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Charles

J'arrive dans le salon et Evy semble perdue dans ses pensées. Une petite larme coule sur sa joue. Je pose ma main sur son épaule et elle sursaute.

-Pardon, je ne voulais pas te faire peur. Tu pleures?

Son visage se détend et elle me sourit chaleureusement.

-Non, en fait pas vraiment. Cette vue me renverse, c'est tout. Dit-elle d'un ton rassurant.

Je la prends dans mes bras et embrasse son front.

-Maintenant, tu comprends comment je me sens face à toi, ma belle.

Elle me pousse en riant.

-Oui, c'est ça... Allez, dépêchons nous. Je n'ai pas envie d'arriver en retard pour rencontrer ta famille.

J'ai encore peine à y croire. Après les vagues des derniers mois, je vais la présenter officiellement à ma famille. Ils n'ont aucune idée de notre attente antérieure. Pour eux, c'est le grand amour depuis le tout début. J'attrape le sac à main d'Evy et la guide vers l'ascenseur. Si elle est nerveuse, elle le cache super bien. Sa tête repose au creux de mon épaule et elle fixe les lumières de l'ascenseur.

-Ça va? Tu es silencieuse.

-Oui, vraiment. Je suis bien, ici contre toi. Pour une des rares fois dans ma vie, je suis sereine.

-Content de l'apprendre. Idem pour moi.

Elle relève la tête et me vole un baiser rapide. Je replace la mèche de cheveux qui est tombée de sa peignure et hume son odeur enivrante. Mes doigts glissent le long de sa nuque et elle frissonne.

-Garde ton énergie pour plus tard, Leclerc.

-J'en ai toujours pour toi, tu le sais.

J'embrasse le dessus de sa tête en étouffant mon rire. La porte s'ouvre et on quitte l'immeuble en direction du club.

Ma mère est complètement pâmée devant Evy. Elles s'entendent à merveille et ça me donne chaud au cœur. Ma famille appréciait Charlotte, mais ils avaient quelques réticences. En revanche, avec Evy, ils semblent l'avoir adopté sur le coup. Je n'ai presque pas parlé du repas, je me suis contenté d'observer la femme de ma vie. Elle a parlé de ses spectacles à venir, de son album et de son amour pour moi. Cette partie à particulièrement plus à ma mère.

-Belle prise, Frérot. Me taquine Arthur.

-Merci, mon vieux.

-Je ne comprends pas ce qu'elle peut bien te trouver, tu es un abruti. Lâche-t-il en rigolant.

-Ne t'en fais pas. Il n'y a pas une journée que je ne me pose pas la question.

Il m'agrippe l'épaule en guise d'encouragement. Arthur et moi, on a toujours eu une connexion spéciale. Je ne sais pas si c'est la course automobile qui nous unit, mais je suis plus près de lui que de mon autre frère, Lorenzo. Arthur pilote en formule 2, alors il est dans le même domaine que moi. Lo, lui, a préféré se concentrer sur ses études. C'est bien parfait aussi. La course c'est un métier difficile et je suis heureux que quelqu'un reste près de notre mère pendant nos millions de voyages. Au départ, elle nous suivait, mais quand nos horaires ont commencé à diverger, elle a préféré rester à Monaco. Elle a refait sa vie avec un homme et passe ses journées à travailler dans son salon de coiffure. Elle est heureuse et ça me suffit. Le serveur nous apporte la carte des desserts et Evy s'empresse d'attraper le carton. Je l'ai rarement vu avec de l'appétit jusqu'au dessert. Ça m'enchante. Elle se penche vers moi pour me murmurer quelque chose à l'oreille.

-Tu voudrais partager un tiramisu. J'ai toujours voulu en gouter un vrai...

Comment dire non à ça!

-Tout ce que tu veux. Dis-je en redonnant la carte au serveur.

-Que vous êtes beaux...tous les deux. Lance ma mère.

