ENTRE 4 MURS partie 2

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drrrrrrrrrriiiiiiiiiinnnnnnnnnnggggggggggg, 6 h 30, samedi 27 février, la lumière vient de s'allumer. Je n'ai pas envie de me lever, je n'avais pas envie de me réveiller. De sortir de ce rêve que je fais de plus en plus souvent.

Il fait merveilleusement beau, le ciel est bleu, le soleil brille. Je marche pieds nus dans l'herbe bien verte, et il y a ces mains qui se tendent vers moi, ce sourire....Je suis si bien.

Je mets une petite casserole d'eau sur le feu, pour le café de papa et je me fais chauffer mon lait. Papa enfile son armure comme il l'appelle. À sa ceinture, son long poignard accroché est le seul objet qui ne semble vraiment pas vieillir. Il brille toujours autant. Il va boire son café et partira pour ne rentrer qu'à 7 h ce soir.

Et comme chaque samedi, j'ai hâte d'être au dimanche. Le dimanche est le seul jour où je vois mon père rire, ou moi aussi je ris.

« - A ce soir ma puce, et ne t'inquiète pas si j'ai un peu de retard ! » Il m'embrasse et sort en prenant bien soin de refermer la porte derrière lui.

Les journées me paraissent de plus en plus longues, j'ai l'impression que l'aiguille du réveil met chaque jour plus de temps à parcourir le cadran. Papa ne le sait pas mais depuis un an, chaque jour, j'apprends la définition d'un mot que je ne connais pas, au hasard dans le dictionnaire. Souvent la description de choses que je n'ai jamais vues et ne verrai jamais et j'essaie de me les imaginer ; et dans mes rêves souvent, la nuit, elles apparaissent......

Aujourd'hui est différent, je ne me sens pas comme d'habitude, ce sentiment d'inquiétude que j'ai ressenti hier ne me quitte pas, il est différent, moins brutal, mais bien présent, douloureux. J'ai mal au ventre....Vivement ce soir que papa rentre. Il faut que je m'occupe. Je prends la copie n°1 dans notre bibliothèque.

« - Février, tu as de la chance, aujourd'hui je vais te raconter une histoire ! »

Je nous installe confortablement sur le lit. La journée, les wifis ne crient pas, il n'y a aucun bruit, et je commence la lecture ......


Le soleil brille, j'aime sentir sa chaleur sur mon corps. le ciel est bleu, l'herbe est si verte, comme c'est agréable de marcher pieds nus dans l'herbe. Et cette main qui se tend vers moi, cette voix qui appelle :

« - Lucie »


Je sursaute, je me suis assoupie au côté de mon nounours. J'ai faim. Il est 3 h de l'après-midi. Je vais faire cuire les deux pommes avec un peu de miel pour le dessert de ce soir et j'en profite pour lécher la cuiller. C'est souvent que j'ai faim la journée, et souvent je trempe le bout de mon doigt dans le pot....en attendant le repas du soir, en attendant le retour de papa.

Je passe un coup de chiffon dans tout mon royaume, il m'arrive de le passer deux fois, on ne sait jamais. Peut-être ai-je oublié un endroit ?

Je mets le couvert et ouvre le dictionnaire....

Il sera 7 heures dans 5 min, toujours ce sentiment bizarre en moi, je me passe un coup d'eau sur le visage, papa va arriver.

7 h, la douce odeur de pommes cuites a envahi la pièce, j'ai envie de les déguster. Papa va être content, il aime beaucoup ça les pommes cuites. 7 h 02, il va arriver, je vais entendre la clé dans la serrure. 7 h 05 il ne va pas être en retard comme hier, 2 soirs de suite ce n'est vraiment pas possible !!! 7 h 10 Je sens l'inquiétude me serrer à la gorge. Il faut que je me calme, il doit attendre que les wifis s'éloignent.

7 h 20 je tremble, tout mon corps tremble, j'ai l'impression que mes jambes vont céder. Je colle l'oreille à la porte. Pas un bruit, rien....

La lumière va s'éteindre dans 5 min, je n'en peux plus. Il faut que je me raisonne, papa a dû se cacher et il va attendre jusqu'à ce que tout danger soit écarté. Il faut que je me couche. Ce soir je ne mettrai pas les bouchons dans mes oreilles, je veux entendre la clé dans la porte. Je raye le 27 février sur le calendrier de 1960, je remonte le réveil et me couche en serrant Février fort contre moi, j'ai froid.

Je ne trouve pas le sommeil, j'écoute, mais je n'entends rien. Je n'entends vraiment rien. Pas un bruit, pas un hurlement. Cela fait 14 ans que toutes les nuits sont peuplées de terribles hurlements atténués par les bouchons et l'édredon mais cette nuit rien. Pas un bruit, ni hurlement, ni clé dans la serrure.


Le ciel est bleu, le soleil brille, je marche dans l'herbe humide, une main se tend, une voix

- "tu viens ma puce !»

- papa ! »


DRRRRIINNGGG Je me réveille en sursaut, la lumière s'allume. Je bondis hors de mon lit pour passer de l'autre côté du paravent.

- "Papa, je ne ... »


Personne, papa n'est pas rentré !!!!



ENTRE 4 MURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant