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Evy

J'ai l'impression d'avoir rêvé les derniers jours avec Charles. Comme prévu, on s'est affiché partout ensemble. Je crois que je n'aurais jamais autant été présente sur les réseaux sociaux. Mon nom n'est pas mentionné, mais mon visage est bien visible. En privée, c'était plus calme. Je crois qu'on a développé une belle amitié. Oui, avec quelques bénéfices, mais entre adultes consentants, il n'y a pas de problème. Je le regarde terminer son sac et je suis reconnaissante de ce qu'il m'a fait vivre. Il me prend à l'observer.

-J'ai quelque chose sur le visage? rigole-t-il.

-Non, je me disais simplement que j'avais bien aimé le temps passé ensemble. Ma vie est tellement monotone que ta présence m'a fait du bien.

-Pareillement, ma belle. J'ai pu décrocher après les derniers mois merdiques que j'ai connu. Ajoute-t-il avec un sourire pétillant.

Je crois que les deux, nous avions besoin de ce moment. Il remonte la fermeture éclair de sa veste rouge et endosse son sac. Je sais qu'il doit quitter. Je me lève pour l'escorter jusqu'aux portes du campus, où sa voiture l'attend. Il ouvre la porte et me laisse prendre les devants en bon gentleman. Je marche et on dirait que je cherche mes mots. Je sais qu'on doit se quitter, mais je ne sais pas comment lui faire comprendre que j'aimerais qu'on reste en contact sans qu'il s'imagine que je suis accrochée à lui.

Ce n'est pas le cas...enfin, je crois.

On s'arrête devant la voiture. Son chauffeur ouvre le coffre arrière et Charles y dépose son sac.

-Tu es bien silencieuse, depuis qu'on est partis de ta résidence.

Je lève les yeux vers lui et essaie d'ajouter de la légèreté dans mes mots.

-Alors, tu crois que ton escapade aura suffi à convaincre les gens de notre couple?

Il s'approche doucement et m'attire près de lui. Je remarque que quelques passants sortent leur appareil pour immortaliser notre au revoir. Je m'étire sur la pointe des pieds et embrasse Charles. Doucement, sans aucune agressivité. Ses bras m'entourent et lorsque nos lèvres se quittent, il me glisse à l'oreille.

-Pour solidifier notre histoire, il faudrait que tu m'accompagnes lors d'un grand prix.

Surprise, je m'éloigne de son corps.

-Je n'ai pas ce genre de moyens, malheureusement.

Il flatte ma joue et me rassure qu'il couvrirait tous les frais.

-Tu pourrais même demander à une de tes amies de t'accompagner. Penses-y. Le prochain grand prix c'est au Brésil... Ou si tu préfères, dans trois semaines c'est au Mexique.

J'essaie de cacher mon enthousiasme et je hoche les épaules.

-Laisse-moi vérifier quelques trucs et je te reviendrais avec une réponse.

-Parfait! En attendant, essaie de ne pas traîner seule à la noirceur...

-Promis.

Il n'a toujours pas oublié la tentative des deux hommes, le soir de son arrivée. Dieu, ça n'a pas plus dégénéré, il a laissé tomber. Il m'enlace une dernière fois et entre dans la voiture. Il baisse sa fenêtre et m'envoie un baiser soufflé.

-À bientôt, Wifey.

J'attrape son baiser volant et lui en retourne un.

-Bonne semaine, Husband...

J'entends son rire pendant qu'il remonte la fenêtre. Je souris bêtement en regardant la voiture quitter le campus.

Une jeune femme s'approche de moi et me demande timidement si c'était bien Charles Leclerc. Je réponds oui de la tête et elle rejoint ses amies et elles sautent sur places en gloussant.

Seigneur! J'ai l'impression d'être à un spectacle de boys band...

-Il t'a invité au Brésil? Crie Audrey.

-Ou au Mexique...

La main contre sa bouche, elle est sous le choc. Je sais que mon prochain énoncé va l'achever.

-Il m'a dit que je pouvais venir accompagnée...

Ses yeux m'implorent d'accepter et de la choisir comme plus un.

-En revanche, je ne sais pas si c'est une bonne idée d'aller là-bas.

-Pourquoi? Je croyais que vous donniez une chance à votre couple.

Je regarde sérieusement mon amie et elle devine aussitôt la supercherie.

-Non, ne me dis pas que c'est du toc! s'étonne-t-elle.

-Théoriquement, je n'ai pas le droit de te le confirmer...

Je n'ai pas besoin d'en ajouter plus, elle comprend tout. Elle se lève et ouvre son frigidaire. Elle en sort deux bières et me la tend. Je la refuse aussitôt et elle s'indigne.

-Évelyne Cooper... Prends cette putain de bière. Tu ne peux pas m'annoncer que tu as passé la semaine à me mentir et refuser mon offre.

J'attrape la bouteille et je prends une gorgée. Elle se croise les jambes et me regarde satisfaite.

-Alors...en public, vous ne vous lâchiez pas, mais en privée c'était platonique?

Je m'attendais totalement à un commentaire du genre de sa part. Je me mords les joues et elle allume.

-OH la vache !!!

-Calme-toi. On s'est mis d'accord. Il ne peut rien avoir de plus entre nous.

-Alors, pourquoi vous n'annulez pas simplement le mariage?

-Ça apporterait trop de publicité négative à l'image publique de Charles. Il risquerait de perdre des commanditaires.

Audrey hoche la tête en accord avec mes propos. Elle prend une poignée de jujubes et m'en offre. Je fixe le plat avec envie, mais je me retiens. C'est tellement calorique. Je préfère passer mon tour. Je la remercie et me contente de ma bière. D'un coup, elle ouvre grand les yeux et bondit hors de sa chaise.

-Euh...Audrey... ça va?

-Si tu le fais pour sa carrière, il devrait le faire pour la tienne... Non?

Je n'avais pas vu ça sous cet angle, mais elle n'a pas tort.

-Après tout, il doit avec des contacts dans le milieu. Ça ne pourrait pas nuire d'en rencontrer quelque un.

C'est une excellente idée!

J'en discuterai avec Charles quand je vais lui reparler. Mon téléphone sonne et mon amie s'empresse de l'attraper avant moi.

-Oh! Parlant de ton époux...

Je me lance sur elle pour lui tirer l'appareil des mains.

Elle retombe sur son divan en riant.

-Eh toi, tu es dans la merde...

Je lui fais un doigt d'honneur et ouvre mon message.

-Charles : Salut, Wifey, tu ne m'es toujours pas revenu avec ta réponse pour le grand-prix.

-Moi : Oui, désolée. Je voulais voir avec Audrey pour ses disponibilités.

Je lève les yeux vers mon amie et je lui demande :

-Alors...Brésil ou Mexique?

Son sourire s'agrandit et elle se lance sur moi pour m'enlacer hystériquement.

Bienvenue à VegasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant