ENTRE 4 MURS partie 21

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- « La caméra est minuscule et très perfectionnée. Les bouchons d'oreilles, le micro et le système d'enregistrements trouvés ont été confectionnés artisanalement. Le mec qui les a fabriqués est un pro dans son domaine, malheureusement chaque élément qui a servi à les fabriquer est vendu dans tous les magasins spécialisés. On ne peut absolument rien en tirer. »

Marc attrape la liste des entreprises qui ont une activité de nuit, celle des épiceries ouvertes aux heures correspondant au retour et départ du père.

- « Didier note toutes les épiceries sur la carte dans un rayon de 10 km autour de la maison, moi je me charge des entreprises, on élargira le cercle au fur et à mesure.

- Tu crois que ça va donner quelque chose ?

- Pour l'instant on n'a rien. A Limoges personne ne se rappelle de la famille. Ils étaient locataires et depuis il y en a eu beaucoup d'autres, des propriétaires aussi et pour tout arranger, Clara Lefebvre était une enfant de la DASS.

- Et la petite, elle va comment ?

- Je lui ai ramené son ours, elle dormait toujours. Il va falloir qu'elle soit très forte psychologiquement pour s'en sortir. Le monde qui l'entoure est tellement loin de sa réalité.

- Regarde !! (Didier vient de marquer une épicerie près d'une entreprise fabricant des composants électroniques, elle est en direction de la maison)

- On finit de toutes les marquer et on fait le point ensuite. »


Trois entreprises et trois épiceries semblent correspondre aux critères recherchés. Marc ne baisse pas les bras, mais commence à se demander s'ils ne font pas fausse route. Mais dans quelle autre direction orienter les recherches ?


- « On se retrouve dans 3 heures, nous irons faire le tour des entreprises et épiceries ce soir et s'il le faut nous y retournerons demain à 6 h. A tout à l'heure Didier, je retourne voir la petite. »


Sur le chemin de l'hôpital, Marc s'arrête faire 3 courses, il sent au fond de lui que la petite peut encore lui apprendre quelque chose, mais quoi ? Il aimerait tellement l'aider davantage, lui apporter des réponses. Elle est si seule. Il est perdu dans ses pensées, et ne se rend pas compte qu'il est arrivé.....toc-toc....il sursaute. C'est le docteur, il se trouve à côté de la voiture.

- « Eh bien Commandant, un problème ?

- Excusez-moi, j'étais ailleurs. Comment va la petite ?

- Elle s'est réveillée il y a 10 min et a demandé à vous voir, j'ai appelé votre bureau. C'est là qu'on m'a dit que vous deviez être arrivés...

- Elle vous a dit quelque chose ?

- Rien , à part Marc, elle ne dit rien.

- Je vais la voir, n'oubliez pas, si elle dit quoi que ce soit vous m'appelez. »

Marc se dirige vers la chambre, une poche sous le bras. Il frappe, personne ne répond. Il ouvre la porte.


Je me trouve là, debout, près de la fenêtre, le regard vers l'extérieur, Nounours dans mes bras.

- « Bonjour ma puce, tu as demandé à me voir ? (je ne bouge pas, ne réponds pas)

- Je suis content de voir que tu vas mieux.

- Tu vas me le prendre ?

- De quoi parles-tu ?

- Février, tu vas me le prendre, c'est ce que tu as...

- Mais non, regarde-moi. Pendant que tu dormais, j'ai enlevé la caméra de son œil, je n'ai plus besoin de te le prendre.

Un sentiment de soulagement m'envahit, j'étais tellement paniquée à l'idée qu'il me le prenne. Je regarde Février, ses yeux, dire que papa me voyait à travers ses yeux.

- « Mais, il ne pourra plus me voir alors ?

- De qui parles-tu ?

- Papa, il ne pourra plus me voir, il va être triste. Il faut remettre la caméra !

- Non ma puce, papa ne pouvait déjà plus te voir. Il aurait fallu qu'il rentre dans votre maison pour voir les enregistrements et il n'est pas rentré.

- Peut-être que si, peut-être qu'il me cherche.

- Non personne n'est rentré chez toi, je fais surveiller la maison et personne n'y est entré.

- Qu'est-ce que je vais devenir ? (mes yeux se portent vers l'extérieur, je regarde le carré d'herbe verte qui se trouve sous ma fenêtre)

- Pour l'instant, tu restes à l'hôpital, le temps de reprendre des forces, de te nourrir correctement. Au fait, regarde ce que je t'ai amené. (Il me tend une poche). Tiens ! Prends !

Il attrape quelque chose, appuie sur un bouton et une musique envahit la chambre. C'est un IPOD, tu peux écouter plein de musique avec, je te montre comment ça fonctionne. C'est magique, autant de musique, de chanson dans une si petite boîte, je crois que c'est la première fois que je souris depuis bien longtemps. J'attrape la poche qu'il me tend toujours. Dedans, des fraises au sucre et un livre. Un beau et gros livre.

- « Pour moi ?

- oui, c'est un livre qui regroupe plein de photos du monde entier, des photos actuelles . Tu verras que tu n'es pas seules, que le monde est beau.... »

Mon regard se tourne à nouveau vers la fenêtre et Marc semble deviner mes pensées.

- « Viens, suis-moi !

- Je ne peux pas...

- Si, ne t'inquiète pas, on va juste là dans l'herbe, pas plus loin. Allez, donne-moi la main. »

L'envie est plus forte que la peur et je sais maintenant qu'avec Marc je ne risque rien.

Nous voilà, traversant un long couloir clair, croisant des infirmières qui semblent à peine nous remarquer. Une porte, une porte donnant vers l'extérieur, ouvrant sur l'inconnu. Je ne peux pas, mon corps tout entier se raidit. C'est comme si mon corps se vidait de son sang, j'ai froid...Marc sent que ça ne va pas, il me regarde et :

- « Si tu n'y vas pas maintenant, tu n'iras jamais ! »

Il me soulève du sol et sans que j'ai eu le temps de réagir, je me retrouve assise dans l'herbe, l'herbe si verte. Je ferme les yeux, c'est comme dans mon rêve, les doux rayons du soleil caressent ma peau, quelle agréable sensation. Marc ne dit rien.

J'aimerais que ce moment dure toujours. J'ôte mes chaussons, me relève, comme c'est bon. Je fais quelques pas, ferme à nouveau mes yeux et là, je la vois qui me tend les bras :

- « Lucie !

- « maman !»

Elle est là, comme sur la photo, je sais que c'est elle MAMAN.


Je suis LUCIE.





ENTRE 4 MURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant