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Evy

Je fixe le plafond de ma chambre d'hôtel en ruminant. J'ai passé par toutes les gammes d'émotions dans la dernière heure. Ça m'a peiné d'apprendre ce qu'il pense réellement de moi, mais le pire coup de poignard ça reste l'appel de Charlotte. Je me doutais bien qu'ils se voyaient encore, mais en avoir la confirmation, ça fait mal. J'ai pleuré jusqu'à l'hôtel, mais sitôt rentré, c'est la colère qui s'est emparée de moi. J'ai marché les cent pas dans la chambre. J'ai même commencé ma valise, car soyons honnête, je fais rire de moi. Audrey choisit ce moment pour m'écrire.

-Audrey: Salut, ma belle, comment se passe ton voyage?

-Moi: MAL...je suis rentré à l'hôtel. Je termine mes bagages et je rentre à la maison.

-Audrey: Ah non! J'aurais aimé que ton week-end t'aide à tourner la page adéquatement.

-Moi: Moi aussi, crois-moi.

-Audrey: Essaie de trouver un point positif dans ta journée. Ne te laisse pas envahir par les mauvaises pensées.

Je rejoue la journée dans ma tête et m'arrête à l'offre de Zach. Ce n'est quand même pas rien!

-Moi: Monsieur le Cowboy m'a demandé de faire la première partie de ses spectacles dans les environs de Huston!

-Audrey: QUOI ?? J'espère que tu as accepté!

-Moi: Je lui ai dit qu'on en discuterait à mon retour.

-Audrey: Si tu laisses passer cette opportunité, je te tue. Il ne remplit peut-être pas des stades, mais il a de nombreux fans. C'est ta chance de te faire connaître.

-Moi: Oui, tu as raison.

Sans prendre le temps de trop réfléchir, j'envoie un message au numéro de Zach.

-Moi: désolé de te déranger à cette heure, mais je voulais juste te dire que j'accepte ton offre.

Il ne se passe même pas une seconde avant qu'il me relance.

-Zach: génial!!! Tu fais ma soirée. Profite de ton week-end, on se parle à ton retour.

La tête plus légère, je dépose mon téléphone en me tournant sur le ventre. Ma tête repose sur mes avant-bras et je regarde le polo Ferrari posé sur le dossier du canapé. Je ferme les yeux et revois Charles. Son sourire était si chaleureux aujourd'hui. Il faut croire qu'il a bien appris à jouer son jeu. J'en plains presque Charlotte de devoir endurer le fait que son copain s'affiche publiquement avec une autre femme. Je m'apprête à m'endormir lorsqu'on cogne à ma porte. Je sursaute et me lance vers la porte. Ça doit être Charles, qui d'autre sait que je suis ici. Mon cœur est plein d'anticipation jusqu'à ce que j'ouvre.

Ce n'est pas Charles!

-Pierre? dis-je en reculant de surprise.

-Génial, tu es encore ici...j'avais peur que tu sois partie. Avoue-t-il.

Je ne comprends toujours pas pourquoi il est là.

-Hum... Oui, je suis bien ici...

Tout d'un coup, j'allume. Il vient reprendre sa veste. Je m'écarte du cadrage et l'invite à entrer. Il me remercie pendant que je marche vers mon sac. Je sors le chandail et lui tends.

-Ah c'est vrai, tu avais ma veste...tu peux la garder! J'en ai plein d'autres au vestiaire.

Perplexe, je roule le morceau avant de le redéposer sur ma valise ouverte.

-Tu m'excuseras pour la question, mais si ce n'est pas pour ta veste que tu es ici, pourquoi l'es-tu?

-J'adore les gens directs! rigole-t-il.

J'échange un sourire avec lui et m'assois sur le lit. Il avance vers moi, dépose un sac en papier à mes pieds et s'installe sur le canapé.

-Charles est pris dans une réunion d'équipe, mais il m'a demandé de venir te donner ça!

J'aurais dû y penser!

