ENTRE 4 MURS Partie 31

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      - « Maman ! Maman ! Pourquoi cries-tu ? Je ne comprends pas. Maman...

       - Sauve là, vite ! Sauve la petite »

Je ne comprends pas, je suis attachée, je ne peux pas bouger. Maman est devant moi mais je ne la vois pas. Il fait froid, j'ai peur...

      - "Maman !"

Des mains se tendent, me détachent, j'ai froid, j'ai très froid.

      - "Maman, où es-tu ?"

J'ai si froid, maman n'est plus là ! J'ai peur, je suis dans des bras mais j'ai froid, j'ai terriblement froid....

      - "Lucie ! Lucie, réveille-toi ! Je t'ai apporté ton petit déjeuner, regarde, ce matin tu es gâtée, il y a des croissants. Tu n'as pas l'air bien, mais tu es en nage ! »

C'est l'infirmière, Véro, elle me parle toujours avec beaucoup de douceur mais je n'arrive pas à lui parler. Dans ma tête les mots se bousculent, j'ai toujours ce sentiment de peur, cette impression de froid. Le seul avec qui je parle c'est Marc, les autres je n'y arrive pas, j'aimerais mais je ne peux pas. Pourtant ils sont tous gentils avec moi, l'infirmière, le docteur (même si je n'aime pas vraiment ce qu'il me dit, je sais au fond de moi qu'il a raison), la dame qui vient faire le ménage aussi, elle est rigolote, elle danse avec son balai et elle parle à Février. Et moi je reste là, prisonnière de ma chambre, prisonnière de moi-même. Le docteur dit qu'il me faudra du temps, mais du temps pour quoi faire, pour aller où. Je n'ai personne...

      -" Tu as fait un cauchemar ? Ne t'inquiète pas tout va bien."

Tout va bien, tout va bien, mais c'est quoi aller bien ! Est-ce que je vais bien ? Je n'en sais rien, j'ai l'impression que rien ne va. Tout était si simple avant, et maintenant ?   Et demain ? Je reste persuadée que papa ne m'aurait pas abandonnée, il a du lui arriver quelque chose ! Il n'a pas pu me laisser, c'est pas possible !

      - « Tu veux en parler ? Tu veux me raconter ton cauchemar ? »

Je ne peux pas, je n'y arrive pas. J'ouvre la bouche mais rien ne sort. Pourquoi est-ci si difficile. L'impression d'être prisonnière dans ma tête. Et puis quoi lui dire, je ne comprends rien à ce cauchemar, à part maman qui crie et moi qui ai froid.

      - « Mange tes croissants, tu es gâtée, d'habitude il n'y en a qu'un. Tu as vu, je t'ai amené un petit cadeau »Sur la table, à côté du plateau, se dresse un petit paquet rectangulaire.

Je regarde Véro, l'air interrogatif.

      - « Ouvre, c'est pour toi ! » elle l' attrape et me le tend.

      - « Ne sois pas timide !»

 J'ouvre le paquet, à l'intérieur, une petite bouteille avec des couleurs et écrit dessus « eau jeune ».J'essaie d'ouvrir le bouchon pour verser dans mon verre mais il ne s'ouvre pas.

      - "C'est un vaporisateur de parfum, regarde, je te montre. Donne moi ton poignet ! »

Je ne bouge pas, je ne veux pas.

      - N'aie pas peur ! Il faut faire comme ça (elle tends son poignet devant elle et avec la bouteille : pschitt) Sens ! Tu peux t'en mettre dans le cou, sur tes vêtements, fais attention à tes yeux, il vaut mieux éviter le visage. Elle met son poignet sous mon nez.Quelle agréable odeur, je n'ai jamais rien senti de pareil. L'odeur a envahie toute la pièce. Je me sens apaisée tout d'un coup. Le monde est vraiment merveilleux !

      - « Il faut que je te laisse, je repasserai plus tard. Je dois aller voir les autres patients. »

Les autres, il y a d'autres personnes comme moi. D'autre personne qui sont enfermées dans leur chambre. Alors je ne suis pas seule !- Tu entends Février, je ne suis pas seule, il y en a d'autres comme moi ! Il faut que Marc retrouve leurs papas.Je m'installe à la table et je dévore mes croissants.

Véro a raison, je suis gâtée.

ENTRE 4 MURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant