Bienvenue à Vegas

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Charles

-Leclerc!

Pierre s'avance en brandissant le plateau de shooter devant moi.

-Non, merci! Je n'ai pas envie d'avoir la gueule de bois demain.

-Ah non, mais lâche-moi. On vient de vivre le premier grand-prix de Vegas. Amuse-toi.

Il me fixe en attendant que je change d'idée. J'échange un regard avec mon meilleur ami Thomas. Son air veut tout dire. Il veut que je me plie aux demandes de Pierre. Je soupire et prends deux verres. Je sais qu'il ne me laissera pas en prendre juste un. Mon ami lève son verre:

-À Vegas! Lance Thomas.

Je roule les yeux vers l'arrière et vide les deux contenants. L'alcool brûle ma gorge et je grimace. Depuis ma rupture avec Charlotte, je n'ai pas envie de rien faire. À l'exception évidente de piloter. J'aimerais dire que ma saison va de bon train, mais depuis Bahreïn c'est une vraie plaisanterie. La fiabilité du moteur est pourrie et si je réussis à terminer ma course, je ne termine jamais dans les trois premiers. J'ai beau avoir fini deuxième au classement, l'an passé. Cette année, je suis très loin du compte. Les putains de Redbull qui passent devant tout le monde. C'est incompréhensible qu'ils distinguent autant.

-Charles !!! Sors de ta tête... lâche prise. M'ordonne Pierre, en me prenant par les épaules.

-C'est toi qui m'as traîné jusqu'ici, alors prends-moi comme je suis, c'est compris!

OK, j'ai été un peu direct, je m'en rends compte et je m'excuse aussitôt. Ce n'est pas la faute de Pierre si ma vie est merdique. J'approche du plateau et ingère un autre verre. Finalement, c'est une bonne idée d'engourdir mes pensées, ne serait-ce que pour ce soir. Thomas m'attire vers la piste de danse pour me faire réaliser qu'il y a d'autres femmes que Charlotte. C'est vrai qu'il y en a plusieurs jolies.

-Lâche les brunettes, jusqu'à maintenant ça ne t'a pas réussi.

Je lui envoie un doigt d'honneur et ignore sa réplique. L'alcool commence à faire son chemin et mon humeur remonte la pente tranquillement. Mes amis se sont tous casés sur la piste de danse.

Foutaise, je déteste danser.

Je retourne m'installer au bar et me commande quelque chose d'un peu plus fort. Le barman me reconnaît et m'offre ma consommation. Je le remercie et signe un billet qu'il me tend. Après tout, une signature contre un verre, c'est un bon marché. J'ouvre ma page Instagram pour aller voir les publications récentes de Charlotte. Je fais bien attention de ne pas aimer une image. Je ne veux pas qu'elle sache que je l'épie. Sans grande surprise, elle continue ses voyages. Il y a beaucoup de photographies d'elle en bikini.

Putain qu'elle est belle. Elle me manque tellement.

Mon attention est retenue par un inconnu. Il apparaît sur plusieurs images. Ma mâchoire se crispe et je serre les poings. C'est évident qu'elle n'allait pas rester célibataire longtemps, mais j'aurais espéré qu'elle reste plus discrète sur les réseaux sociaux. Oui, ça fait trois mois qu'on est séparés, mais j'avais vraiment l'impression qu'elle était la bonne. Elle comprenait mon mode de vie prenant et elle m'accompagnait le plus possible. Elle m'a juré qu'elle m'aimait, mais elle n'était plus capable de gérer mon manque d'engagement. Je ne comprends pas ce qu'elle voulait de plus, on habitait ensemble. Je referme mon écran et dépose mon téléphone sur le bar de marbre. L'impact est si fort que ma vitre craque.

-Oh, je crois que tu devrais y aller plus délicatement.

Je me tourne vivement vers la femme qui me dit quoi faire.

-Euh...OK.

-Je comprends que j'ai le droit à petit rayon de soleil...

-Moi je comprends que j'ai devant moi une femme qui ne se mêle pas de ses putains d'affaires.

Elle éclate de rire et m'offre un verre.

-J'adore ton arrogance, c'est très divertissant.

Je hausse les épaules et baisse les yeux vers le contenant qu'elle me présente. Je le bois avec un sourire, elle nous en commande un autre et puis un autre.

-OH MERDE!

Un cri strident me réveille. Même avant d'ouvrir les yeux, la tête veut me fendre. Je m'étais promis d'être sage hier et pourtant je n'ai aucun souvenir. Ce n'est pas bon signe. La femme mène un bruit énorme dans la pièce. J'essaie de cacher ma tête sous le duvet, mais ce n'est pas assez pour camoufler son vacarme.

-Dis... Tu pourrais gérer ta crise en silence.

Un immense rire résonne dans la pièce. C'est encore plus agressant que son cri.

-Ma crise? Je crois que tu veux dire NOTRE crise.

Je redresse la tête rapidement et pousse le coussin hors de mon chemin. Je l'observe en attendant des explications.

Elle est bien foutue, tout de même, je ne serai pas surpris qu'elle soit modèle. Sa poitrine est bien gonflée et ma queue se durcit à la vue de son corps presque nu.

Thomas va être heureux, elle est blonde.

Elle persiste à me dévisager, comme si elle s'attendait à ce que je réalise quelque chose.

-C'est quoi ton putain de problème?

Elle saute sur le lit et tire la couverture. En un mouvement, elle trouve ma main gauche et la brandit dans les airs.

-C'est ça!

Je glousse devant elle, mais sitôt que mon attention s'arrête sur ma main, je me fige. Je la regarde et comme j'ouvre la bouche, je suis frappé d'une nausée pressante. Je m'excuse maladroitement et cours jusqu'à la salle de bain. Je vide mon estomac dans la cuve des toilettes et m'assois sur le plancher. Je passe la main sur mon front et je perçois l'éclat du bijou dans le miroir. Je baisse ma main pour mieux l'analyser.

Putain de merde...qu'est-ce qui s'est passé hier soir... Pourquoi j'ai une alliance au doigt.