Au cours des deux dernières semaines avant mes dix-huite ans, j'ai passé mon temps à prier sans relâche et à pleurer. Je ne pouvais pas mourir de cette façon-là. Mais comment échapper au triste destin qu'était le mien ? Les jours passèrent si vite et mon anniversaire était proche. J'ai arrêté de manger et j'ai commencé à faire des cauchemars sur ce démon. Dans chacun d'entre eux, mon châtiment était pire que le précédent. À ce stade, le sommeil ne venait plus. Les cernes commencèrent à se dessiner sur mon visage si pâle. La veille de mon anniversaire, ou devrais-je dire, de mon sacrifice, plusieurs habitants du royaume vinrent m'acclamer devant ma tour comme étant leur héroïne. Je les regardais depuis mon balcon, mon visage n'affichait aucune expression. Ils essayaient de me consoler, visiblement, mais je ne suis pas dupe. Je suis retournée dans ma chambre et j'ai pris soin de refermer la porte de mon balcon ainsi que les rideaux. Ce soir-là, pour la toute première fois, j'étais seule. Mes servantes qui dormaient habituellement à côté de mon lit étaient parties. Je me sentais seule et terrifiée. Les larmes coulaient abondamment sur mes joues. Je me suis arrêtée là. Je me suis recroquevillée dans un coin de mon lit, priant que tout cela ne soit qu'un cauchemar dont j'allais me réveiller. Je finis par m'évanouir de fatigue, pensant que c'était la fin. Un bruit me réveilla très tard dans la nuit. Je me suis redressée sur mon lit d'un geste rapide tout en poussant un léger gémissement. J'ai parcouru la pièce du regard, mais rien n'était visible. La faible lumière des bougies ne m'aidait pas. Au contraire, elle donnait un air lugubre à ma chambre. Puis je sentis un souffle glacé sur ma nuque. J'ai de nouveau sursauté, mais en me retournant, je vis les rideaux de mon balcon qui virevoltaient dans le vent. Je me suis approchée doucement pour refermer la fenêtre. Mais dès que j'eus fini, je sentis à nouveau ce souffle dans ma nuque. Donc ce n'était pas le vent... J'ai pris un petit couteau sur ma table de chevet par réflexe et j'ai crié :
-Qui que vous soyez, partez, je suis armée !
Ce fut un lourd silence qui suivit et me mit mal à l'aise. Puis, d'un coup, un petit rire masculin s'éleva du canapé en face de ma cheminée. Je me suis figée sur place. J'avais perdu le sens de l'équilibre. Je voulais réagir, mais je n'y arrivais pas tant la peur me submergeait. Je voyais à présent une grande silhouette assise dos à moi sur le canapé. J'ai rassemblé toutes mes forces pour articuler une phrase et j'ai murmuré : "Qui... Qui êtes-vous ?" La silhouette se redressa brusquement. Mon cœur manqua un battement. Elle se retourna vers moi et commença à marcher lentement. Les larmes se mirent à couler de plus belle. Je tenais le couteau fermement dans mes mains moites pensant naïvement que je pouvais l'intimider. Plus cette silouhette se rapprochait plus elle devenait grande. Dans la faible lumière de la chambre je ne decernais que quelques traits de son corps imposant . Je fermis les yeux espérant qu'elle disparaisse mais cette chose qui était à présent à quelques centimètres de mon visage me murmura:
-As-tu peur de moi?
Je n'ouvris pas les yeux de peur et me contenta de dériger le couteau vers la source de cette voix:
-Laissez moi je suis armée je vous dis.
La chose me saisit soudainement le poignet qui tenait le couteau et l'approcha de son cou et me chuchota:
-Vas y plante le dans mon cou si tu en as l'audace.
A ce moment là j'ouvris les yeux et je gémis de surprise en voyant que son visage était plus proche que je ne le pensais. Et malgré tout je ne decernais que ses grand yeux couleur émeraude qui transperçait les miens. J'en ai eu le souffle coupé. Il répéta de nouveau d'un air plus menaçant:
- Vas-y, tue-moi si tu en as l'audace, je te dis !Je ne savais pas ce qui m'a pris à cette instant là, mais j'ai retiré ma main et laissé tomber le couteau dans un bruit sourd. Les yeux de cette chose continuaient à me fixer et d'un coup, elle s'est rapprochée encore plus de mon visage. J'ai essayé de la repousser, mais en vain, elle était bien plus forte que mon petit corps fragile.
L'instant d'après, j'ai senti quelque chose de chaud sur mes lèvres. Mes yeux restérent fermés. Je n'avais pas le courage de les ouvrir à cause de la peur. Les larmes roulaient sur mes joues pendant que je cherchais en moi un peu de courage pour me débattre, mais rien. Mon corps ne répondait plus...
J'ai fini par ouvrir lentement les yeux et fus horrifié de voir ces yeux verts émeraudes à quelques centimètres des miens. J'ai doucement compris ce qui se passait. Ce monstre m'embrassait.
C'était donc ça un baiser...Ce fameux baiser dont mes servantes me parlaient. C'était donc ca ce fameux acte suave à l'odeur de parfum que se partageaient les amants pour symboliser leur amour.
Mais où était l'amour avec moi? Sais-je au moin ce qu'était réellement l'amour moi qui n'entendait parler de ce sentiment que dans les nombreux livres que je lisais?
Je ne ressentais rien, ni passion ni picotement dans le ventre. Peut-être est-ce dû au fait que mon premier et dernier baiser a été partagé avec un démon qui en voulait à ma vie?
Et d'ailleurs pourquoi m'embrassait-il? N'était-il pas sensé achever ma misérable existence pour satisfaire son sadisme?
Je ne comprenais rien à ce qui était en train de se passer. Mes larmes se mêlaient à la confusion que je ressentais à cause de ce baiser.
Je sentis soudainement une quiétude de l'âme m'envahir. Comme çi mon coeur s'est libéré du lourd fardeau qu'il portait.
Le temps s'arrêta pour moi à cet instant, mon corps réagissait de sa propre volonté.
Ma main glissa dans le dos de ce monstre et s'aggripa à lui.
Je ne ressentais plus de peur, et aucun autre sentiment d'ailleurs...
Le démon décolla finalement ses lévres des miennes ce qui me laissa une sensation froide sur la bouche.
Ses yeux ne me quittérent pas dans ce noir qui nous entourait.
J'étais tétanisé. A part mon cerveau, rien ne répondait. Mon corps froid bascula sur le côté et tomba dans les bras de cette chose.
Mes yeux commencèrent à se fermer lentement et une dernière pensée traversa mon esprit avant que je ne perde connaissance: c'était donc ça la mort? Si j'avais su qu'elle était si douce je ne m'en serais pas privé pendant dix-huite ans de souffrance...
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The demon's heart (tome 1)[ en réécriture]
RomanceQu'est-ce que ca fait que d'être né pour finalement être sacrifier? Magdalena a connu cette douloureuse sensation. Son destin était scellé...Du moin il était entre les mains d'Arthur un prince démon qui la voulait à tout prix. Magdalena n'avait pa...