ENTRE 4 MURS Partie 45

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Il est 22 h, tout semble calme. L'infirmière a fait sa ronde. J'ai peur, je sais que je ne dois pas me faire prendre, je n'aurai pas une seconde chance. J'entrouvre la porte, le couloir est sombre, juste éclairé de petites lueurs le balisant.

Je sais que je dois suivre la ligne jaune et surtout ne faire aucun bruit. Toujours la même angoisse au fond de moi, je me concentre sur ce que j'ai à faire. 28, 30, 32. Je retiens mon souffle, pourvu qu'elle soit endormie. Je pousse lentement la porte, il fait vraiment très sombre mais je distingue la poignée du placard. Sur le lit une masse sous la couverture reste immobile. Je l'entends respirer. J'ouvre le placard et saisis les vêtements qui sont pendus sans pouvoir vraiment les distinguer, les cintres s'entrechoquent, je ferme les yeux...ouf le bruit ne l'a pas réveillé. Je tâtonne partout à l'intérieur, il y a un sac, puis des chaussures. Soudain, je l'entends, elle vient de se retourner. Je n'ose plus bouger....Le temps semble s'arrêter....J'attends...Mes tempes battent au rythme de mon cœur mais aucun autre bruit, aucun cri, elle dort toujours.

Délicatement, je referme le placard et suis le fil jaune me ramenant à ma chambre.

A peine je referme la porte de ma chambre que je sens mes jambes se dérober sous moi. J'ai eu si peur, je sens cette angoisse qui m'envahit toute entière. Je ne pensais pas que ce serait si difficile. Il se passe une bonne heure avant que je me ressaisisse,

avant que j'arrive à nouveau à penser à ce que je devais faire. J'enfile la tenue que je viens de voler, un survêtement noir avec des bandes roses. Il y a aussi une veste et un t-shirt que je glisse dans la grande poche du sac avec la serviette de toilette que l'hôpital m'a donnée puis j'y rajoute tout ce qui m'appartient : un livre, un flacon de parfum, mon pyjama, mes pantoufles, ma jolie robe et les journaux. Dans la poche plus petite j'assois Février en laissant dépasser sa tête pour qu'il puisse voir.

    - « Voilà Février, nous sommes prêts ! »

Sans attendre davantage, sans attendre que la peur ne m'arrête, je me dirige vers la sortie de secours, porte qui ne s'ouvre que de l'intérieur. La main tremblante je tire la porte, je sais que je fonce droit vers l'inconnu, je me mets à courir, courir, je ne vois même pas ce qui m'entoure, je cours le plus loin possible, personne ne doit me rattraper....

Je ne sais pas quelle heure il est, il fait nuit, je suis sur un pont, j'ai du mal à reprendre mon souffle. Au-dessous coule une rivière, les lumières de la ville se reflètent dans l'eau. Je ne peux apprécier ce spectacle qui s'offre à moi, j'ai peur, beaucoup trop peur, je suis perdue. Je ne peux pas rester ici, il faut que je trouve un endroit moins exposer à la circulation. Non pas qu'il y ait du monde à cette heure si, mais il faut que je me cache. Je suis en danger et ne sais pas lequel, je dois me méfier de tout et de tout le monde. Je me remets en marche, finis de traverser le pont et prends la première route à gauche qui longe le cours d'eau. Il y a des arbres tout le long. Il me semble qu'il me protège de la lumière de la rue. Je suis fatiguée, il faudrait que je me repose avant que la ville ne s' éveille. Devant moi j'aperçois un parc dans lequel il y a des bancs. Je vais m'y allonger un peu en attendant que le jour se lève. Je ne sais vraiment pas ce qui m'attend mais je suis trop fatiguée pour prendre les bonnes décisions. Je pose ma tête sur le sac tout contre février et m'endors.

ENTRE 4 MURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant