Chapitre 32

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  Une fois assise dans le cabinet, je dus me faire violence pour y rester. Il n'était en rien similaire à celui que j'avais fréquenté par le passé, mais l'idée de me retrouver face à un médecin pour discuter de mes traumatismes ne m'enchantait guère.

Mes fesses reposaient au bord du divan beige, prêtes à se lever. La psychiatre avait choisi des couleurs apaisantes pour sa décoration. L'un des murs était d'un jaune ocre tandis que celui d'à côté tendait vers un gris clair. Au sol, un parquet ciré, puis une grosse lampe qui renvoyait des couleurs chaudes, tamisant l'espace afin de le rendre encore plus chaleureux. Derrière son large bureau en bois clair, la psychiatre pianotait en silence, ses longs cheveux bruns ramenés en une queue de cheval serrée.

Lorsqu'elle finit ses manipulations, elle tourna un visage souriant vers moi.

— Pouvez-vous me rappeler votre prénom ?

— Louve.

— Très bien, Louve. Vous êtes ici sous la recommandation du docteur Tissoni, c'est ça ?

Je hochai la tête.

Elle se redressa de son fauteuil afin de prendre place sur une chaise en face de moi. La table basse, pourvue d'un joli vase garni de fleurs et d'une petite pile de magazines, faisait office de barrière entre nous.

— Que vous est-il arrivé ?

Il m'était arrivé un certain nombre de choses. Beaucoup trop pour savoir par où commencer, d'ailleurs. Devais-je débuter ce récit à mon déménagement ? Parler du divorce de mes parents ? De ce qu'il s'était produit l'année dernière ?

Tout en me frottant nerveusement le bras gauche, j'optai pour le plus évident.

— J'ai fracassé une baie vitrée avec une chaise. Des personnes mal intentionnées m'avaient enfermée dans la bibliothèque de mon université, précisai-je à voix basse.

— C'était une solution radicale, vous ne trouvez pas ?

Je n'aimais pas la façon qu'ils avaient d'arrondir leurs phrases, de les lisser afin qu'elles ne heurtent pas les désaxés qu'ils croyaient avoir en face d'eux. Elle pouvait dire que ma réaction était démesurée, elle pouvait même ouvrir les yeux au grand, s'exclamer de stupeur ; je n'allais pas vriller pour si peu.

— Si ce n'était pas le cas, je ne serais pas assise ici, répliquai-je d'une voix lasse.

Un sourire amusé, bien que discret, retroussa ses lèvres.

— Pourquoi avez-vous réagi ainsi ?

— Je souffre d'un stress post-traumatique, répétai-je d'un ton égal. Les environnements clos, silencieux et dépourvus de lumière m'effraient.

Elle commença à prendre des notes.

— Est-ce que ces facteurs vous effraient même lorsqu'ils sont séparés ?

— Le silence, oui. Les environnements clos, un peu. L'obscurité, je m'en accommode.

J'avais la sensation désagréable de réciter une fiche dûment apprise. Pendant qu'elle écrivait sur sa feuille, mes yeux balayaient la pièce, admirant les moulures au plafond, le paysage peint sur un tableau et la porte située non loin de moi. Surtout la porte.

— Vous m'avez dit que vous souffriez d'un stress post-traumatique. Pouvez-vous m'en dire davantage ?

Après ces longs mois, des heures interminables de thérapies, ainsi que mon esprit qui s'amusait à me faire revivre ces moments douloureux, j'aurais sans doute dû paraître moins chamboulée. J'avais relaté ces évènements à de nombreuses reprises, étudié mes sentiments et émotions face à cet enfer, mais toutes ces initiatives n'avaient jamais rendu cette histoire plus simple à raconter. Chaque fois, ma gorge se serrait douloureusement, comme si j'étais prise d'une angine subite, puis mon cœur s'accélérait, en proie à de dangereux vertiges.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 29, 2023 ⏰

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Louve [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant