17. Naufrage

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— N'oublie pas Olivia, l'objectif c'est clairement pas la médaille. Il faut qu'on soit... il commence avant que je ne l'interrompe.

— Minimum cinquièmes pour être qualifiés, je sais.

Pas du tout de pression donc. Seul les cinq premiers de chaque catégories peuvent espérer se qualifier pour les Nationales dans deux mois et demi. Nous sommes dix couples à concourir en danse sur glace et nous passons en septième position.

Nous venons d'enfiler nos costumes : une robe violette à frange et à strass assortis, inspirée du carnaval de Rio pour moi et pour Sam, une tenue très sobre composé d'un pantalon noir et d'une chemise violette pailletée, ouverte de plusieurs boutons. Une tenue qui lui sied à merveille et qui fait ressortir ses magnifiques yeux verts.

Dans la salle jouxtant l'Arena, nous nous échauffons au sol et répétons une dernière fois notre chorégraphie en compagnie des autres concurrents avant de rejoindre la patinoire. Les gradins ne sont pas entièrement remplis mais du monde s'est déplacé. Le deuxième groupe de patineurs est appelé : Sam me prend la main et nous élance sur la glace pour nous présenter aux juges et au public.

Il y a des couples très doués, on voit qu'ils font ça depuis des années. Je me tends complètement, paniquée face au niveau des danseurs. J'ai le sentiment que je vais me ridiculiser. Trois couples sont déjà passés et l'angoisse ne fait que s'intensifier. Ma tête tourne et je tremble, frigorifiée. J'étouffe sous la pression, comme un poids qui appuie sur mes poumons, m'empêchant de prendre de grandes inspirations. Je déteste cette sensation de tourbillon infernal et incessant, là uniquement pour me rappeler qu'elle existe et me faire douter. Je referme ma veste et sort aussi vite que je peux de l'Arena pour prendre une bouffée d'air frais.

Je ne suis jamais sentie aussi peu à ma place. J'avais pour habitude de trouver mon réconfort sur la glace. Aujourd'hui, elle me fiche la trouille.

Assise sur un banc juste devant l'entrée, je respire enfin. Mes doigts pincent machinalement mes biceps, me reconnectant à la réalité. Je déteste douter mais aujourd'hui, c'est plus fort que tout. Six mois après mon accident, je suis de retour dans la compétition, ce qui est terrifiant. Je redoute de faire du tort à Sam, à sa discipline. Tout le monde croit en notre duo, sauf moi.

Je suis une imposture et tout le monde va s'en rendre compte. 

Mon regard est fixé sur les pavés jusqu'à ce qu'une ombre se dresse devant moi. Je reconnais tout de suite les patins noirs et les protège-lames orange fluo de Sam qui s'assied à côté de moi. Il saisit ma main et trace des cercles à l'aide de son pouce.

— Qu'est-ce qui se passe, Championne ? s'inquiète-t-il.

Ma jambe tressaute nerveusement. Je me repasse en boucle nos deux programmes de ces Régionales. Et si nous n'étions pas bons ?

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