𝐁𝐞𝐡𝐢𝐧𝐝 𝐌𝐲 𝐄𝐲𝐞𝐬

Chapitre I3 : Au nom de la paix

Certains souvenirs ne s'effaceront pas.

Sky

Mon cœur semble sortir de ma poitrine lorsqu'un souffle glacial vint brusquement emplir mes poumons. Les murs ont tremblé, j'ai senti le sol vibrer sous mes pieds.

Une fusillade vient de se déclencher à l'étage.

Ces sons ne me sont pas inconnus et c'est donc en courant que je dévale les escaliers menants au sous-sol. Thunder, les dents serrés et les yeux écarquillés me fit signe de le rejoindre derrière le bar d'acier sur lequel je m'étais accoudée quelques minutes auparavant.

Saturn est encore en haut et je m'inquiète réellement pour elle.

Même si elle possède d'énormes capacités de défense elle reste seule contre plusieurs personnes lourdement armées.

Je cours en direction du bar puis me cache derrière celui-ci, mon regard croise celui du jeune homme, au bord des larmes il chuchote, seul, comme coincé dans des pensées qu'il ne peut fuir.

Il fait une crise d'angoisse.

Non...S'il vous plait...Pas encore pas encore... Chuchotait 'il d'une voix étranglée par la peur tout en tenant du bout des doigts la croix d'argent autour de son cou.

Seul mon regard tente de lui faire comprendre que la situation est sous contrôle, même si l'affirmer serait un mensonge.

Je ne croise que ses yeux bruns remplis de terreur, un enfant ne devrait jamais vivre ce genre de chose.

Thunder...Ça vas aller, tout vas bien !

Je tente de me relever lentement pour attraper l'une des armes automatiques laissées précédemment sur le comptoir par Saturn. Mais c'est avec une force sans violence que Thunder m'attrapa le poignet, me forçant à me rassoir avec lui.

Reste avec moi, ne pars pas.

Il a difficilement articulé ces mots, la détresse dans ses yeux est telle que, lorsque je les croisent je ne vois que de l'inquiétude, ces deux pupilles habituellement joyeuses semblent avoir été plongées dans un océan de noirceur. Sa prise sur mon poignet et tremblante. Il a peur.

Et moi aussi, j'ai peur.

Je t'en supplie Sky, reste avec moi...

Une première déflagration, j'arrive à entendre ce qu'il me semble être Jordan et Marvin crier.

Ma gorge se serre lorsque mes yeux se repose une deuxième fois sur le jeune homme accroupit en face de moi. Il se bouche les oreilles sous la pluie de coup de feu qui suit.

J'ai l'impression que l'appartement entier va s'écrouler, mon cœur bat à tout allure dans ma poitrine et je sens mes jambes faiblir. Je tente de me mouvoir plusieurs fois mais les déflagrations me bloquent à terre. Et à force, celles-ci ne deviennent que des bruits sourds.

Sous les acouphènes et ma vision se troublant, mes yeux remontèrent lentement sur mon ami, les mains portées à ses oreilles et accroupit, ses yeux fermés ne laissaient échapper qu'un torrent de larmes. Il pense à sa sœur restée à l'étage.

Si nous n'agissons pas assez vite ils descendront bientôt pour nous chercher.

Après avoir vidé l'étage de toute trace de vie.

Alors c'est sans réfléchir et avec un élan de courage insoupçonné que je me lève, mes jambes manquent de céder sous mon angoisse mais je tiens bon.

Thunder tente de m'attraper mais c'est peine perdue, je suis déjà trop éloignée de lui.

Et armée.

J'espère sincèrement ne pas à devoir utiliser le fusil entre mes mains. J'entends mon ami m'appeler dans mon dos, sa voix est tiraillée par la peur et la fatigue.

Si mes premières années en tant qu'adulte se passent comme cela, je préfère être utile, faire de mes traumatismes une force.

Si je dois combattre Big Sister, ce sera au nom de la paix.

Mes yeux sont embués de larmes, je tente de discerner les escaliers, difficilement. Je ne fais que répéter les mêmes prières en boucles en cas ou chacun de mes pas seraient les derniers.

Mon souffle se coupe.

Je n'ai le temps de remarquer la porte de l'étage s'ouvrir qu'un corps immense manqua soudainement de me tomber dessus.

Dans un fracas assourdissant, un homme bâtit comme une armoire vient de chuter des escaliers. Son sang coulant abondamment le long des marches atteint bientôt mes chaussures.

Mon cœur rate un battement lorsque je relève mon attention en direction de la lumière provenant de l'étage.

Une silhouette noire, cauchemardesque, se tenant dans l'entrebâillement de la porte, entourée d'un halo de lumière.

L'ombre tient un revolver à la main.

Mon cœur se remet à battre la chamade. Mais malgré la forme menaçante de celle-ci, quelque chose de familier croisa mon regard.

Mon cœur bat à tout rompre, c'est elle.

Un œil gauche, blanchâtre et zébré d'une cicatrice.

Saturn vient pour nous sauver.

-

Le spectacle nous ayant face une fois remontés était le dernier coup de massue sur nos âmes à présent lavées de toutes innocences.

Le sol était teinté de rouge, la nuit était noire et l'appartement, silencieux.

Thunder avait hurlé, tentant inutilement de réanimer ce qui restait de son meilleur ami Jordan, celui qui lui avait tout inculqué.

Ma gorge était nouée, plus aucun son ne passait.

Mes amis ne sont plus de ce monde, et Thunder n'a plus parlé de la nuit, ne laissant que des sanglots incompréhensible.

L'un des agents avait le cou complètement tordu, fracturé. Je me demande encore avec quelle force Saturn avait pu les arrêter de la sorte.

Mon regard croisa ceux des cadavres, vides.

Je déglutis péniblement.

Je crains de m'être habituée à la vision de la mort.

Mon cœur avait arrêté sa course mais ma gorge elle, demeurait serrée.

Alors que Saturn patientait dans un coin de la pièce, son habituelle expression impassible plaquée à ses traits.

Magnolia, Marvin, Jordan tous étaient étalés comme de vulgaires dommages collatéraux

Mais contrairement à la perte des parents de la fratrie ou à la disparition de mon père, nous avions pus leurs dire au revoir, difficilement je fermai les paupières de nos défunts protecteurs d'un doigt tremblant.

Et silencieusement, chacun fit sa prière funéraire face à ceux qui nous ont tout inculqué.

Nous ne pouvons plus rester à Harlem davantage, le temps nous est compté à présent.

Après avoir réunis quelques affaires dans un silence mortuaire, nous revoila en cavale dans les rues aux odeurs d'essence et d'humidité.

Allons-nous quitter l'état ? Ou même rester à New York ?

Tant de questionnements ont traversés mon esprit, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit.

Big Sister, tu viens de donner des armes à des enfants.

Nous détruirons ton empire.