"Mais que deviendrait tout ce que j'ai sacrifié pour ce sport ? Les Jeux Olympiques représentent plus qu'un rêve pour moi, c'est l'objectif de ma vie."
Patineuse de haut-niveau, Olivia parvient enfin aux championnats du monde de Patinage Artistique...
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L'ambiance est glaciale avec Olivia depuis notre retour des régionales. Elle a parfaitement raison pour la séquence de twizzles ratés. C'est moi qui me suis foiré. J'espérais tellement donner une médaille à Olivia malgré tout, que je me suis emmêlé les patins. Et à cause de moi, elle a trébuché et manqué de tomber.
L'image d'Olivia qui pleure dans ce couloir en répétant qu'elle ne serait jamais une championne ne quitte pas mon esprit depuis que c'est arrivé. Je voulais plus que tout lui prouver qu'elle a tort.
Elle méritait cette médaille. Plus que n'importe qui.
Le fait qu'elle n'en démorde pas fait d'elle une personne bien plus impliquée que je ne l'aurais pensé. Et je sais qu'elle sait que je sais qu'elle a parfaitement raison. Je refuse juste de l'admettre. Stupide fierté.
Il faut maintenant que l'on se concentre sur notre prochaine compétition. Après une bonne semaine de repos bien mérité depuis les Régionales, nous sommes complètement d'attaque. Nous n'avons pas parlé depuis une semaine et... ça me manque, je crois. Aussi étrange que cela sonne dans ma tête, j'ai hâte de la retrouver.
Une nouvelle saison commence avec les Nationales, ce qui signifie qu'il faut que l'on change complètement de programme. C'est un véritable défi de construire un tout nouveau programme avec si peu d'écart entre ces deux compétitions, mais je suis persuadée qu'Olivia le relèvera avec brio. Elle l'a bien fait pour les régionales. En tout cas, avec ma mère et Archie pour construire nos chorégraphies, je suis convaincu qu'on y arrivera.
Pendant l'échauffement, Olivia ne m'adresse pas un regard. Nous patinons côte à côte, sans nous adresser la parole. Pourtant, elle a une expression neutre sur le visage, pas le moindre signe de colère.
— Cette saison le thème c'est le blues et ses variantes. Et pour la danse imposée, on doit réaliser une section de Midnight Blues, j'explique à Olivia après l'échauffement. Et je pensais à cette chanson, je propose en lançant la musique sur mon téléphone.
Elle lève les yeux vers moi. Il s'agit d'un blues/rock que ma mère a coupé et arrangé pour qu'elle corresponde exactement à la limite de temps et au rythme imposé. Elle hoche la tête en rythme et tapote le dos de sa main pour compter le tempo.
— Après c'est peut-être pas la meilleure des idées comme musique...
— Non ça va, je le sens bien, m'interrompt-elle.
— T'es sûre de toi ?
— Oui, je voudrais surtout pas te contredire, tu n'as jamais tort après tout, elle lâche avec sarcasme.
Bon.Olivia l'a toujours en travers de la gorge, et j'ai bien mérité sa pique. Elle poursuit l'entraînement sans aucun autre mot.
Ma mère a relacé ses patins aujourd'hui. Elle maîtrise parfaitement le blues en danse sur glace et on en profite pour faire une démonstration à Olivia. Nous répétons ensemble le motif imposé pendant deux heures, jusqu'à qu'il soit ancré dans chaque fibre de nos muscles. C'est une des danses les plus difficiles et les juges sont intransigeants dessus. Et si d'habitude on arrive à se coordonner et à travailler, aujourd'hui on est totalement à l'opposé l'un de l'autre et ça se répercute sur notre humeur.
