𝐁𝐞𝐡𝐢𝐧𝐝 𝐌𝐲 𝐄𝐲𝐞𝐬

Chapitre I8 : Cible

L'attente d'un fantôme peut paraitre très longue.

Sky

Le temps s'accélère, mon cœur s'alourdit.

365 jours.

8760 heures passées à essayer de te retrouver.

Je sais ce que Saturn pense à propos de cela, mais je n'arrive pas à l'admettre.

Dans les murs de notre ancienne maison je suis sûre que nos rires résonnent encore, que l'odeur des plats que tu me préparais plane encore dans les pièces. Je donnerais tout pour y retourner, ressentir la paix que cette époque me procurait.

Tu sais, depuis que tu es parti j'ai beaucoup grandi.

J'ai suivi tes traces, j'ai vingt ans aujourd'hui.

Marvin, Jordan et Magnolia ont été exécutés, nous avons perdu la seule famille qui nous restait.

C'était l'année passée, et pourtant, les visions de leurs corps étalés dans leur propre sang se répètent dans ma mémoire comme un mauvais film.

Dans ma chambre les feuilles sont étalées au sol, sur les écrans fixés aux murs, les onglets remplis de recherches inachevées trainent.

Des dizaines de câbles parcours le sol, les murs clairs sont teintés d'une froide obscurité, tantôt éclairée par les écrans. Cette pièce peut sembler oppressante mais elle représente le seul lieu où la mort ne me traque pas.

Dans la rue, je me retourne à chaque seconde, la sensation d'être suivie et observée est constante.

Mes mains tremblent, mes dents claquent.

Et même parmi la foule de New York je sens qu'elle me regarde.

J'ai travaillé dur, comme toi. Car je ressentais ta présence parmi les lignes de codes.

Je me réfugie dans la prière, je prie chaque jour pour ton retour.

Tu sais, j'ai d'abord pensé que tu reviendrais. Que tu t'étais perdu. Cela fait dix ans maintenant, et dans la nuit je te cherche encore.

J'espère seulement ne pas te retrouver dans la mort.

Tu me manque, papa.

-

La pluie continue de tomber, allongée sur mon lit les yeux clos, je suis encore engourdie par le sommeil.

Il est dix-sept heures, j'ai passé la journée dans mes pensées.

Ce manque de productivité ne me correspond pas.

J'ai froid sous ma couverture, habillée d'un pull et à tête découverte je ne m'attend pas à avoir de la visi-

SKYYYYYY ! SKY !?

La voix chantante rendue grave par la croissance de Thunder me parvient depuis le couloir menant à ma chambre.

NE RENTRE PAS TOUT DE SUITE !! Hurlais-je avant que le jeune homme entre dans la pièce.

Me levant en toute hâte, je manque de m'effondrer au sol lorsque des vertiges ainsi que des taches noires brouillent ma vision. Puis, ouvrant ma commode j'attrape le premier voile qui me passe sous la main avant de l'enfiler.

C'est bon tu peux rentrer. Soufflais-je avant de m'allonger sur mon lit, fixant le plafond, extenuée par ma seule activité physique de la journée.