-Ça vaut bien un toast, tout ça. S'écrit Lorenzo.

-Je lève mon verre à mon petit frère qui a enfin trouvé la femme qui saura le garder dans le droit chemin. Plaisante, Arthur.

Je lui tire la langue juste avant d'embrasser Evy sur la joue. Je porte mon verre à ma bouche et lorsque le vin coule dans ma gorge, j'entends une voix familière.

-Les Leclerc, ça fait un bail que je ne vous ai pas tout vu ensemble. Chante Charlotte.

Je serre la mâchoire, me préparant au pire. J'enveloppe Evy dans mes bras et lance un regard menaçant à Charlotte. Elle ne viendra pas gâcher ce moment. Les membres de ma famille la saluent poliment, mais détournent rapidement leur attention ailleurs.

-Evelyne...je suis heureuse de te revoir.

-Pareillement Charlotte...ment Evy en forçant un sourire.

Charlotte la détaille de la tête au pied en échappant un petit rire.

-Je vois que Charles fait encore appel à ma conseillère en mode... Lâche-t-elle en pointant la robe crème que j'ai offert à Evy.

-Du tout! Je l'ai trouvé seul. Quand on aime réellement la personne, on n'a pas besoin d'avoir des conseils pour lui offrir quelque chose.

Mon frère s'étouffe avec à une gorgée d'eau qu'il vient de prendre. Il se retient pour éclater de rire, par politesse. Evy me regarde tendrement, contente que je remette Charlotte à sa place. Mon ex-copine secoue la tête hautainement.

-J'aurais dû m'en douter...après tout, ma designer ne fait pas dans les tailles fortes. Ajoute-t-elle arrogamment.

Je bondis hors de ma chaise et je fixe Charlotte dans le blanc des yeux. Si c'était un homme, elle aurait mon poing sur la gueule à l'heure actuelle. Elle ne démord pas et continue à me dévisager. Ma mère vient auprès de moi et me pose la main dans le dos.

-Calme-toi, mon chéri. Charlotte, ma chère, je crois qu'il serait mieux que tu nous laisses.

Charlotte sourit sarcastiquement envers nous et rebrousse chemin. Ma mère me serre contre elle. Une chance qu'elle aie intervenue, car j'étais près d'exploser. Je baisse les yeux vers Evy et elle est figée sur place.

Merde!

Je reprends ma place près d'elle et l'invite à me regarder. Elle tourne la tête lentement, les yeux vitreux.

-Ne la laisse pas t'atteindre... Elle est juste jalouse de toi.

Elle hoche la tête sans rien ajouter. Je sais qu'elle rumine le tout à l'intérieur. Ma mère flatte le dos de ma femme en l'assurant qu'elle est magnifique. Evy se lève en la remerciant.

-Excusez-moi je dois emprunter la salle de bain. Je vous reviens.

J'agrippe sa main pour la retenir. Je me lève pour la serre dans mes bras.

-Aimes-tu mieux qu'on rentre à la maison?

-Non...ça va! Je t'assure. Souffle-t-elle dans mon oreille.

Elle s'éloigne de moi en lissant sa robe. Elle sourit vers la table et se retourne pour quitter vers les toilettes.

Je m'assois et je suis encore en colère. Je n'arrive pas à croire que Charlotte ait osé parler d'Evy de cette façon. Pourtant, elle a tout à lui envier, côté beauté. Certes, Charlotte a la taille d'un mannequin, mais ce n'est pas la vraie vie. Je détestais sentir ses os lors de nos étreintes.

-Ça ira, mon chou. Evelyne m'a l'air d'une femme forte. Dis ma mère en essayant de me rassurer.

Je hoche la tête pour ne pas l'inquiéter, mais je sais que ce n'est pas le cas. Même si elle ne m'en a pas parlé ouvertement, je sais qu'elle a de la difficulté avec son estime de soi.

Putain de Charlotte à la con!

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