Mon expression facile doit lui mettre la puce à l'oreille, car Pierre s'empresse d'ajouter:

-Je ne sais pas à ce qui s'est passé entre vous, cet après-midi, mais il m'a dit qu'il avait merdé.

-J'ai gaffé aussi! Je savais que je n'aurais pas dû venir.

-Écoute, votre histoire ne me regarde pas, mais je peux simplement te dire qu'il était vraiment heureux de ta venue.

-Il veut sauver les apparences, c'est tout. Dis-je un peu trop sur l'offensive.

Pierre se lève et s'approche vers moi. Je n'avais pas remarqué à quel point il est grand. Il se penche à ma hauteur et prend ma main.

-Evy, je connais Charles depuis qu'on est petit et je ne l'avais jamais vu toucher le fond comme ça. M'explique-t-il.

-Toucher le fond?

-Ce n'est pas ma place de te raconter les derniers mois, mais sache que depuis son retour d'Huston, il n'a fait que s'enfoncer dans un tourbillon de conneries.

Les paroles de Pierre m'ébranlent. Je n'imaginais pas que j'avais eu un impact dans sa vie. À part un mariage inattendu, bien sûr.

-Je te laisse là-dessus, mais stp, ne rentre pas chez toi avant de lui avoir reparlé.

Je hoche la tête toujours sous l'effet du coup de masse que je viens de recevoir. J'ai toujours cru qu'à la seconde qu'il avait quitté ma résidence, il avait retrouvé sa liberté. Pierre se redresse et avance le sac blanc vers moi. Il s'assure que je vais bien avant de quitter en me souhaitant une bonne soirée. Je reste assise sur mon lit pendant encore quelques minutes. J'hésite beaucoup à ouvrir le paquet qui se trouve dans le sac. Rien ne pourra racheter les derniers mois. J'ai été blessée à un point tel que j'ai recommencé à manquer de confiance en moi. Résultat, je calcule absolument chaque calorie dans mes assiettes. Je saute un repas sur deux et j'ai peur de me regarder nue dans le miroir. La dernière fois que j'ai osé embarquer sur la balance, j'avais perdu près de 5 kg. C'est loin d'être assez pour m'approcher des silhouettes parfaites qui vivent dans l'entourage de mon époux. Mes yeux s'embrouillent et je secoue la tête pour chasser les mauvaises pensées, comme j'ai promis à Audrey. Sans perdre une minute de plus, j'attrape le sac et défais l'emballage du paquet. Une enveloppe blanche capte mon attention. Je déchire le côté pour sortir la carte.

Reste stp,

Laisse-moi la chance de trouver les bons mots, cette fois!

Charles.

Le papier tremble dans mes mains et je relis la carte une dizaine de fois avant de me résoudre à ouvrir le paquet. Je sors l'écrin apm Monaco de l'emballage et je peux voir par la qualité de la boite que c'est fragile. Délicatement, je l'ouvre et j'y découvre un Bracelet jonc bold pavé en argent massif. Je me souviens d'avoir vu ce genre de bijoux au poignet de Charles. Il m'a déjà raconté que c'étaient ses favoris.

C'est beaucoup trop!

Je suis mal à l'aise juste à le regarder, je n'imagine pas le porter. Le téléphone de la chambre sonne et me tire de ma rêverie. Je me lance sur le dos pour atteindre le combiné.

-Oui?

-Madame Cooper?

-Oui, c'est moi.

-J'appelle de l'accueil pour vous avertir que votre chauffeur arrivera dans trente minutes.

-Mon chauffeur? Je n'ai pas demandé de voiture.

- Monsieur Leclerc a émis la réservation ce matin, dois-je l'annuler?

Je tourne la tête vers la carte posée sur le lit.

Reste stp!

-Non, c'est bon. Je serai prête! dis-je en soupirant.

Je ne peux pas partir sans lui offrir la chance de s'expliquer.

Je sens que je vais le regretter.

Bienvenue à VegasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant