Le jeudi fatidique arriva plus vite que je ne l'aurais pensé. Après quelques chapitres d'Orgueil et Préjugés, nous étions déjà deux jours plus tard. Le temps défilait à une vitesse drôlement inconstante.
Je partis à pied pour rejoindre le café indiqué par Annabelle. Il n'était qu'à une petite demi-heure de marche, inutile d'emprunter les transports pour si peu.
Malheureusement pour moi, la pluie commença à tomber à mi-chemin. Maligne, je n'avais prévu ni capuche ni parapluie. Je commençai à courir sous l'averse, dans l'espoir que je ne finisse pas complètement trempée.
Peine perdue. Arrivée devant le café, j'étais mouillée jusqu'aux os. Mes cheveux blonds gouttaient presque autant que le ciel sur ma tête. Mon manteau était tellement imbibé d'eau qu'il détrempa sur mon pull. Quant à mon pantalon, il n'était pas en meilleur état. Au moins, le peu de maquillage que j'avais mis était waterproof ; je n'aurais pas le visage d'un raton laveur en entrant à l'intérieur.
Dedans, la pièce était chaude, un contraste plus qu'agréable avec l'extérieur. J'essorai mes cheveux sur le trottoir, la porte entrouverte, avant d'entrer complètement. La même serveuse que la fois dernière m'accueillit avec un sourire.
— Vous êtes sacrément trempée !
— Je suis venue à pieds.
— Attendez, je vais vous aider.
Elle contourna le comptoir pour me prendre mon manteau.
— Je vais l'installer près des radiateurs.
Quand elle vit mon pull presque aussi humide, elle grimaça.
— Tu as quelque chose en dessous ?
— Un débardeur.
Même s'il faisait bon, il ne faisait pas suffisamment chaud pour que je me promène avec un simple petit top. Puis, c'était peut-être un peu bête, mais j'avais la désagréable impression de me déshabiller pour me mettre à nue. L'été, je portais volontiers ce genre de hauts, mais le fait d'enlever toutes ces couches d'un coup me mettait un peu mal à l'aise.
— Tu peux t'enrouler dans l'un des plaids.
Sur les banquettes, il y avait en effet plusieurs plaids à disposition des clients. Bon gré mal gré, j'enlevai donc mon pull. Par chance, il n'avait pas encore mouillé mon débardeur. Je surpris le regard furtif de la serveuse sur mon décolleté, mais elle détourna les yeux sans tarder.
— Je te les mets là-bas.
J'étais tellement gênée que j'oubliai de commander quoi que ce soit. À la place, j'avançai vers le fond de la boutique où Lance et Annabelle m'attendaient déjà.
Comme l'on pouvait s'y attendre, il tirait une tête jusqu'à par terre. Ses yeux balayèrent mon arrivée quelques secondes, puis il fit mine de s'intéresser aux notes devant lui. Annabelle me fit un accueil plus chaleureux.
Je m'assis à côté d'elle et passai un plaid autour de mes épaules. Lance était assis face à nous, occupant une banquette à lui seul.
— Tu es vraiment toute trempée, gémit-elle. Pourquoi venir à pied avec un temps pareil ?
— Susciter ce genre de réactions, souffla Lance en me dédiant un regard glacé.
Je l'ignorai, Annabelle aussi.
— Je n'aime pas prendre le métro. Et le temps n'était pas mauvais quand je suis partie, lui précisai-je.
Il n'eut rien à y redire, bien heureusement. Annabelle commença à me montrer ses notes, et à m'expliquer ce qu'ils avaient fait le temps que j'arrive.
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Louve [En pause]
Teen Fiction« Le silence est une mélodie que je ne peux plus écouter. L'obscurité de la nuit est aussi celle qui voile mon cœur. » Pour sa dernière année de licence, Louve est de retour à Bagnan, une ville qu'elle a quittée dix ans plus tôt. Elle aimerait un no...