou Aaron. Cette situation m'est bien trop familière à mon goût. Nous n'aurions jamais du nous séparer. J'essaye de me détourner de Devalois mais mon malaise doit l'intriguer, car il me fixe intensément. Un vent de panique me gagne.

« On ne se serait pas déjà vu ? Vous me rappelez quelqu'un. »

Je sais très bien qui je lui rappelle, parce que c'est moi ! M'aurait-il déjà reconnue ?

« M-Moi ? Cela m'étonnerait beaucoup monsieur le Comte. Je ne crois pas avoir déjà eu l'honneur de faire votre connaissance. »

Il est inutile de paniquer, je dois simplement m'arranger pour qu'il ne s'intéresse pas trop à moi. Si j'ai appris une chose pendant le bref et seul moment où nous étions ensemble avant ma fuite, c'est qu'il baisse facilement sa garde si on flatte son énorme égo.

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