ENTRE 4 MURS

ENTRE 4 MURS Partie 15

- « Bonjour docteur,Commandant Saux, avez-vous pu parler à la petite ?

- Non, pour l'instant elle n'a pas dit un mot. Il faut y aller doucement. Pour elle nous sommes en 1960, et sûrement que nous sommes l'ennemi. Il faut d'abord gagner sa confiance si on veut qu'elle nous parle.

- Est-ce que je peux essayer, après tout c'est moi qui l'ait découverte hier et elle m'a dit qu'elle s'appelait « ma puce ». Peut-être qu'elle me dira quelque chose, je vous promets d'y aller doucement.

- Ok mais 5 min. »

Toc toc, la porte s'ouvre, je le reconnais, c'est lui qui m'a donné de l'eau.

- « Bonjour ma puce, tu me reconnais ? C'est moi Marc. (il s'avance vers moi, il sourit). Je suis venu voir si tu vas bien. Je suis policier, les policiers sont là pour aider les gens. Et moi, je suis là pour t'aider. Je peux m'asseoir ? (il prend la chaise et s'installe près de la fenêtre). Comme il fait beau dehors ! Tu as vu les jolie fleurs là-bas ?(silence )... Tu ne dois pas avoir peur. Je m'appelle Marc Saux et toi tu t'appelles Ma Puce. Ma Puce comment ? »

Quelle drôle de question, je m'appelle ma puce, papa m'a toujours appelé ma puce. A son regard, je vois bien qu'il remarque que je ne comprends pas. Il poursuit :

- « C'est ton nounours, il s'appelle comment ?

- Février

- Quel joli prénom, et ton papa c'est quoi son prénom ?

- Papa.

- Regarde ce que je t'ai amené, (je reconnais la photo qui était sur la bibliothèque), tu peux me dire qui est sur la photo ?

- Papa et le sourire dans mes rêves

- Sourire dans tes rêves ? La dame ? Tu vois son sourire dans tes rêves ?

- Oui

- Et qu'est-ce que tu vois d'autres dans tes rêves ?

- Le sol...

Les hurlements, j'entends les hurlements, les wifis arrivent. Je plonge sous le lit. Je tremble de tout mon être.

- « N' aies pas peur ma puce, ce sont des sirènes ?

- Non ce sont les monstres, les Wifis !

- Tu crois que je resterais aussi calme, près de toi s'il y avait des monstres. Et puis n'oublie pas, je suis là pour te protéger. Ce que tu entends, c'est la sirène de l'ambulance, c'est une ambulance qui t'a amenée ici.

- Pas de monstres ?

- Pas de monstres, ça n'existe pas les monstres

- Mais si, les nuits, les bouchons....

La sirène s'est stoppé, nous restons là sans bouger quelques minutes. Puis :

- « Tu ne vas pas rester sous le lit, si ? Fais-moi confiance (il me tend la main,

timidement, j'attrape le bout de ses doigts et me laisse entraîner hors de ma cachette).

- Dis-moi comment je peux t'aider.

- Tu peux retrouver papa

- Je vais essayer, mais pour ça, il faut que tu me racontes tout.

- Tout quoi ?

- Toute ta vie, tout ce dont tu te rappelles.

Et je commence à lui raconter, l'apprentissage de la lecture, le réveil, le calendrier, la boîte, les conserves, les départs et retours de papa tous les matins et tous les soirs, les hurlements toutes les nuits. D'aussi loin que je me rappelle, je lui raconte. En fait tous les jours les mêmes, les valses du dimanche, et le non-retour de papa. Je lui dis tout et lorsque enfin je m'arrête, je vois une larme couler sur sa joue....

- « Tu sais, il faut que tu me croies, je sais que ce n'est pas facile. Ton papa avait sûrement ses raisons de faire ce qu'il a fait, mais le monde n'a pas disparu, les monstres n'existent pas et surtout, nous ne sommes pas en 1960. Je n'étais même pas né en 1960.

Je ne peux pas le croire, ce n'est pas possible et pourtant, le monde existe toujours, il est devant moi. Je ne sais plus que croire.

- « Prends ton temps, je sais que ce doit être difficile à réaliser. Par contre, je voudrais que tu te concentres, tout à l'heure, tu m'as parlé d'un rêve. Tu veux bien me le décrire dans le détail, c'est peut-être important, ça va peut-être m'aider à retrouver ton papa.

- Toujours, je vois le sourire de la dame de la photo, il fait chaud, je marche dans l'herbe, elle me tend les bras et elle appelle.

- Elle t'appelle ?

- Non, elle appelle Lucie. Tu crois que tu vas retrouver papa ?

Je vais tout faire pour.