Annabelle monta dans le camion avec moi et tint la main sur tout le trajet. L'idée de me retrouver à l'hôpital me terrifia tellement que l'on dut m'injecter un anxiolytique dès mon arrivée là-bas. Je me réveillai plusieurs heures plus tard, seule, une fois de plus.
Heureusement, une infirmière fit son entrée deux minutes après que j'eus ouvert les yeux. Elle était d'une gentillesse sincère, et chacun de ses gestes était empreint de douceur. Elle me demanda comment je me sentais, si elle devait me faire apporter mon dîner, puis si la moindre chose pouvait m'aider à traverser ce moment difficile. La voix enrouée à force d'avoir hurlé, je répondis.
— Est-ce que vous pouvez allumer la télévision ? J'aimerais simplement un fond sonore.
L'infirmière s'exécuta derechef et me mit une émission à laquelle je ne prêtai aucune attention. Elle observa mes bandages, prit ma température, puis m'indiqua qu'elle reviendrait d'ici quelques minutes avec un repas chaud.
J'acquiesçai sans conviction, bercée par les voix diffuses de la télévision.
Sur ma table de chevet, je vis mon téléphone. Je le pris d'un geste machinal et enlevai le mode avion ; peut-être que le personnel médical l'avait mis pour que je me repose un peu.
La lumière de l'écran m'éblouit quelques secondes. Je plissai les yeux en avisant les notifications qui s'affichaient les unes après les autres. Des messages et des appels manqués provenant de mes nouveaux amis. Une part de moi en demeura coite ; j'avais des gens autour de moi qui s'inquiétaient.
Le premier message que je lus, ce fut celui d'Annabelle. Elle m'expliquait qu'elle avait été obligée de quitter l'hôpital, mais qu'elle reviendrait dès demain. Son message précisait qu'elle avait seulement informé Johanne, car celle-ci l'avait appelée lorsqu'elle ne m'avait pas vu revenir. Pour les autres, elle préférait me laisser décider de ça par moi-même. À la fin, elle avait ajouté qu'ils pourraient venir ensemble si j'avais envie de les voir. Cette idée me réchauffa le cœur.
Après lui avoir répondu, je pris le temps de répondre à Victoire qui me demandait la raison de mon appel. Quant à Johanne, je la rassurai sur mon état la minute d'après.
J'avais aussi un appel manqué d'un numéro inconnu. La personne n'avait laissé aucun message, alors j'estimai que c'était une simple erreur.
Victoire me rappela assez vite, sa voix cristalline s'inquiétant et vociférant à l'intention de ces deux étudiantes.
— Mercure est entrée en phase rétrograde depuis seulement quatre jours, et te voilà déjà empêtrée dans des relations désastreuses !
— Ça n'a pas commencé il y a quatre jours, la rassurai-je avec un sourire qu'elle ne pouvait voir. J'ai des relations désastreuses depuis longtemps.
— Oh Louve... Tu sais, j'ai hésité à t'offrir un bracelet en labradorite après notre rencontre. Je l'ai acheté il y a presque quatre mois, sans savoir pourquoi. Maintenant, je sais que j'aurais dû te le donner.
— Je ne suis pas certaine qu'il aurait évité cette situation.
— Peut-être, mais il t'aurait aidé à canaliser toutes ces pensées qui t'ont submergée. Son pouvoir est très puissant, il te protégera aussi de toi-même. Tu sais quoi, je te l'apporterai demain matin.
— C'est gentil, merci, lui dis-je avec sincérité.
Nous discutâmes pendant près d'une heure. Entre-temps, l'infirmière avait réapparu avec mon dîner — des coquillettes et une cuisse de poulet — que j'avais picoré distraitement durant tout l'appel. À la fin, je réalisai que j'avais tout englouti ; même mon dessert.
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Louve [En pause]
Fiksi Remaja« Le silence est une mélodie que je ne peux plus écouter. L'obscurité de la nuit est aussi celle qui voile mon cœur. » Pour sa dernière année de licence, Louve est de retour à Bagnan, une ville qu'elle a quittée dix ans plus tôt. Elle aimerait un no...